L'exultation de l'esprit de Marie selon les Pères de l'Église (Lc 1, 47)

Luc 1, 47 - Mon esprit exulte... : le commentaire des Pères de l'Eglise

"Mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur"

Selon saint Basile : 

Le premier fruit de l'Esprit c'est la paix et la joie. La Vierge qui avait reçu l'Esprit saint dans toute sa plénitude, ajoute avec raison : « Et mon esprit est ravi. » L'âme et l'esprit sont ici une même chose.

L'Écriture emploie ordinairement le mot de ravissement, de transport, pour exprimer dans les personnes qui en sont dignes, un état de l'âme remplie de joie et d'allégresse. La Vierge est donc ravie dans le Seigneur par un tressaillement ineffable de son coeur, et par le transport d'une affection pure. « En Dieu mon Sauveur. »

Selon saint Bède :

L'esprit de la Vierge se réjouit de l'éternelle divinité de ce même Jésus (c'est-à-dire Sauveur) dont la chair est engendrée par une conception temporelle.

Selon saint Ambroise : 

L'âme de Marie glorifie donc le Seigneur, et son esprit est ravi en Dieu son Sauveur, parce que toute dévouée par son âme et son esprit au Père et au Fils, elle honore d'un culte d'amour le Dieu unique, auteur de tout ce qui existe. Ayez donc tous l'âme de Marie pour glorifier le Seigneur, ayez tous son esprit pour être ravis de joie en Dieu votre Sauveur.

Si selon la chair, il n'y a qu'une mère du Christ, selon la foi, Jésus est le fruit de tous les coeurs. Toute âme en effet conçoit le Verbe de Dieu, à la condition qu'elle soit pure, exempte de tout vice et qu'elle conserve sa chasteté sous la garde d'une pudeur inviolable.

Selon Théophyle : 

Celui-là glorifie Dieu, qui marche dignement à la suite de Jésus-Christ, qui porte le nom de chrétien sans laisser amoindrir en lui la dignité du Christ qu'il relève au contraire par des actions grandes et vraiment célestes ; l'esprit, ou ce qui est la même chose, l'onction spirituelle est comme ravie de joie, c'est-à-dire qu'elle s'accroît de jour en jour et n'est point exposée à s'affaiblir ou à s'éteindre.

Selon saint Basile :

Si parfois je ne sais quelle lumière venant à pénétrer votre âme vous donne une connaissance subite de Dieu, et vous éclaire si pleinement qu'elle vous porte à aimer Dieu et à mépriser toutes les choses de la terre ; que cette image si obscure encore et cette impression si rapide vous aident à comprendre l'état des justes qui trouvent en Dieu une joie toujours égale, toujours persévérante.

Selon Origène :

L'âme doit commencer par glorifier le Seigneur, avant d'être ravie en lui ; car la foi en Dieu est une condition nécessaire de ces divins transports.

(Extraits de "La chaîne d'or". Explication suivie des quatre composée des interprètes grecs et latins et surtout des ss. Pères, traduction par l'abbé J.-M. Peronne, 1868)

St Thomas d'Aquin