Le Magnificat (liturgie et musique)


 

Le cantique du Magnificat de la Vierge Marie a été intégré par l’Église au cœur de  la liturgie des Heures. Psalmodié chaque jour, à la fin de l’office des Vêpres,  il a d’abord été composé en grégorien, puis de nombreux compositeurs l’ont mis en musique, débordant ainsi le cadre liturgique et créant un genre musical autonome. Nous vous proposons quelques exemples de ce développement du Magnificat au fil du temps,  qui donnent un aperçu de l’évolution du Magnificat dans la musique sacrée.

 

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Le Magnificat et la liturgie

Comme le dit Mgr Le Gall, le Magnificat

« Constitue un parfait condensé de la spiritualité psalmique des « Pauvres de Yahvé », ceux qui, conscients de leurs limites, laissent Dieu opérer des merveilles en eux et avec eux. L’humble servante de Dieu sait aussi qu’elle est la Mère de son Fils. Comme toute la liturgie est l’acte de la communauté chrétienne qui se laisse « agir » par son Dieu, on comprend que le Magnificat ait une place privilégiée dans la liturgie des Heures : il est, chaque jour, le cœur de l’office de Vêpres ; on le chante debout, après s’être signé, pendant que le célébrant encense l’autel, quand il y a lieu de le faire. Le Magnificat est  chanté debout, après s’être signé, pendant que le célébrant encense l’autel, quand il y a lieu de le faire. »[1]

NB: Pour écouter ces illustrations sonores, cliquez sur  au fil du texte.

Le Magnificat  a d’abord été chanté en style grégorien, dans ce cadre liturgique et dans différents tons : les moines de Fontgombault nous  donnent une version du Magnificat dans le 1er ton ().

Le Magnificat à la Renaissance

Le style du  Magnificat va se développer et témoigner d’une évolution musicale qui va dans le sens d’une amplification, grâce à la polyphonie,  notamment grâce aux compositeurs de l’école franco-flamande. C’est ainsi que Guillaume Dufay (1397-1474) composera  plusieurs  Magnificat (), dans différents tons.

Un siècle plus tard, Roland de Lassus (1532-1594), « Prince des musiciens » de la Contre- Réforme,  composera une centaine de Magnificat,  séquences mariales composées en hommage à la Vierge Marie, composées sur des chansons ou des madrigaux profanes. L’exemple du Magnificat à six voix intitulé  "Praeter rerum seriem"(« au-delà de l’ordre naturel ») témoigne de la richesse de son esthétique ().

À la même époque, en Italie, Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1590) compose trente cinq  Magnificat. Nous vous proposons d’entendre  l’un de ces Magnificat, écrit dans le premier ton et à huit voix ().

Le Magnificat à l’époque baroque

Au XVIIès, toujours en Italie, Claudio Monteverdi (1567-1643) compose, dans ses Vêpres de la Vierge (1610), deux Magnificat, l’un pour six voix (), de  style traditionnel, et l’autre à sept voix avec six instruments, qui témoigne de l’évolution de l’esthétique de l’époque vers le style baroque.

En France, le Magnificat pour trois voix « sur une basse obligée » H.73 de Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704), pur chef-d’œuvre, a été composé en forme de chaconne (). Le compositeur italien Antonio Vivaldi (1678-1741) a, lui aussi, réalisé plusieurs versions de la version du Magnificat composée en sol mineur. La version la plus fameuse  () a été écrite  pour solistes vocaux, chœur à quatre voix, hautbois et orchestre à cordes.

Le Magnificat à  l’époque classique

Le Magnificat en ré majeur BWV 243 de Jean-Sébastien Bach (1685-1750) est l'une de ses œuvres vocales majeures, composé pour la fête de la Visitation de la Vierge Marie entre 1728 et 1731 (). Il est considéré comme l’un des plus beaux Magnificat de la période dite classique.

Le Magnificat à l’époque romantique

Anton Bruckner (1824-1896) nous a laissé un Magnificat pour chœur mixte et solistes, orchestre et orgue, qu’il a composé en 1852 () .Cette œuvre a été composée  pour les Vêpres de la fête de l'Assomption de Marie.

Sergueï Rachmaninov (1873-1943) a également inséré un Magnificat dans les vêpres qu’il a écrites a cappella pour chœur mixte en 1915. Ces Vêpres constituent l’une des très rares compositions religieuses de ce compositeur ().

Le Magnificat à l’époque contemporaine

Le compositeur  estonien  Arvo Pärt (né en 1935) nous a laissé un très inspiré et épuré Magnificat, composé en 1989, qui est l’une des œuvres les plus populaires de ce compositeur ().

Enfin, nous terminerons ce panorama musical par le Magnificat du compositeur polonais Krzysztof Eugeniusz Penderecki (1933-2020) daté de 1973, qui a été écrit  pour basse solo, ensemble vocal, 2 chœurs mixtes, voix d'enfants et orchestre ().

 

[1] Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur le Magnificat, dans l’Encyclopédie mariale

-sur le Magnificat dans la Tradition de l'Église, dans l’Encyclopédie mariale

-sur la Visitation, dans l’Encyclopédie mariale

 

 

Isabelle Rolland