Les deux effusions de l'Esprit

Plusieurs effusions de l'Esprit

Le Nouveau Testament raconte plusieurs évènements distincts qui décrivent plusieurs effusions de l'Esprit Saint, et non pas une seule :

Dans la tradition de saint Jean :

Jn 19, 30 : Au calvaire, "Jésus dit: "C'est achevé" et, inclinant la tête, il remit l'esprit." Au temps des , "remettre l'esprit" ne signifie pas mourir : il s'agit du don de l'Esprit.

Jn 20, 22-23 : Le soir de Pâques, "Ayant dit cela, Jésus souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus."

(Jn 20, 17 : Jésus "monte vers le Père" : exaltation de Jésus le jour de Pâque).

Dans la tradition de saint Luc :

Lc 24, 50 : Le texte donne l’impression d’une ascension ou d’une exaltation de Jésus le jour de Pâque.

Ac 1-2 : L’Ascension le 40° jour et la Pentecôte le 50° jour.

Y aurait-il une contradiction ?

L'évangile de Jean racontant le don de l'Esprit le soir du dimanche de Pâque tandis que le livre des Actes fait attendre 50 jours.

Il n'y aurait de contradiction que si le don de l’esprit en Jn 20,22 poussait les apôtres à prêcher tout de suite. Or il n’en est rien : ils restent huit jours à Jérusalem (Jn 20, 16), puis ils vont en Galilée où ils reprennent leur métier de pécheur (Jn 21, 1-3).


Ainsi :

« Luc comme Jean distinguent donc deux interventions divines :

  • la première est destinée à persuader les apôtres que Jésus est vivant et miséricordieux. Pour Jean, le don de l’Esprit est le signe de la glorification de Jésus (cf. Jn 7, 39).

  • la seconde, pour les appeler à remplir leur mission. Le livre des Actes réserve l’effusion de l’Esprit au moment de la prédication apostolique, l’Esprit étant la force divine qui rend cette prédication efficace. » [1]

En tout cas, la tradition qui place le don de l’Esprit le soir de Pâques nous aide à comprendre pourquoi l’ancienne Église ne célébrait pas seulement le jour de la fête de la Pentecôte, comme dans le Judaïsme, mais toute la cinquantaine (7 semaines), comme un temps de réjouissance.


[1] M. Delcor, article « Pentecôte », dans Dictionnaire de la Bible, supplément, Paris 1966, col 873-874


Synthèse F. Breynaert