Léa, figure de Marie (Gn 29, 35)

Comblées après l'enfantement, Marie et Léa

Léa, la première épouse du patriarche Jacob, après avoir enfanté Juda, son quatrième enfant, cessa d’enfanter (Gn 29,35).

Philon d’Alexandrie († 54) commente pourquoi, et il se peut qu’il se réfère à une tradition orale antérieure. La raison est la suivante :

Juda signifie « confesser ou louer Dieu », « il est l’esprit qui bénit Dieu, sans cesse attentif à élever en son honneur des chants de remerciement » [1], il est « le fruit parfait » [2].

Chanter des hymnes au Père de toutes choses est le fruit le meilleur et le plus accompli qui soit jamais sorti du sein d’une femme enceinte. C’est pourquoi Léa n’engendre plus, ayant atteint la limite de la perfection.[3]

Lorsqu’advient l’événement de la conception de Jésus, ce texte biblique et la tradition exprimée par Philon, devient une prophétie de ce qui est advenu pour Marie.

La virginité de Marie après la naissance de Jésus ne s’explique pas par le fait que le rapport sexuel aurait quelque chose d’impur comme un principe de contamination : dans le dessein originel du Créateur tout est lumineux ! La raison profonde est dans la personne de Jésus. Etre devenu mère et père d’un tel Fils signifie avoir expérimenté dans une pleine mesure et d’une manière qui ne peut se répéter, l’union avec Dieu. Marie, après avoir accueilli en son sein le Fils de Dieu, ne pouvait désirer un « plus », un « mieux », un « encore », un « ensuite » dans d’autres enfants.


[1] PHILON D’ALEXANDRIE, De plantatione, 135 ; [2] De somniis I,37 ; [3] De plantatione, 135


A. SERRA

En italien : Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento, Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 23-25 (https://www.edizionimessaggero.it/) ;

En français : F. BREYNAERT, A l'écoute de Marie, Tome I, Brive 2007, p.218.