La terre est une figure de Marie selon Théophane de Nicée (XIVe s.)

La terre est une figure de Marie (Théophane de Nicée)

§ 3 Dieu n'a pas seulement produit de rien toutes les choses en vue de la simple existence, mais aussi en vue de l'existence bienheureuse: parce que ceci appartient à la plus haute bonté. [...] La créature est donc modelée deux fois : elle reçoit la simple existence au début des siècles, et l'existence bienheureuse dans leur accomplissement. [...]

La terre est une figure de Marie

§ 4 Le verbe Créateur, dans la première création, en voulant modeler le premier Adam, prit la poussière de la terre [...] et il forma son corps de sa main créatrice et avec sa puissance, sans que la concupiscence et les désirs charnels ne précèdent sa formation, par contre la terre offrit la matière pour la formation d'Adam, la forme et l'âme rationnelle étant donnée par le Verbe Créateur lui-même ; il en est aussi ainsi dans la seconde création, celle qui apporte aux êtres l'existence bienheureuse, et tu pourrais y apercevoir quelque chose de semblable.

Le Verbe créateur ne remodèle pas en Adam tout d'abord, [...] mais il renouvelle notre nature en lui-même, en lui-même le Verbe porte notre nature à la perfection et lui donne l'existence bienheureuse. Et Dieu même, - oh prodige inouï ! - devient un autre Adam, il est lui-même créateur et créature; et c'est ainsi qu'il procède cette seconde création, et qu'il apporte l'existence heureuse à toute l'ancienne création, déjà devenue toute une nouvelle créature dans le Christ (cf. Gal 6, 15).

Donc le nouvel Adam à la fois créature et créateur de soi même, a tout d'abord porté à l'existence, selon un plan prévu avant les siècles, la Vierge comme une espèce de terre, et avec sa main créatrice, qui est l'Esprit Saint, il a assumé d'elle sa chair comme la poussière, et il est apparu dans notre forme, sans qu'aucune concupiscence ni volupté charnelle n'ait d'aucune façon précédée sa conception et formation.

Tu vois donc que le mode de création du premier Adam était le type et l'ombre du mode de création du second Adam. [...]

Mais considère la différence qui existe entre la réalité et son ombre. Le premier Adam est devenu une cause de malédictions pour la terre qui l'avait porté: - il est écrit : « Maudite soit la terre dans tes fatigues » ( Gn 3, 17) ; par contre le nouvel Adam a fait de celle qui l'a engendré une bénédiction, car il est dit : « Bénie es-tu entre les femmes » (Lc 1, 28. 42). Et non seulement cela, mais il l'a constituée source et dispensatrice de bénédiction pour tous les autres.

[Au § 6, l'auteur explique que la terre promise est aussi une figure de Marie.]


Théophane de Nicée, Discours sur la Mère de Dieu.

In G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio. 1. Autori orientali,

Città nuova Roma 2008, p. 427-428.

Extraits F. Breynaert.