La promesse de Dieu à Sion

Ce jour-là, on dira à Jérusalem

Jérusalem

«Ce jour-là, on dira à Jérusalem: Sois sans crainte, Sion ! que tes mains ne défaillent pas! Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur !»

(Sophonie 3,15-17)

Jérusalem, dans le sein de ses murailles comme à l’intérieur de ses entrailles, contenait la présence de Dieu, appelée Shekinah, c’est à dire habitation, demeure.

Le Cantique des cantiques dit aussi :

«Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l'a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son cœur

(Cantique 3, 11)

Le targum interprète en disant que le roi Salomon représente Dieu, le véritable roi de la paix. Sa mère est la maison d’Israël. La couronne, c’est le temple de Jérusalem offert à Dieu, le jour des noces et de la joie, le jour de la dédicace du temple. [1]

Autrement dit, Jérusalem-Israël est mère de Dieu à cause du temple, demeure de Dieu, en son sein.

Après la fin de l’exil, le Seigneur rassemble de nouveau ses fils sur la terre promise, et non seulement eux, mais aussi les autres nations se rassembleront, comme un seul peuple, pour adorer Dieu, le Seigneur de tous (Is 56, 6-7 ; 66, 18-21 ; Tb 14, 5-7), ils se rassemblent dans le temple, dans Jérusalem. Citons par exemple :

« Mais moi je viendrai rassembler toutes les nations et toutes les langues, et elles viendront voir ma gloire. »

(Isaïe 66, 18)

Marie

Marie est mère de Dieu, elle porte en son sein « le fils du Très Haut » :

«Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut.»

(Luc 1, 31-32)

Marie est mère des hommes, en elle se rassemblent tous les hommes, c’est l’évangéliste saint Jean qui développe le plus ce thème : le Christ qui meurt pour rassembler les fils de Dieu dispersés (Jn 10, 16 ; 11, 51-52). Il répare la dispersion que Satan avait causé (Jn 10, 12 ; 16, 32). Il les rassemble dans un nouveau temple, c’est lui, parce qu’il est la présence même de Dieu, le Père et le fils sont Un, ils sont l’unité parfaite (Jn 10, 30). Il rassemble dans le nouveau temple (lui-même), dans la nouvelle Jérusalem (sa mère, Marie, et l’Eglise).

A la Jérusalem ancienne, le prophète disait : « voici tes fils rassemblés ensemble » (Is 60, 4 dans la version grecque de la Septante).

Maintenant Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26), ce fils est le disciple bien-aimé, c’est l’humanité dispersée et rassemblée et unifiée par la mort de Jésus.

Le passage de la maternité de Jérusalem à la maternité de Marie fut lucidement par saint Ambroise de Milan († 397) lorsqu’il commente Cantique 3, 11 :

« Bienheureuse mère Jérusalem, bienheureux sein de Marie, qui a couronné le Seigneur. Elle l’a couronné quand elle l’a formé, elle l’a couronné quand elle l’a enfanté… par le fait qu’elle l’ait conçu et enfanté pour le salut de tous, elle pose sur sa tête une couronne, pour que par la foi des croyants, le Christ devienne le chef de tout homme. »

De institutione Virginis et sanctae Mariae virginitate perpetua 16, 98

Ceci nous fait entrevoir en Marie l’image de Jérusalem, mère du temple et mère de tous ceux qui s’y rassemblent.

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[1] NERI I. Il cantico dei cantici. Antica interpretazione ebraica, Città Nuova, Roma 1976, p. 85-86 et 122-123.

A. SERRA

Italien : Cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento, Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 221-229 (https://www.edizionimessaggero.it/).

Français : Cf. F . BREYNAERT, A l’écoute de Marie, éditions du Ver luisant, Tome II, Brive 2007 (diff. Mediapaul), p.69-77