La signification de l'icône : la sacramentalité de l'icône

La signification de l'icône : la sacramentalité de l'icône

Le Père Daniel Rousseau, spécialiste de l'icône, écrit : "L'iconographie chrétienne, et par-dessus tout la possibilité de représenter le Christ, trouve son fondement dans le fait de l'Incarnation. De même que le théologien s'exprime au moyen de la pensée, de même l'iconographe exprime par son art la Vérité vivante, la Révélation que l'Église possède dans sa Tradition.

L'art sacré des icônes ne peut être une création arbitraire des artistes

En conséquence, l'art sacré des icônes ne peut être une création arbitraire des artistes. Mieux que toute autre image sacrée, l'icône du Christ dite «de la Face, non faite de main d'homme » exprime le principe dogmatique de l'iconographie (il s'agit de l'icône miraculeuse de la Face du XIIe siècle, aussi connue sous le nom de "Acheiropoietos"). C'est pourquoi le 7e Concile de l'Eglise (787) lui donne une attention toute spéciale. Et pour commémorer le triomphe définitif des saintes images, c'est cette icône du Christ qui est vénérée le jour de l'Orthodoxie" (in "L'Icône, Splendeur de Ton Visage", Desclée de Brouwer, Paris, 1982, pp. 232-233.)

En fait, la querelle iconoclaste a dévoilé une crise de portée incroyable : la question des images est fondamentale car elle est étroitement liée à l'essence même du christianisme, à l'Incarnation... En prenant connaissance du culte des icônes et de sa longue histoire, on comprendra que l'icône est plus qu'une oeuvre d'art : elle est l'image de l'invisible, et même présence de l'Invisible ; c'est-à-dire qu'elle témoigne de la foi en l'Incarnation de Jésus le Fils de Dieu....

Lorsque nous ne pouvons pas prier, nous pouvons toujours regarder les icônes qui sont si intimement liées avec l'expérience de l'amour

Tandis que Saint-Benoît, qui a donné le ton de la spiritualité occidentale, nous appelle tout d'abord à écouter, les Pères byzantins nous invitent à regarder. Dans son livre "Behold the Beauty of the Lord, praying with icons", le Père Henri Nouwen dit : "De même que nous sommes responsables de ce que nous mangeons, de même nous sommes responsables aussi de ce que nous regardons. Il n'est pas difficile de devenir victime des nombreuses stimulations visuelles qui nous entourent. Pourtant, nous pouvons faire des choix. Lorsque nous ne pouvons pas prier, nous pouvons toujours jeter un regard sur les icônes qui sont si intimement liées avec l'expérience de l'amour". En regardant (contemplant) une icône de la Mère de Dieu, nous nous mettons dans sa présence, et par Elle et avec Elle dans la présence de son Fils qui est Source de grâce unique qui console, sauve, protège, libère et transforme.

Une présence de l'indicible qui jaillit de la matière

Terminons avec ce que dit le Père Egon Sendler S.J. :"Le trait essentiel de l'icône : une présence de l'indicible qui jaillit de la matière" (in L'Icône, Image de l'invisible, 1981, p. 59).

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Bibliographie :

DONADEO Maria, Icônes de la Mère de Dieu, Paris, 1987

NOUWEN Henri, Behold the Beauty of the Lord, 1991

ROUSSEAU Daniel, L'Icône, Splendeur de Ton Visage, Paris, 1982

SENDLER Egon S.J., L'Icône, Image de l'invisible, Paris, 1981

SENDLER Egon S.J., Les icônes byzantines de la Mère de Dieu, Paris, 1992

Lire aussi le chapitre : Le culte des images (Doctrine)