Jérusalem : église Sainte-Marie la Neuve


 

La fameuse église Sainte-Marie la Neuve de Jérusalem, appelée également Néa, bâtie au VIès et détruite au XIès, a été récemment découverte lors de fouilles archéologiques menées par l’archéologue Nahman Avigad pour l'Université hébraïque de Jérusalem. 

 

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L’église Sainte-Marie la Neuve, attestée par les textes anciens

Saint Sabas, désireux de magnifier la Vierge Marie après la proclamation de la Maternité divine de Marie au concile d’Éphèse (431), fit bâtir une église en Son honneur, dans sa Grande Laure, qui fut consacrée par le Patriarche Élie 1er en 501.Ce dernier, porté par le désir de construire une basilique en l’honneur de la Vierge Marie, en débuta les travaux sans doute au début du VIès, mais saint Élie fut déposé par l'empereur byzantin Anastase Ier en 513 à cause de sa position en faveur des décrets du concile de Chalcédoine, et envoyé en exil, où il mourut en 518. Les travaux furent donc suspendus. En 531, à la demande du Patriarche Pierre de Jérusalem, l'empereur Justinien accepta d’achever les travaux de la ‘Néa’ (Sainte-Marie la Neuve) commencés par saint Élie. L'historien Procope de Césarée (VIès)[1] et l’hagiographe byzantin Cyrille de Scythopolis (VIès) sont tous deux unanimes sur la beauté de cette église, dont la construction demanda 12 années à cause de l’emplacement de l’église et de la complexité des travaux. Cyrille de Scythopolis dit même que

« l’édifice défiait tous les anciens monuments, tout ce que l’Antiquité grecque avait jamais pu accomplir ou décrire »[2],

et saint Grégoire de Tours (544-595) [3] affirme que des reliques de la Sainte Vierge, qui s’y trouvaient, opéraient de nombreux miracles.

De nombreuses célébrations liturgiques

De nombreuses célébrations liturgiques s'y déroulaient chaque année. Le Calendrier de Jérusalem du VIIè au IXè siècle énumère le mercredi de la Pentecôte, le 26 juin, le 3 août, le 12 septembre et le 15 novembre[4]. Le calendrier géorgien du IXè siècle fixe au 16 novembre la fête de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple. Donato Baldi, OFM, pense que ce fut sans doute en se fondant sur cette donnée que l'on a cru que cette église s'élevait sur l'emplacement du Temple.

L’historien Eutychius rapporte que l’église neuve fut détruite par les Perses en 614, relevée par les soins de st Modeste - on pense que saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, y prêcha devant le peuple fidèle le jour de Noël 634. Elle fut définitivement détruite par le calife égyptien Hakem en 1009[5].

Les fouilles archéologiques

Lors des fouilles de 1939, effectuées sous la mosquée el-Aqsa, des archéologues espéraient trouver l'emplacement de l'église -Marie la Neuve, mais les recherches ont démontré l'absence de tout vestige de construction byzantine[6].

Ce fut dans les années 60 que les vestiges de l'église Nea furent finalement mis au jour, grâce à l’archéologue Nahman Avigad pour l'université hébraïque de Jérusalem. L’emplacement se situe dans le Quartier juif, là où le suggérait la fameuse carte de Madaba, mosaïque du VIès de l’'église Saint-Georges de Madaba offrant une représentation topographique de Jérusalem. La taille de cet édifice était de 115 m sur 57 m, était divisé par quatre rangées de colonnes et le sol revêtu de marbre. Un grand réservoir souterrain y a aussi été découvert, sur un mur duquel se trouvait une inscription dédicatoire écrite en grec: 

« C'est là l'ouvrage que notre très pieux empereur Flavius Justinien a fait réaliser avec munificence, sous les auspices du très saint Constantin, prêtre et Hegumen, en [l'an] 13 de l'indiction[7] » (Sans doute en l'an 549-550).

 


[1] Procope, De œdificiis, 1. V, c. VI. LA BASILIQUE SAINTE-MARIE LA NEUVE

[2] Cité par Leopold Dressaire, « La basilique Sainte-Marie la Neuve à Jérusalem », In : Revue des études byzantines, Année 1912, t. 93. pp. 146-153

[3] Grégoire de Tours, De gloria martyrum, PL, 71, 715.

[4] Donato Baldi, OFM. , « I santuari mariani di Terra Santa », In : Liber Annuus III, 229.

[5] Leopold Dressaire, op.cit.

[6] R.-W. Hamilton, The structural history of the Aqsa mosque. Jérusalem 1949.

[7] Voir les archives du Ministère des Affaires étrangères d'Israël, en ligne.

 

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Pour en savoir plus

 

Sur l’histoire de Sainte-Marie la Neuve, en ligne 

 

Françoise Breynaert et équipe de MDN