Henri VIII, Elisabeth I, et l’anglicanisme (du XVI° siècle jusqu’à nos jours)

Henri VIII, Elisabeth I, et l’anglicanisme (du XVI° siècle jusqu’à nos jours)

A l'origine de l'Eglise anglicane : le divorce et le remariage du roi Henri VIII.

Le roi d'Angleterre, Henri VIII, jusque-là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d'Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d'annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame alors « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre », le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, invalide son premier mariage, et le roi peut épouser sa favorite.

En 1534 Henri VIII rompt toute relation diplomatique avec la papauté.

Après le règne d'Henri VIII, le roi Édouard VI (1547-1553), se rapproche du calvinisme ; puis la reine Marie Tudor (1553-1558) restaure le catholicisme et persécute les protestants, jusqu'au règne d'Élisabeth I (1558-1603) qui met un terme à ces dissensions et ouvre la voie à l'anglicanisme[1].

L'anglicanisme : des Eglises unies entre elles et dirigées chacune par un évêque.

En toute rigueur, on ne saurait parler de l'« Église anglicane » puisque les différentes églises se reconnaissant dans cette confession sont autocéphales. La plupart sont rassemblées dans la Communion anglicane, au sein de laquelle l'Église d'Angleterre et son primat, l'archevêque de Canterbury, ne jouissent que d'une primauté d'honneur.

Une Eglise de la Réforme protestante, qui, par le biais des Pères de l'Eglise, se rapproche néanmoins des catholiques et des orthodoxes.

Richard HOOKER et Lancelot ANDREWERS, qui considéraient les pères de l'Eglise comme les véritables Pères de leur Eglise anglicane, ont voulu les rendre accessibles aux fidèles.

Richard HOOKER (1554-1600) est un professeur dont l'œuvre principale est « The laws of ecclesiastical polity ». Or cette œuvre théologique est animée d'un grand élan mystique. Hooker nous y explique que la prière allume dans l'âme le désir de contempler Dieu. La première justification, extrinsèque, est parfaite ; mais elle ne signifie pas une qualité intérieure de l'homme. La justice par laquelle nous sommes sanctifiés est imparfaite, mais inhérente à l'homme. Il y a une grâce intérieure qui transforme l'homme. La « saisie réciproque » entre le Christ et le fidèle signifie une communion entre Dieu et l'homme, au sens objectif du terme (fondée sur le baptême) mais aussi en un sens très personnel, le Christ béatifie d'une manière certaine la vie du fidèle.

La vie mystique de cet auteur n'est pas très éloignée de celle de Calvin ou de celle des catholiques. Et d'une manière générale, pour Hooker, les chrétiens doivent se préoccuper avant tout de ce qui les unit plutôt que de ce qui les divise[2].

L'anglicanisme jusqu'à nos jours...

  • Au XVII° siècle, Les puritains demandent une réforme en faveur du protestantisme alors que les anglicans veulent quant à eux un rapprochement avec le catholicisme.

  • Du XVII° au XIX° siècle, l'activité missionnaire développa les Eglises anglicanes dans toutes les anciennes colonies britanniques.

  • J. H. NEWMAN (1801 - 1890) est une figure qui a marqué les esprits : prêtre anglican et professeur, sa méditation approfondie des pères de l'Eglise le conduit à passer au catholicisme.

  • A la fin du XX° siècle, les relations œcuméniques des anglicans avec les catholiques et les orthodoxes ont cependant subi grave préjudice à la suite de l'introduction de l'ordination des femmes par l'Église d'Angleterre en 1993 puis de l'élection d'un évêque homosexuel à la tête du diocèse épiscopalien du New Hampshire en 2003.

  • Le 2 février 2004, Anglicans et catholiques offrirent cependant à leurs Eglises un document commun : ARCIC, « Marie : grâce et espérance dans le Christ ».


[1] Jean-Paul Moreau, L'anglicanisme : ses origines, ses conflits : du schisme d'Henri VIII à la bataille de la Boyne, L'Harmattan, Paris, Budapest, Kinshasa, 2006

[2] H. JAEGER, « Mystique protestante et anglicane », dans Aa Vv, La mystique et les mystiques, DDB, Paris 1965, p. 292- 297

F. Breynaert