La Réforme et son contexte marial

La Réforme et son contexte marial

Pour évoquer le contexte de la réforme et ses motivations, nous vous offrons la synthèse commune d'une commission anglican-catholique, beau signe de compréhension mutuelle et de réconciliation.

[Du Moyen Age à la Réforme ]

42. Les théologiens du Haut Moyen Âge ont développé la réflexion patristique sur Marie comme « type » de l'Église et aussi comme la Nouvelle Ève dans une ligne qui l'associait toujours davantage au Christ dans l'oeuvre ininterrompue de la rédemption. Le centre de l'attention des croyants s'est déplacé de Marie représentant l'Église fidèle, et de ce fait également l'humanité rachetée, vers Marie dispensatrice des grâces du Christ auprès des fidèles.

Les théologiens scolastiques d'Occident ont développé un corpus de doctrine de plus en plus élaboré sur Marie considérée pour elle-même. [...]

43. Dans la dernière partie du Moyen Âge, la théologie scolastique s'est développée de façon de plus en plus séparée de la spiritualité. De moins en moins enracinés dans l'exégèse scripturaire, les théologiens se fondèrent sur la probabilité logique pour établir leurs positions et les nominalistes spéculèrent sur ce que pouvaient réaliser dans l'absolu le pouvoir et la volonté de Dieu.

La spiritualité, qui ne se trouvait plus en tension créative avec la théologie, accentua l'affectivité et l'expérience personnelle. Dans la religion populaire, on en vint largement à considérer Marie comme un intermédiaire entre Dieu et l'humanité, et aussi comme opérant des miracles avec des pouvoirs frôlant le pouvoir divin.

Au fil du temps, cette piété populaire a influencé les opinions théologiques de ceux qui avaient grandi avec elle et qui ont, par la suite, élaboré une justification théologique pour la dévotion mariale foisonnante du Moyen Âge finissant.

44. Une des impulsions puissantes qui tendaient vers la Réforme dans les débuts du seizième siècle fut une réaction largement répandue contre les pratiques dévotionnelles qui approchaient Marie comme une médiatrice à côté du Christ, voire quelquefois à sa place. Ce genre de dévotions exagérées, en partie inspirées par des présentations du Christ en Juge inaccessible tout autant qu'en Rédempteur, furent vivement critiquées par Érasme et Thomas More et résolument rejetées par les Réformateurs.

En même temps qu'une re-réception radicale de l'Écriture comme la pierre de touche fondamentale de la révélation divine, il y eut chez les Réformateurs une re-réception de la foi que Jésus Christ est le seul médiateur entre Dieu et l'humanité. Cela entraîna un rejet des abus réels et supposés qui entouraient la dévotion à Marie et dont on se rendait compte. Cela conduisit également à la perte de certains aspects positifs de dévotion et à la diminution de sa place dans la vie de l'Église.

[De la Réforme à l'œcuménisme actuel]

77. Nous avons passé en revue la progression de la dévotion à Marie durant les siècles du Moyen Âge et les controverses théologiques s'y rapportant. Nous avons vu comment certains excès dans la dévotion de la fin du Moyen Âge et les réactions des Réformateurs contre eux ont contribué à briser la communion entre nous, à la suite de quoi les attitudes envers Marie ont emprunté des voies divergentes (paragraphes 41-46).

78. Comme résultat de notre étude, la Commission présente les accord suivants, que nous croyons être une avancée significative de notre consensus concernant Marie. Nous affirmons ensemble [...] que Marie exerce un ministère ininterrompu qui est au service du ministère du Christ, notre unique médiateur, que Marie et les saints prient pour toute l'Église et que l'usage de demander à Marie et aux saints de prier pour nous n'est pas un facteur de division de la communion (paragraphes 64-75).


Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC),

« Marie : grâce et espérance dans le Christ », 2 février 2004, 42-44. 77.78

Extraits par F. Breynaert.