Marie et le plan de Dieu (Montfort)

Marie : Marie : disposition purement gratuite de Dieu, et mystérieuse nécessité (Montfort)

Saint Louis-Marie de Montfort dit, c'est bien connu, que "Dieu a voulu que nous ayons tout par Marie" (VD 23-25). Ce qui est moins connu, c'est qu'il ne le dit pas par "mariolâtrie", mais il le dit comme un théologien de classe,

qui, d'une part, sait qui est Marie, et, en un sens, dit-il, elle n'est "rien du tout",

et qui, d'autre part, sait qui est Dieu : un Dieu fidèle en sa conduite.

« J'avoue, avec toute l'Église, que Marie n'étant qu'une pure créature sortie des mains du Très?Haut, comparée à sa Majesté infinie, est moindre qu'un atome, ou plutôt n'est rien du tout, puisqu'il est seul "Celui qui est", et que, par conséquent, ce grand Seigneur, toujours indépendant et suffisant à lui?même, n'a pas eu ni n'a pas encore absolument besoin de la Très Vierge pour l'accomplissement de ses volontés et pour la manifestation de sa gloire. Il n'a qu'à vouloir pour tout faire.

Je dis cependant que, les choses supposées comme elles sont, Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la Très Vierge depuis qu'il l'a formée, il est à croire qu'il ne changera point de conduite dans les siècles des siècles, car il est Dieu, et ne change point en ses sentiments ni en sa conduite.»

(Saint Louis-Marie de Montfort, Traité de la Vraie Dévotion 14-15)

Comme les Pères et les Docteurs de l'Eglise, Louis-Marie affirme en même temps l'absolue liberté de Dieu, sa transcendance par rapport à toutes ses oeuvres, et en même temps sa fidélité, cette fidélité à l'Alliance qui donne à toute l'économie du salut sa consistance et sa cohérence.

Saint Louis-Marie contemple cette mystérieuse "nécessité" qui caractérise toute l'économie de la création et du salut:

« La Très Vierge étant nécessaire à Dieu, d'une nécessité qu'on appelle hypothétique, en conséquence de sa volonté, elle est bien plus nécessaire aux hommes pour arriver à leur dernière fin. »

(Saint Louis-Marie de Montfort, Traité de la Vraie Dévotion 39)

On reconnaît ici le "théologien de classe" dont parlait Jean-Paul II, capable d'utiliser une terminologie théologique précise et rigoureuse « nécessité hypothétique ».

On peut noter l'harmonie profonde entre ce texte de Louis-Marie et ce qu'enseigne le Concile Vatican II :

« Toute influence salutaire de la part de la Bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu: elle ne naît pas d'une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s'appuie sur sa médiation dont elle dépend en tout. »

(

tx_ifglossaire_list%5Bglossaire%5D=618&tx_ifglossaire_list%5Baction%5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Le concile Vatican II a commencé le 11 octobre 1962 avec le pape Jean XXII..." class="definition_texte">Vatican II, Lumen gentium 60)


Père Lethel,

Extraits de : [Lien perdu]

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