La Présentation de Marie au Temple est fêtée le 21 novembre dans la liturgie romaine. Elle n’a été définitivement inscrite au calendrier liturgique qu’au XVIès. Le nom de cette fête est devenu, après Vatican II, « Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie ».
L’écrivain et homme de guerre Philippe de Mézières, grand dévot de la Vierge Marie, composa, à la fin du XIVès, un jeu liturgique nommé Legenda Presentationis Beatae Mariae.[1] : il revenait de Chypre, où la fête orientale de la Présentation au Temple l’avait conquis. Cette pièce fut représentée, avec l’accord de son ami, le pape Grégoire IX, avant la messe, dans l’église des Cordeliers Avignon. Pour implanter cette fête en Occident, Ph. de Mézières traduira, du grec au latin, l’office orthodoxe de la Présentation au Temple.
Cette fête fut ensuite étendue à toute l’Église par Sixte IV (en 1472).
Au XVè et au XVIès, on chantait pour l’occasion occasion une Prose latine intitulée Ave Maria, Benedico Te, Amen (Je vous salue Marie, je vous bénis, Amen) dans les églises, dont deux des strophes faisaient allusion à cette Présentation :
« Benedicta virgo nata,
Templo trima praesentata
It ter quinis gradibus :Erecta velox ascendit
Et uterque parens tendit
Se ornando vestibus. »(Elle est née la vierge bénie ; âgée de trois ans on la présente au Temple, elle en franchit les quinze degrés, toute parée, d’un pas ferme et rapide, sous les yeux de son père et de sa mère)[2].
Au concile de Trente, en 1568, la fête de la Présentation fut supprimée du calendrier romain par le pape Pie V, à cause de ses origines apocryphes et de son introduction récente en Occident.
En 1585, la fête fut ré-inscrite dans le calendrier de Sixte V, en prescrivant cependant d'utiliser le formulaire liturgique de la Nativité de Marie.
Après le Concile Vatican II, les incertitudes dues au manque de fondement biblique et historique émergèrent au moment de la dernière réforme du calendrier.
Le pape Paul VI conserva la fête, en utilisant le terme « la Présentation de Marie » [sans dire « au Temple »] , dans un souci d’ union avec les Églises orientales- où cette fête est très importante (cf. Marialis Cultus 7) - et non plus au titre de « fête » mais de simple « Mémoire ». Cette mémoire est l’une des cinq mémoires mariales obligatoires que sont : la fête de Marie Reine, le 22 août ; Notre-Dame des Douleurs (15 septembre) ; Notre-Dame du Rosaire (7 octobre) ; la présentation de la Vierge Marie (21 novembre), et Marie Mère de l’Église (Lundi de Pentecôte).
Le sens de la fête est que Marie est consacrée totalement au Fils.
Vatican II dit:
« Marie se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant au mystère de la Rédemption. »
(Vatican II, Lumen gentium 56)
S’éloignant des apocryphes, il y n'a donc plus aujourd'hui la fête de la « Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie au Temple », mais simplement la fête de la « Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie. »
Les textes liturgiques sont des textes qui valent pour toutes les fêtes ; la collecte seule a un caractère spécifique pour le jour, mais elle ne fait aucune allusion à "l'événement" raconté par l'apocryphe :
« Puisque nous célébrons la mémoire de la très Vierge Marie, Accorde- nous, Seigneur, par son intercession, le bonheur de vivre dès maintenant en ta présence et d’avoir pari un jour à la plénitude de ta grâce. Par Jésus Christ. »
(Missel Romain, Paul VI)
Source :
Ignazio CALABUIG, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant'Anselmo. Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998.
-Sur le jeu liturgique de Ph. De Mézières, en ligne
-sur La Présentation de Marie dans les liturgies du monde, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la Vierge Marie dans la liturgie catholique romaine, dans l’Encyclopédie mariale
F. Breynaert et l’équipe de MDN.