Marie dans le temple (N. Cabasilas, byzantin † 1391)

Marie dans le temple

Marie vit dans le temple sans avoir besoin de purification

§ 11.

La bienheureuse Vierge entra en effet dans la maison très sacrée, qui était inaccessible même au grand-prêtre si auparavant il ne s'était pas purifié de tout péché, de la manière avec laquelle alors ils avaient l'habitude de purifier les péchés (cf. Lv 16, 2 s; He 9, 6-7). Elle montra donc ne rien avoir à purifier car elle n'avait pas eu besoin de sacrifices expiatoires ni de victimes de purification: en effet, non seulement de manière si incroyable elle entra dans le temple, mais elle y demeura aussi de l'âge de fillette à l'âge de jeune fille: et il n'y avait pas besoin de sacrifices pour elle, ni au début, ni quand l'âge avança.

Et il est incroyable que personne en ce temps là ne trouva cela contraire aux statuts sacrés, que le grand-prêtre tremble et craigne d'entrer, une fois par an, et non sans le sang de la purification (cf. Lv 16, 13-15) et que la vierge, par contre, comme si elle était chez elle, y entre, y mange, y dorme, et que sa vie s'y déroule.

Extrait de : Nicolas Cabasilas, Premier sermon sur la Nativité de la toute , Mère de Dieu. Dans : G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio. 1. Autori orientali, Città nuova Roma 2008, p. 442-446 ; extraits par F. Breynaert

Dans le saint des saints, la Vierge s'offre

§ 6.

Elle seule, unique parmi tous les hommes de tous les temps, habita l'autel, comme une victime préparatoire et purificatoire avant la grande Victime offerte pour tout le genre humain (cf. Eph 5, 2; He 10, 12): de sorte que, si Jésus entra comme précurseur dans le Saint des Saints (cf. He 6, 20), la Bienheureuse avant le Sauveur entra à l'intérieur du voile (He 6, 19), pour s'offrir soi-même au Père.

Et lui [Jésus] en vérité, en mourant sur la croix, réconcilia parfaitement le Père avec les hommes; tandis que la Bienheureuse, une fois qu'elle s'offrit à Dieu, a été capable de donner aux hommes le Médiateur pour leur réconciliation.

§ 7.

Il n'est pas possible de le dire combien la bienheureuse Vierge est beaucoup plus sacrée que toute victime. En effet, le sang de cette nouvelle victime ne fut pas accueilli par l'autel ni consumée par le feu (cf. Nm 18, 17; 2 rois 18, 38), mais Dieu lui-même l'assuma. Ce Dieu qu'aucune place ne renferme, que la création ne contient pas - et qui grandit à l'infini - la Vierge l'a revêtu de son propre sang, et lui a confectionné une tunique apte à la dignité du Roi. [...] L'exemple du vêtement est conforme au mystère du Sauveur où les deux natures ne se sont pas confondues, mais chacune reste sans mélange des propriétés de l'autre. [...] Le sang de la Bienheureuse est sang de Dieu. [...].

§ 8.

La bienheureuse Vierge naquit de personnes humaines ; elle participa à toutes les qualités du genre humain, mais elle n'hérita pas d'une âme identique, elle ne se laissa pas attirer par des coutumes mauvaises, mais elle se dressa contre le péché, elle s'opposa à notre corruption et elle mit fin à la méchanceté. [...]

Elle ouvrit la porte de la sainteté, noblement ordonnée à accueillir le Sauveur (cf. Ez 44, 3), lui par qui il fut donné à tous d'être saints.

Extraits de: Nicolas Cabasilas, Sermon sur l'auguste et glorieuse Domition de notre Dame, la toute et toujours vierge Mère de Dieu; G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio. 1. Autori orientali, Città nuova Roma 2008, p. 442-460; extrait par F. Breynaert.

Nicolas Cabasilas, (1320-1391, Orient Chrétien)