Marie et la divine liturgie byzantine

Marie et la résurrection : Laudes byzantines du dimanche

Après cette merveilleuse introduction en son et images, voici quelques indications liturgiques, suffisamment pour faire sentir la splendide sensibilité mariale de la liturgie byzantine, chaque dimanche.

Avant la messe du dimanche, est habituellement célébré l’office du matin pendant lequel est lu l’un des récits de la Résurrection.

Il est lu par le prêtre sur le coin droit de l’autel, et le diacre se tient à l’angle opposé. L’autel devient ainsi le symbole du tombeau, prêtre et diacre figurant les deux anges qui se tenaient là où reposait le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. L’acolyte place son cierge devant les portes ouvertes de l’iconostase, qui rappellent l’entrée du sépulcre, dont la pierre a été roulée.

Tout le sanctuaire devient l’icône du tombeau vide, de sorte que chaque dimanche on revit l’événement de la résurrection, que l’office nous donne de contempler. Il faut encore communier à l’événement par le toucher et la vénération.

Après la proclamation de l’évangile, le prêtre sort du sanctuaire avec l’Evangile dont la couverture porte sur une face l’icône de la Résurrection, et les fidèles viennent baiser l’icône, qui rend présent le mystère qu’elle représente.

Les premiers Théotokions ont un certain lien avec l’évangile qui les précède.

Le 1° Théotokion fait suite à la lecture de l’apparition du Ressuscité en Galilée (Mt 28, 16-20). A la joie de la résurrection participe la Vierge Mère.

Avec les disciples, Vierge Mère de Dieu, tu t’es réjouie, car tu as vu le Christ ressusciter du tombeau, selon sa parole, le troisième jour ; c’est à eux qu’il se montra, leur enseignant et révélant les sublimes vérités, leur enjoignant de baptiser les croyants dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Le 2° Théotokion fait suite à la lecture du récit du tombeau trouvé vide (Mc 16, 1-8). Il établit un lien entre la conception virginale de Jésus dans le sein de Marie et la sortie du tombeau de Jésus le jour de la Résurrection :

Au jour de ta conception un ange, Seigneur, dit à la Vierge : Réjouis-toi ! Au jour de ta Résurrection, un ange vint rouler la pierre de ton sépulcre glorieux ; au lieu de la tristesse et de la mort l’un portait des signes de joie, l’autre t’annonçait comme source de vie, magnifiant devant les Femmes et les Disciples ta Résurrection.

Le 3° Théotokion fait suite à la lecture du récit de Jésus Ressuscité qui envoie ses disciples chasser les démons, enseigner la bonne nouvelle et baptiser (Mc 16, 9-20). La Mère de Jésus est invoquée dans ce cadre :

Soleil qui du Sépulcre te lèves en ce jour, comme de la chambre nuptiale sort un époux, vainqueur de l’Enfer et destructeur de la mort, par les prières de ta Mère envoie sur nous ta clarté, lumière pour éclairer nos âmes et nos cœurs, lumière pour entraîner tout homme à marcher sur les voies de tes préceptes et les chemins de la paix.

Le 4° Théotokion fait suite à la lecture du récit des myrophores, c’est-à-dire des femmes qui viennent embaumer le corps de Jésus après le Shabbat et qui reçoivent l’annonce de la Résurrection (Lc 24, 1-10)

Ordonnant aux myrophores de se réjouir, tu fis cesser le deuil de nos premiers parents ; dans le monde, Seigneur, tu instauras l’allégresse de ta Résurrection. Par les prières de celle qui t’enfanta, Source de vie, illumine nos cœurs, envoie la lumière de ton amour, afin que nous puissions te crier : Gloire à te Résurrection, Ami des hommes et notre Dieu.


Le 5° Théotokion fait suite à la lecture du récit des pèlerins d’Emmaus (Lc 24, 12-35). Le Ressuscité expliquait aux disciples comment d’avant les écritures le messie devait souffrir avant d’entrer dans sa gloire ; ce Théotokion évoque cette souffrance :

Je chante ton amour sans limites, Créateur qui, pour sauver la nature meurtrie des humains, t’abaissas au plus profond du néant et, de Dieu que tu étais, souffris d’être enfanté par la Vierge en ma terrestre condition et descendis jusqu’aux enfers pour me sauver grâce aux prières de ta Mère immaculée, Verbe de Dieu et Seigneur compatissant.


Le 6° Théotokion fait suite à la lecture où Jésus ressuscité mange avec ses disciples puis s’élève vers le Père dans les cieux (Lc 24, 36-53). Ce Théotokion souligne la vraie humanité de Jésus, une humanité qu’il élève et renouvelle.

L’auteur de la création, le Dieu de l’univers, prit une chair mortelle de ton sein, ô mère de Dieu ; tout entière, il a renouvelé ma nature corrompue, te laissant vierge après comme avant l’enfantement ; aussi nous te chantons fidèlement : Réjouis-toi, Souveraine du créé.

Le 7° Théotokion fait suite à la lecture de l’évangile où Pierre et Jean vont au tombeau et ne trouvent que le linge et les bandelettes (Jn 20, 1-10). Ce Théotokion établit une relation entre le prodige de la Résurrection et le prodige de la naissance virginale de Jésus :

O Christ plein de tendresse, pour moi tu accomplis merveilles et hauts-faits : d’une vierge tu naquis d'une ineffable façon et tu souffris la mort sur une croix ; dans la gloire tu ressuscitas du tombeau et délivras notre nature de la mort. Gloire à ta puissance, Seigneur de gloire, Jésus Christ.


Les Théotokion 8, 9, 10 ne semblent pas avoir de lien précis avec la lecture de l’évangile qui les précède, ils expriment de manière plus générale le rôle de la Vierge Marie, elle intercède, elle est médiatrice. Le dernier Théotokion honore le Ressuscité et sa Mère.

Le 8° Théotokion fait suite à la lecture du récit de l’apparition de Jésus à Marie Madeleine : elle le prit d’abord pour le jardinier, mais quand Jésus l’appela par son nom, elle le reconnut (Jn 20, 11-18) :

O Vierge, tu enfantas l’Un de la Trinité ineffablement en une seule personne, deux natures et volontés ; sans cesse implore-le pour les fidèles qui se prosternent devant toi, pour qu’ils soient délivrés de toute embûche de l’ennemi : en toi nous cherchons refuge, souveraine Mère de Dieu.

Le 9° Théotokion fait suite à la lecture l’évangile quand Jésus entre dans le cénacle, toutes portes étant closes, et il remplit les Apôtres de l’Esprit Saint, et leur dit de remettre les lier et délier les péchés, puis, huit jour après, quand Jésus apparaît de nouveau, en présente de Thomas (Jn 20, 19-31) :

Lorsque tu vis ton Fils ressuscité du tombeau le troisième jour, virginale épouse de Dieu, tu oublias l’affliction que tu avais, comme une Mère, éprouvée lorsque tu le vis souffrir sa passion ; et, l’âme d’allégresse comblée, avec ses disciples tu le célébrais par des chants. Sauve à présent ceux qui proclament ta divine maternité.

Le 10° Théotokion fait suite à la lecture de l’apparition de Jésus au bord du lac de Tibériade et de la pêche miraculeuse :

O Vierge, supplie le Seigneur ressuscité du tombeau le troisième jour en faveur des chantres de ton nom qui te disent bienheureuse avec ardeur. Nous tous, nous avons en toi le refuge du salut et une médiatrice auprès de lui ; nous sommes ton héritage, les gens de ta maison, Mère de Dieu, nous comptons sur ton ardente protection.

Le 11° Théotokion fait suite à la lecture où le Seigneur ressuscité demande à Pierre, par trois fois, « m’aimes-tu ? », et il l’établit comme suprême pasteur :

Mystère redoutable, merveille inouïe : la mort est écrasée par la mort. Qui donc refuserait de chanter, ô Verbe, ta divine résurrection, devant elle se prosterner, et devant la Mère vierge qui t’enfanta dans la chair ? Par ses prières sauve-nous de la flamme sans fin.


Guillaume Denis, Le Spoutnik : Nouveau Synecdimos,