La prière est une vie active (St Théophane, église orthodoxe russe)

La prière est une vie active (St Théophane, église orthodoxe russe)

La vie chrétienne se cultive pour se développer.

Dans son livre, la voie du salut[1], le saint évêque Théophane le Reclus (1815-1894) explique comment commence, se développe et se perfectionne la vie chrétienne.

Au commencement : il faut commencer par la décision d'être un parfait chrétien.

Et il faut nourrir et réchauffer la vie de la grâce par le contact avec la liturgie et les icones.[2]

Pour développer la vie chrétienne, il faut apprendre à se relever du péché, par un effort du corps et de l'esprit, multiplier les aumônes, répéter des prières jaculatoires (petites prières ferventes).[3]

Au moment de la conversion, l'union vivante avec Dieu n'est qu'une pure lumière qui donne à l'homme le bonheur de goûter Dieu.

Plus tard, elle se cache, mais continue d'agir. Parfois elle le console (habituellement la nuit).

Enfin, elle habite dans l'homme d'une façon particulière.

La prière du cœur est une véritable « vie active » :

Saint Théophane commence par une image : « La poule ayant trouvé quelque grain, donne un signal à ses poussins ; et tous d'accourir de tous côtés vers leur mère pour mettre leur bec à l'endroit om elle a fixé le sien. De même, quand la grâce divine agit dans le cœur d'un homme, l'esprit de cet homme entre dans son cœur, et avec l'esprit, toutes les forces de son âme et du corps. C'est la loi de l'habitation dans l'intérieur. » [4]

Saint Théophane donne la triple dimension de la prière du cœur :

« La concentration de l'esprit dans le cœur, c'est l'attention ;

la concentration de la volonté, la vigilance ;

la concentration du sentiment, la sobriété.

Celui à qui fait défaut l'un de ces trois éléments, n'a pas l'habitation dans l'intérieur. » [5]

SaintThéophane précise :

L'attention exige que les yeux soient tournés vers l'intérieur ;

la vigilance appelle « une tension des muscles dans tout le corps, dans la direction de la poitrine » ;

la sobriété suppose « le refoulement des humeurs émollientes qui montent vers le cœur. » [6]

Une telle prière ouvre à la « vision » qui a deux dimensions[7] :

1- Le fait que Dieu tient tout dans sa main, de sorte que le chrétien se sent en sécurité comme un enfant dans les bras de sa mère.

2- La mort, le jugement, le paradis et l'enfer, de sorte que le chrétien se tient responsable, il est « un soldat dans l'armée, un fils dans la maison paternelle, un ouvrier habile au travail, un compagnon parmi ses amis, un homme au milieu de sa famille ».

En tout cela, l'éducateur par excellence est la liturgie, et le moyen par excellence pour entretenir la vie divine est la communion.


[1] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879

[2] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 14 à 98

[3] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 99-193

[4] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 228

[5] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 229

[6] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 229

[7] Poutj k spasséniou, 4° édition, Moscou 1879, p. 232-235

Extraits par F. Breynaert de S. Tyszkiewick, dans Aa Vv, « la spiritualité orthodoxe russe », dans La mystique et les mystiques, DDB, Paris 1965, p. 463-518