L'enfant sevré près de sa mère (Ps 131)

L'enfant sevré près de sa mère

Le sevrage est nécessaire. Le sein maternel est bon. Une fois sevré, l'enfant s'ouvre au monde extérieur et découvre toute sa vitalité.

Le psalmiste se compare non pas à un nourrisson, mais à un enfant sevré.

« Mon âme est en moi comme un enfant, l'enfant sevré près de sa mère » (Ps 131, 2)

La Vierge Marie n'est pas pour nous une maman qui fait régresser, elle est une "mère".

Nos contemporains savent rarement vivre le sevrage. Ils le perçoivent comme un vide, un rien. Et alors ils cherchent à compenser un vide, (le manque de sens, des parents absents, ou le vide après les camps de la mort). Et ils cherchent à remplir le vide par de la quantité.

Ils vivent dans une saturation des sens. Il leur faut écouter sans cesse quelque chose. Regarder sans cesse beaucoup d'images. Certains mangent tout le temps puis ne mangent plus pendant les repas, alors ils se désocialisent. Certains ont des problèmes d'addiction aux jeux, à l'alcool, à la sexualité, à l'argent etc.

Le sevrage ne place pas l'être humain devant le rien (cf. Heidegger 1889-1976) ; mais il place l'être humain comme un fils, un fils libre - ou comme une épouse vierge dans les noces de l'Alliance (cf. maître Eckhart 1260-1327).

L'enfant sevré est un enfant qui sait assumer un certain manque pour y faire jaillir un dynamisme, une réponse personnelle.

Le nourrisson est en fusion avec sa mère. L'enfant sevré entre en Alliance.

La spiritualité du désert enseigne à ne pas avoir peur du sevrage ou du manque. Dieu nous aime et a préparé une manne merveilleuse et l'eau du rocher.

Levons-nous !

« Loin de là, j'ai l'âme calme et tranquille,

Comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère;

J'ai l'âme comme un enfant sevré.

Israël, mets ton espoir en YHWH,

Dès maintenant et à jamais!

(Psaume 131, 2-3)

Ne pas avoir peur.

L'enfant n'a pas peur du sevrage.

Nous devons désirer le sevrage. Nous devons désirer autre chose. Avoir soif.

Le peuple élu a goûté les oignons d'Egypte, la mythologie et la magie égyptienne, il a vu avec dégoût les cultes de fécondité de Canaan, il a osé le sevrage... Oui, il y avait autre chose que les Baals de Canaan et le panthéon égyptien et toutes leurs techniques ésotériques.

Va mon peuple, va au désert !

Allons, avec "Notre Dame du Désert", et entrons dans la prière pour prier !


Françoise Breynaert