Comme beaucoup de paraboles de Jésus, la parabole des vignerons homicides peut se lire successivement à deux niveaux : Au niveau du destin de Jésus lui-même, au niveau actuel de notre vie chrétienne.
Au moment où Jésus la prononçait, les Juifs ne s'y sont pas trompés : Jésus voulait décrire ses relations avec son propre peuple. La vigne, c'est le peuple de l'Alliance. Dieu, qui l'a plantée, l'a confiée d'abord au roi, puis à d'autres chefs au retour de l'exil. Il attendait de sa vigne Israël des fruits de sainteté, et de temps à autre il a envoyé ses serviteurs les prophètes pour recueillir les fruits en son nom... Mais on a battu, lapidé, tué les prophètes. Alors Dieu a envoyé son propre Fils, celui qu'il a fait héritier de toutes choses, et Jésus annonce ce qui va lui arriver : on le tuera hors de la vigne sur la colline du Golgotha.
Mauvais calcul, prévient Jésus : vous voulez tuer l'héritier pour avoir l'héritage, mais Dieu ne renoncera pas à son plan de salut : l'héritage passera aux Gentils, qui seront le peuple de la nouvelle alliance ; d'autres vignerons, ses propres Apôtres, prendront en main le peuple fidèle.
Mauvais calcul, vous voulez bâtir sans moi et vous me rejetez, comme matériau sans valeur, c'est pourtant sur moi que reposera pour toujours l'œuvre du salut !
Cette erreur tragique guette encore notre monde. Même des hommes qui ont rencontré le Christ voudraient vendanger sans lui dans leur propre vie et dans la vie des autres. Même dans l'Eglise on laisse parfois se distendre la référence à l'Envoyé de Dieu. Ou bien l'on dévalue la personne même de Jésus Christ, en effaçant sa divinité, au point que Jésus n'est plus qu'un modèle de droiture, un rêveur de génie.
Et Jésus, Fils de Dieu venu sauver des hommes, attend, oublié, méprisé, comme une pierre de rebut, non loin de la grande Babel où de nouveau les hommes se disputent.
Mais nous-mêmes qui sommes responsables de la vigne du Carmel, que pourrions-nous offrir si aujourd'hui le Seigneur venait chercher des fruits ? La question que chacun/e d'entre nous entend dans cet Évangile concerne l'authenticité de sa vie, de son service de Dieu et de sa prière ; c'est une question amicale que le Sauveur nous pose sur la fécondité de notre existence sur terre : "Si aujourd'hui, ce soir, je viens chercher les fruits de ma vigne, tes fruits de foi, et d'espérance courageuse, les fruits de ta charité, que vas-tu me donner ? Qu'est-ce qui remplit tes mains, qu'est-ce qui habite ton cœur ?"
Frères et sœurs, que cette Eucharistie, comme toutes celles qu'il nous est donné de vivre, soit pour nous à la fois célébration de la fidélité de Dieu, rencontre de Jésus l'Envoyé, et offrande filiale de nos derniers fruits.
Enseignement de Jésus :
Comme je t’ai fait remarquer l’expression “ à ma coupe ” dans la vision où la mère de Jean et de Jacques demande une place pour ses fils, j’attire ton attention, dans la vision d’hier, sur le passage : “ celui qui tombera contre cette pierre se brisera. ” Les traducteurs écrivent toujours “ sur ”.
Or j’ai bien dit contre, et non pas sur. C’est une prophétie contre les ennemis de mon Eglise. Ceux qui se jettent contre elle pour lui faire obstacle — parce qu’elle est la pierre angulaire —, sont brisés. L’histoire de la terre, depuis vingt siècles, confirme mes paroles. Les persécuteurs de l’Eglise qui se jettent contre la pierre angulaire sont brisés.
J’ajoute que celui sur qui tombera le poids de la condamnation du Chef et Epoux de mon Epouse, de mon Corps mystique, celui-là sera écrasé. Que cela reste à l’esprit de ceux qui se croient à l’abri des châtiments divins sous prétexte qu’ils appartiennent à l’Eglise.
Et, pour prévenir une objection des scribes et des sadducéens toujours vivants et malveillants pour mes serviteurs, je déclare ceci : s’il se trouve, dans les dernières visions, des phrases qui ne sont pas dans les évangiles, telles que celles de la fin de la vision d’aujourd’hui, des passages où je parle du figuier desséché et d’autres encore, ils doivent se rappeler que les évangélistes appartenaient toujours à ce peuple, et qu’ils vivaient à une époque où tout heurt un peu trop vif pouvait avoir des répercussions violentes et nuisibles aux néophytes.
Qu’ils relisent les Actes des Apôtres, et ils verront que la fusion de tant de courants d’esprit différents ne s’est pas faite dans la paix et que, s’ils s’admiraient mutuellement et reconnaissaient leurs mérites réciproques, il ne manqua pas parmi eux de dissentiments, car les pensées des hommes sont variées et toujours imparfaites. Et pour éviter des ruptures plus profondes entre ces diverses opinions, les évangélistes, éclairés par l’Esprit Saint, omirent volontairement dans leurs écrits des phrases qui auraient choqué l’excessive susceptibilité des Hébreux et scandalisé les païens, qui avaient besoin de croire parfaits les Hébreux — eux qui formaient le noyau d’où venait l’Eglise — pour ne pas s’éloigner en disant : “ Ils ne valent pas mieux que nous. ”
Connaître les persécutions du Christ, oui. Mais être au courant des maladies spirituelles du peuple d’Israël désormais corrompu, surtout dans les classes les plus élevées, non. Ce n’était pas bien. C’est ainsi qu’ils firent de leur mieux pour les dissimuler.
Qu’ils observent comment les évangiles deviennent de plus en plus explicites, jusqu’au limpide évangile de mon Jean, au fur et à mesure que l’époque de leur rédaction s’éloignait de mon Ascension vers mon Père.
Jean est le seul à rapporter entièrement même les taches les plus douloureuses du noyau apostolique en qualifiant ouvertement Judas de “ voleur ” ; c’est aussi lui qui rappelle intégralement les bassesses des juifs (dans le chapitre 6 : la volonté feinte de me faire roi, les disputes au Temple, l’abandon d’un grand nombre après le discours sur le Pain du Ciel, l’incrédulité de Thomas). Dernier survivant, ayant vécu assez longtemps pour voir l’Eglise déjà forte, il lève les voiles que les autres n’avaient pas osé lever.
Mais maintenant, l’Esprit de Dieu veut que soient connues même ces paroles. Ils doivent en bénir le Seigneur, car ce sont autant de lumières et autant d’indications pour les justes de cœur.