Ceux qui attendaient deux messies

Ceux qui attendaient deux messies

Dans l'ouvrage connu sous le titre Testament des douze patriarches (un des rouleaux de Qumrân), il est question de deux Messies, un Messie prêtre et un Messie d'Israël.

Dans le Testament de Ruben 6, 7-12, nous lisons :

« A Lévi Dieu a donné le commandement... parce qu'il connaît la loi de Dieu, il dispensera la justice et sacrifiera pour Israël jusqu'à la consommation des temps du grand prêtre oint [Messie] ».

Plus loin, concernant Juda, nous trouvons :

« Parce que c'est lui que Dieu a choisi pour régner sur tout le peuple. Inclinez-vous devant sa semence... un roi sera parmi vous à jamais. »

La croyance en deux Messies était acceptée par la secte du Yahad [1] qui s'était retirée au désert.

Déjà Zacharie fait allusion aux deux oints « Deux oliviers, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche » (Za 4, 3) qui « sont les deux oints » (Za 4, 14) [2]. La secte du Yahad développa :

- la conception eschatologique du Messie descendant d'Aaron

- et, par fidélité aux promesses faites à la maison de David dans les Ecritures, ils lui juxtaposèrent le Messie israélite.

L'idée messianique dans la Règle de la compagnie (Yahad) comprend un net caractère "restitutoire", c'est-à-dire que ces deux oints auront pour mission de "restituer les institutions d'Israël", notamment la royauté et la lignée sacerdotale au temple.


[1] Cf. Jacob LIVER, Toledot Beit David, (histoire de la maison de David), Jérusalem 1959, p. 116-140.

[2] « L'ange me dit: "Que vois-tu?" Je répondis: "Je regarde, et voici: il y a un lampadaire tout en or, avec un réservoir à son sommet; sept lampes sont sur le lampadaire ainsi que sept becs pour les lampes qui sont dessus. Près de lui sont deux oliviers, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche." [...] Il dit: "Ce sont les deux Oints qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre." » (Zacharie 4, 1-14)


Extraits de : Ephraïm E. Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996

(traduit de l'hébreu par Marie-José Jolivet.

Edition originale, Jérusalem 1979),

p.682-683