L'évêque de Rome, témoin du Christ, préside dans l'amour (Benoît XVI)

L'évêque de Rome, témoin du Christ, préside dans l'amour (Benoît XVI)

[Un réseau de témoignage : ]

Aux successeurs des Apôtres, c'est-à-dire aux évêques, revient la responsabilité publique de faire en sorte que le réseau des témoignages demeure dans le temps. Dans le sacrement de l'ordination épiscopale leur sont conférés le pouvoir et la grâce nécessaires à ce service.

Dans ce réseau de témoins, une tâche particulière revient au Successeur de Pierre.

- Ce fut Pierre qui exprima le premier, au nom des Apôtres, la profession de foi:

"Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16, 16).

Telle est la tâche de tous les Successeurs de Pierre: être un guide dans la profession de foi en Christ, le Fils du Dieu vivant. La Chaire de Rome est avant tout la Chaire de ce credo. [...]

- La Chaire de Pierre oblige ceux qui en sont les titulaires à dire - comme Pierre le fit déjà dans un moment de crise des disciples - alors qu'un grand nombre voulaient s'en aller:

"Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu" (Jn 6, 68sq).

Celui qui siège sur la Chaire de Pierre doit rappeler les paroles que le Seigneur adressa à Simon Pierre à l'heure de la Dernière Cène:

"Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères..." (Lc 22, 32).

- Celui qui est le titulaire du ministère pétrinien doit avoir la conscience d'être un homme fragile et faible - de même que ses propres forces sont fragiles et faibles - qui a constamment besoin de purification et de conversion. Mais il peut également avoir la conscience que c'est du Seigneur que lui vient la force pour confirmer ses frères dans la foi et les garder unis dans la confession du Christ crucifié et ressuscité.

- Dans la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, nous trouvons le récit le plus ancien de la résurrection que nous connaissons. Paul l'a fidèlement recueilli des témoins. Ce récit parle tout d'abord de la mort du Seigneur pour nos péchés, de sa sépulture, de sa résurrection, qui a eu lieu le troisième jour, puis il dit:

"[le Christ] est apparu à Céphas, puis aux Douze..." (1 Co 15, 4).

La signification du mandat conféré à Pierre jusqu'à la fin des temps est ainsi encore une fois résumée: être témoin du Christ ressuscité. [...]

Le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais se soumettre constamment, ainsi que l'Eglise, à l'obéissance envers la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d'adaptation et d'appauvrissement, ainsi que face à tout opportunisme. [...]


En parlant de la Chaire de l'Evêque de Rome, comment ne pas rappeler les paroles que saint Ignace d'Antioche écrivit aux Romains?

Pierre, venant d'Antioche, son premier siège, se dirigea vers Rome, son siège définitif. Un siège rendu définitif à travers le martyre par lequel il lia pour toujours sa succession à Rome.

Ignace, quant à lui, restant Evêque d'Antioche, se dirigeait vers le martyre qu'il allait devoir subir à Rome. Dans sa lettre aux Romains, il se réfère à l'Eglise de Rome comme à "Celle qui préside dans l'amour", une expression très significative.

Nous ne savons pas avec certitude ce qu'Ignace avait véritablement à l'esprit en utilisant ces mots. Mais pour l'antique Eglise, le mot amour agape, faisait allusion au mystère de l'Eucharistie.

Dans ce Mystère, l'amour du Christ se fait toujours tangible parmi nous. Là, Il se donne toujours à nouveau. Là, Il laisse son cœur être toujours transpercé à nouveau; là, Il tient sa promesse, la promesse qui, de la Croix, devait tout attirer à lui. Dans l'Eucharistie, nous apprenons nous-mêmes l'amour du Christ. Cela a été grâce à ce centre et à ce cœur, grâce à l'Eucharistie, que les saints ont vécu, en apportant l'amour de Dieu dans le monde sous des formes et des manières toujours nouvelles.

Grâce à l'Eucharistie, l'Eglise renaît toujours de nouveau!

L'Eglise n'est autre que ce réseau - la communauté eucharistique! - dans laquelle nous tous, en recevant le même Seigneur, nous devenons un seul corps et nous embrassons le monde entier.

Présider dans la doctrine et présider dans l'amour, à la fin, ne doivent être qu'une seule chose: toute la doctrine de l'Eglise, à la fin, conduit à l'amour.


Extraits de : Benoît XVI, homélie du 7 mai 2005,

jour de la prise de possession de la « cathedra romana »