La naissance de Jésus selon les Pères de l'Église

Luc 2, 7 - Et elle mit au monde... : le commentaire des Pères de l'Eglise

"Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune."

Selon saint Jérome :

Helvidius s'efforce de prouver par ce passage qu'on ne peut donner le nom de premier né qu'à celui qui a des frères ; de même qu'on appelle fils unique celui qui est le seul enfant de ses parents.

Pour nous, voici notre explication : Tout fils unique est premier né, mais tout premier né n'est pas fils unique. Nous appelons premier né, non pas celui après lequel naissent d'autres enfants, mais celui qui est né le premier de tous.

En effet, si on n'est le premier né, qu'autant qu'on aura des frères après soi, les prêtres n'auront aucun droit sur les premiers nés, avant la naissance d'autres enfants ; car alors au défaut de ces autres enfants, il y aurait un fils unique, il n'y aurait point de premier né.

Selon saint Jérome : 

Personne ne reçut l'enfant à sa naissance, aucune femme ne donna à Marie les soins ordinaires, elle seule enveloppa son enfant de langes, elle fut à la fois la mère et celle qui reçut l'enfant : « Et elle l'enveloppa de langes. »

Selon Métaphraste : 

A quels admirables abaissements se réduit, à quels voyages lointains s'assujettit celui qui contient le monde entier dans son immensité ! Dès son entrée dans le monde, il recherche la pauvreté et la rend honorable dans sa personne.

Selon saint Jean Chrysostome :

Sans doute, s'il eût voulu, il pouvait venir en ébranlant les cieux, en faisant trembler la terre, en lançant la foudre ; il a rejeté tout cet appareil, car il venait, non pour perdre, mais pour sauver l'homme, et, dès sa naissance, fouler aux pieds son orgueil.

Il ne lui suffit donc pas de se faire homme, il se fait homme pauvre, et il choisit une mère pauvre, qui n'a point même de berceau pour y déposer son enfant nouveau né : « Et elle le coucha dans une crèche

Selon saint Bède : 

Celui qui a le ciel pour trône, se renferme dans une crèche étroite et dure pour dilater nos coeurs par les joies du royaume des cieux ; celui qui est le pain des anges est déposé dans une crèche, pour nous nourrir comme un troupeau sanctifié du pur froment de sa chair divine.

Selon saint Cyrille :

Il a trouvé l'homme devenu charnel et animal jusque dans son âme, et il se place dans la crèche comme nourriture, afin que nous changions cette vie tout animale pour arriver au discernement et à l'intelligence dignes de l'homme, nourris que nous sommes, non de l'herbe des champs, mais du pain céleste, du corps de vie.

Selon saint Bède : 

Celui qui est assis à la droite de Dieu le Père, manque de tout dans une pauvre retraite, pour nous préparer plusieurs demeures dans la maison de son Père (Jn 14, 2) : « Car il n'y avait point de place pour eux dans les hôtelleries. »

Il naît, non dans la maison de ses parents, mais dans un lieu étranger, et en voyage, parce que dans le mystère de son incarnation, il est devenu la voie qui nous conduit à la patrie où nous jouirons pleinement de la vérité et de la vie (Jn 14).

Selon saint Ambroise :

C'est pour vous qu'il s'abaisse à cet état d'infirmité, lui qui est en lui-même toute puissance ; pour vous, qu'il se réduit à cette pauvreté, lui qui possède toute richesse.

Ne vous arrêtez point à ce que vous voyez, mais considérez que c'est par là que vous êtes racheté.

Seigneur Jésus, je dois plus à vos humiliations qui m'ont racheté, qu'aux oeuvres de votre puissance qui m'ont créé.

Que m'eût-il servi de naître sans le bienfait inestimable de la rédemption ?

(Extraits de "La chaîne d'or ". Explication suivie des quatre composée des interprètes grecs et latins,et surtout des ss. Pères, traduction par l'abbé J.-M. Peronne, 1868)

St Thomas d'Aquin