Lecture protestante sur le Magnificat

Le Magnificat, méditation protestante au XX° siècle

En commentant le Magnificat, André et Francine Dumas s’inspirent explicitement de Luther qui, en 1521, écrivit une belle méditation de ce cantique de Marie [1].

Le regard de Dieu comme une promesse

Les deux auteurs soulignent l’importance du regard que Dieu pose sur la Vierge.

Le regard de Dieu sur Marie lui confère l’existence par le sens de son existence. Elle est comme soulevée par lui, désignée pour l’œuvre la plus haute, que jamais elle n’eut pu imaginer : ce regard est une promesse, un engagement de Dieu» [2]

A ce regard, Marie réagit par une réponse qui est «un clin d’œil joyeux. » Et de préciser : «Foi et joie sont ici indissociables. Dieu, de son Ciel, nous fait signe» [3]

Les antithèses du Magnificat

Les antithèses [du Magnificat] sont « à relire dans le contexte de l’Annonciation», c’est-à-dire de « l’Alliance de l’infime et de l’immense, du dérisoire et du saint» [4].

La mère de Jésus laisse Dieu agir en elle : «C’est le vouloir positif de laisser à Dieu la place en s’effaçant, non en se retirant, en se niant, mais en étant joyeusement de-préoccupé de soi» [5].

«Est-ce une sorte de négation d’elle-même qui est demandée à Marie ? Certes non, car le Messie alors ne s’incarnerait pas dans une humanité plénière. Etre humble ne signifie pas inexister. Le « Oui » de Marie est un acte, un choix… Marie n’est pas une enfant soumise. Elle est ce partenaire que Dieu s’est choisi : dans sa simplicité, elle s’engage et engage le monde»[6].

Abraham

Marie évoque, à la fin du Magnificat, la promesse faite à Abraham. C’est l’occasion, pour les deux auteurs de louer le Pape Jean-Paul d’avoir, dans son Encyclique Redemptoris Mater, rapproché la foi d’Abraham et celle de Marie [7].

Ainsi, «personne n’est plus grand dans la foi que le vieil Abraham et la jeune Marie » [8].

La foi de Marie ressemble à celle du patriarche parce que les deux ont accepté le sacrifice de leur fils. «Que Marie cite Abraham avant même que son Fils vienne au monde est pour nous le signe qu’elle se reconnaît en lui, qu’elle est l’Abraham des Temps nouveaux, celle qui a cru sans voir et qui a accepté la mort de son enfant parce que telle était la volonté de Dieu, comme Abraham dans la nuit avait mené son fils au bûcher.»[9]


Notes :

[1] André et Francine Dumas, Le Magnificat, dans L’actualité religieuse dans le monde, n.46, 15 juin 1987, 22-23. [2] ibid., 91. [3] ibid., 91. [4] Ibid., p. 33 [5] Ibid., p. 92 [6] Ibid., p. 34 [7] Ibid., p. 43 [8] Ibid., p. 44 [9] Ibid., p. 32


Extraits de G. BAVAUD (catholique)

Quelques aspects du dialogue œcuménique sur Marie,
dans P.A.M.I. (ed), De cultu mariano Saeculo XX, vol V, 1999,

p. 181-204, p. 188-190. Extraits par F. Breynaert.