XVI°-XVII° (Réforme, contre-réforme) : l'art et Marie

XVI°-XVII° (Réforme, contre-réforme) : l'art et Marie

La Découverte de l'Amérique par un groupe d'Européens commandé par Christophe Colomb dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492 influence aussi profondément l'art.


Se développant après la découverte de l'Amérique, la culture baroque est très portée à explorer les limites du possible.

En peinture, on trouve des ciels ouverts, immenses.

En poésie et spiritualité, on aime utiliser des expressions extrêmes...

L'adjectif "barroco", d'origine portugaise, était employé en joaillerie pour évoquer l'irrégularité d'une perle, ensuite, il désigne un style de courbes riches de volutes et de spirales.

Turin sera appelée "capitale de l'art baroque", notamment pour ses nombreux édifices religieux dont de prestigieuses églises mariales telle celle dédiée à Marie Auxiliatrice.

Avant le concile de Trente, les peintres ont parfois déjà recherché une sobriété plus proche de l'Evangile (Fra Bartolomeo), ou bien, anxieux devant les péchés de leurs contemporains, y compris dans l'Eglise, ils ont médité le jugement dernier et imploré l'aide de la miséricorde de Marie (Michel Ange) ou la puissance de sa prière qui lui valut d'être saluée pleine de grâce par l'ange Gabriel (Domenico Beccafumi).

Le concile de Trente (1545-1563) tend à rendre l'art plus rigoureux (on ne représente plus à l'Annonciation l'enfant Jésus qui vole vers la Vierge Marie) et plus fidèle à l'évangile (on ne représente plus Marie qui s'évanouit au calvaire) ; certains essayent de représenter le visage de Marie d'une manière ressemblante à celui du Christ tel qu'il est décrit par Nicéphore (De Pictura sacra II, V).

La Nativité est représentée avec réalisme, souvent avec l'adoration des bergers.

Le concile de Trente invite à un art compréhensible par tous :

Le concile de Trente enseigne à éviter les représentations qui font confondre Marie avec une princesse de l'époque. Le symbolisme liés à la perspective et aux colonnes amenait les peintres de la Renaissance à construire des décors que les gens ne comprenaient pas. Désormais les décors se font plus simples, et les colonnes de marbres (et leurs symboles) sont laissées dans l'oubli.

Le concile de Trente invite à la proximité avec les fidèles, ainsi, certains peintres prendront pour modèle les gens simples de leur pays.

En pays flamand, Bruegel, ami de Luther, portait déjà attention aux gens du commun ; ses tableaux, dans la ligne de Bosch, ont surtout une portée morale et satirique (N.B. Bien que Bruegel soit aussi à situer dans ce chapitre, nous l'avons laissé dans le chapitre "peinture flamande").

En Espagne, Murillo porte attention aux gens de la rue et les intègre parfois dans ses tableaux religieux, emprunts de douceur et de piété.

Les anges.

Etant donnés que beaucoup de réformés s'opposent à l'intercession des saints et des anges, chez certains peintres catholiques, la fréquente représentation des anges a pour but de défendre la foi en leur présence protectrice et stimulante.

La grandeur de la mère de Jésus.

Etant donné que beaucoup de réformés minimisent la grandeur de la mère de Jésus, les artistes catholiques la représentent en Reine du Ciel. Sa statue est souvent sur un piédestal ou sur une colonne, comme à Munich, par exemple.

L'immaculée est représentée sous la forme de la femme de l'Apocalypse 12, jadis surtout lue dans un sens ecclésial et désormais surtout lue dans un sens marial.


L'iconographie de Notre Dame du Rosaire existe depuis le temps de saint Dominique, mais elle se diffuse davantage après la victoire de l'Europe chrétienne sur l'islam, dans la bataille de Lépante, en 1571, une victoire attribuée à la prière du rosaire.

En parallèle avec la dévotion du rosaire, les carmes développent la dévotion du scapulaire. Les artistes représentent alors Notre Dame dans le geste de donner un scapulaire.


Les saints.

Beaucoup de saints sont représentés en conversation avec la Vierge Marie, parce que c'est interprété comme un signe de leur catholicité.

Le thème de la présentation de Marie au temple se développe après l'introduction de la fête liturgique voulue par Sixte V en l'an 1585. Les sources littéraires sont le protévangile de Jacques, l'apocryphe du pseudo Matthieu et la légende dorée. La scène est représentée à l'entrée du temple, où le grand prêtre accueille la petite Marie qui monte les marches. Le thème fait allusion aux vocations sacerdotales et religieuses.

Une utilisation apologétique de l'Ancien Testament :

Dans la lutte contre les hérésies, Marie est mise en rapport avec les héroïnes de l'ancien testament (Débora et Yaëlle, Abigail, Judith, Esther), spécialement en pays flamand, avec les imprimés des frères Wierix, Antonio et Hyeronimus.

Quelques excès :

Un premier genre d'excès se trouve sans doute chez Caravage, qui, dans sa proximité avec le peuple atteint l'ambiguité morale.

Un autre genre d'excès consiste à exagérer le rôle de Marie. Ainsi, en représentant les adieux de Jésus à sa mère, certains peintres en arrivent à représenter Jésus agenouillé devant Marie pour lui demander sa bénédiction (Exemple : Piergirolamo Crispoldi, XVII° siècle, chapelle de S. Massimino, S. Maria degli Angeli, Assises).


Bibliographie : Cf. D. Estivill, "Maria", Iconografia e arte cristiana, diretto da Liana Castelfranchi, Maria Antonietta Crippa. Edizioni San Paolo, Milano 2004, p.862-865


Françoise Breynaert