Philippines

Philippines : Marie et l'histoire nationale

Les Philippines ont accueilli les premiers missionnaires en 1565.

Un philippin écrit : « On peut affirmer qu'un facteur décisif dans la rapide propagation du christianisme aux Philippines a été la dévotion à Marie. Les Philippins, avec leur tempérament affectueux, furent immédiatement gagnés à l'amour de la Vierge, et cela ouvrit la voie à une acceptation générale des vérités de la foi catholique. »[1]

Les catholiques représentent, en l'an 2019, 86% de la population des Philippines.

Voici pourquoi le Rosaire est si important aux Philippines

  • Le Rosaire est tout d’abord le lien qui a maintenu l’union et la foi des chrétiens dans les îles septentrionales qui n’ont pas vu de missionnaires pendant des années et des années.

  • En 1646, devant Manille, deux petits galions étaient en lutte contre les forces hollandaises calvinistes, fortes de quinze bataillons. Avant la bataille, les marins catholiques (espagnols et philippins) récitèrent le Rosaire, en continuant individuellement pendant le combat. Au plus fort des difficultés, ils firent « le vœu de Naval » s’engageant à célébrer une fête en l’honneur de Notre Dame du Rosaire pour la remercier de la victoire. Et ils furent victorieux. Ce vœu ne les engageait que pour une fête, mais tout le pays continua : cette fête a lieu le deuxième dimanche d’octobre.

  • Depuis 1974 se sont constitués des « Rosary block », c’est-à-dire des groupes de familles qui prient le Rosaire ensemble, dans les maisons.[2]

La dévotion à Marie et la chute du dictateur Marcos, en l'an 1986

La chute de Marcos fut le sommet d'un long processus dans lequel la dévotion mariale a eu une grande influence. En 1975, la conférence épiscopale avait diffusé une lettre pastorale sur Marie. Les évêques affirmaient :

"Nous associons rarement la dévotion à Marie avec la dimension sociale de la vie chrétienne, alors que les paroles de Marie dans le Magnificat désignent un renversement de l'ordre social en vue du Règne de Dieu. [...] La dévotion à Marie se montre dans les oeuvres, et les oeuvres dont nous avons besoin aujourd'hui aux Philippines sont des oeuvres de justice et de libération de l'oppression."

Le processus qui a précédé la chute du dictateur Marcos a été scandé par l'usage du rosaire de la Vierge Marie. Quand, en 1983, Benigno Aquino fut assassiné, il venait de terminer le Rosaire. Pendant la campagne électorale de sa veuve Corazon Aquino, beaucoup de gens du peuple élevaient leur Rosaire en signe de soutien. Pendant les manifestations décisives du 22, 23, 24 février 1986, deux millions de personnes se sont rassemblées à Manille et il n’y eut pas d’effusion de sang. Les gens sortaient dans les rues avec la statue de Marie, ils chantaient et priaient le rosaire, offrant des nourritures et des fleurs aux soldats. Le pouvoir du peuple fut le pouvoir de Marie, et la victoire fut la victoire de Marie.[3]

 Ce peuple sait exprimer la présence de Marie de façon concrète

La neuvaine de Noël comporte une procession rituelle qui accompagne Marie et Joseph dans leur recherche d’une habitation à Bethléem.

Le chemin de croix, tous les vendredis saints, se fait derrière Marie, et on assiste avec elle le matin de Pâque à la première rencontre avec le Ressuscité.[2] 


[1] J. Riou, S.J., Le culte de la Vierge aux Philippines in Maria - études sur la Vierge Marie - Tome V, p. 667

[2] Cf. Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 435-443

[3] Cf. Le Filippine e la rivoluzione del Rosario, in « Madre di Dio », n° 2, febbraio 1995, p. 1. Clodovis Boff, Mariologia sociale. Il significato della Vergine per la società. BTC 136. Queriniana, Brescia 2007. Biblioteca contemporanea, p. 219. 


F. Breynaert