Pèlerinages marials et oecuménisme

Pèlerinages et oecuménisme de la sainteté

Du 20 au 23 septembre 2004, a eu lieu à Kevelaer (Allemagne), le 4ème Congrès européen des Directeurs de Pèlerinages et Recteurs de Sanctuaires, organisé par le Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement en collaboration avec le Sanctuaire marial de Kevelaer. Le Congrès avait pour thème :

Oecuménisme de la sainteté – Le pèlerinage au début du troisième millénaire.

Y ont participé des représentants de 21 pays d’Europe et trois délégués fraternels.

Nous lisons dans les conclusions du congrès :

1. Le pèlerinage, qui est une démarche privilégiée dans presque toutes les traditions religieuses, devient de plus en plus ‘reconnu’ par les chrétiens, même par ceux qui, pour des raisons historiques, s’en étaient éloignés.

2. Bien qu’encore à un stade initial, des initiatives de pèlerinages œcuméniques se font jour peu à peu en Europe. Elles ont déjà connu parfois une longue expérience. A la suite de leurs fruits positifs, ces initiatives tendent à s’élargir et peuvent, dans certains cas, prendre un caractère officiel.

3. L’élan actuel de l’Europe vers l’unité politique, ainsi que celui vers l’unité des chrétiens, constitue un défi, un signe des temps et un appel de Dieu pour que les personnes et les communautés s’appliquent à mieux découvrir ce qui leur est commun et à mieux respecter ce qui leur est propre. Cela se reflète dans l’élan des chrétiens vers le pèlerinage. En effet, l’œcuménisme aussi est un pèlerinage vers l’unité.

4. Le Congrès reconnaît que, en dépit de quelques expériences, même ‘officielles’, en général les Sanctuaires n’ont pas de programme ou de projet œcuménique.

5. L’expérience du pèlerinage œcuménique pourra se faire et se promouvoir plus facilement peut-être avec une nouvelle génération de chrétiens, mieux préparée aux échanges spirituels. Bien sûr, il ne s’agit pas de tomber dans des extrémismes, c'est-à-dire le relativisme ou le fondamentalisme, mais de se centrer sur l’essentiel commun, où le seul absolu de Dieu se fait Salut de l’homme, en donnant un sens éternel à tout ce qui meurt avec le temps.

6. Pour que les Sanctuaires puissent accomplir leur vocation œcuménique, qui pousse vers la sainteté, il faudra que la foi, l’amour et l’espérance caractérisent au moins tous ceux et celles qui y exercent un ministère d’accueil.

7. L’esprit œcuménique conduira naturellement à la purification de tout ce qui fait obstacle à la vérité et à la charité, soit par la reconnaissance des dons de sainteté que le Seigneur accorde à nos frères et sœurs, soit en éliminant tout geste et toute parole qui pourraient prolonger nos malentendus. Il faut admettre que nous avons beaucoup hérité de préjugés de différents types, dont on ne peut se débarrasser que lentement. En respectant le caractère pénitentiel des pèlerinages, nous élargirons ce qui nous unit et diminuerons ce qui nous sépare. Sur ce chemin, toute communauté s’ouvrira à la connaissance et à la reconnaissance du vrai bien, à l’union qui conduit à la paix.

8. En plus des fondements qui nous unissent, il est certain que les chrétiens, du moins les plus engagés, sont d’accord pour lutter contre certains maux de la société, qui révèlent une culture de la mort, comme la sécularisation, l’apathie, l’indifférence et l’ignorance religieuse, ainsi que le désespoir, fruit d’une absence du sens de la vie.

9. D’autre part, les chrétiens européens sont d’accord sur ce que, seule, une abondante effusion de la miséricorde divine peut donner à notre continent le souffle dont il a besoin pour sa mission auprès de ses voisins les plus pauvres, qui nous envoient la foule de leurs migrants et réfugiés, ou la population gitane. Les Sanctuaires doivent être les hauts lieux de la miséricorde de Dieu et de la solidarité.


Recommandations du Congrès

10. Dans les activités que les chrétiens pourront réaliser ensemble, en occasion et dans les lieux des pèlerinages, on devra découvrir le souffle de l’Esprit. Toute collaboration, même dans les choses les plus matérielles du service des bénévoles, est déjà une certaine manifestation d’unité. Dans l’actuelle situation œcuménique, la prière en commun comme réponse à la Parole de Dieu reste, de toute façon, le signe le plus évangélique de la présence de Jésus parmi nous, tandis que la charité est l’expression nécessaire de la sainteté.

11. Il est proposé d’organiser, ensemble, dans les Sanctuaires, des journées de prière pour certaines intentions communes, telles que la paix, le partage entre pays riches et pauvres, l’unité des chrétiens, la famille, les migrants et les réfugiés et l’Europe elle-même. En certains endroits, la prière pour l’unité devrait se faire plus fréquemment, et le chemin de croix pourrait bien nous purifier de faux jugements et intérêts. D’autres sanctuaires, encore, pourraient suivre l’exemple de certains d’entre eux dans la création d’une école de prière œcuménique qui devient un Cénacle d’unité. Un ministre d’une autre confession pourra même être invité a prêcher dans certains occasions. L’Autorité de l’Eglise particulière pourra aussi mettre à disposition de nos frères qui ne sont pas en pleine communion avec l’Eglise Catholique des lieux du Sanctuaire pour leur culte.

12. Les pèlerins et les chrétiens réunis dans nos Sanctuaires devraient célébrer la mémoire de martyrs, ainsi que de saints et saintes, spécialement des Patrons d’Europe, c’est-à-dire de Benoît, Cyrille et Méthode, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Thérèse Bénédicte de la Croix. Il y a là une dimension œcuménique. Saint Benoît nous aidera particulièrement par son idéal : recevoir l’hôte (du Sanctuaire) comme si c’était Jésus-Christ.

13. Des thèmes pour des Congrès à venir ont été aussi formulés. Les participants aimeraient ainsi traiter prochainement de la présence des croyants d’autres religions, des pèlerinages des jeunes et d’autres groupes, ou encore de la pastorale sacramentelle, spécialement de la réconciliation.

14. Il a aussi été souhaité que soit réalisé un Congrès mondial, que la création ou l’activité des Associations nationales de Recteurs et Directeurs de pèlerinages pourraient bien préparer.

En terminant ce 4ème Congrès, les participants se sont aperçus, sous le regard de la Vierge Très de Kevelaer, Consolatrix afflictorum, Consolatrice des Affligés, que le thème de l’œcuménisme de la sainteté doit être l’un des centres de l’attention pastorale vis-à-vis des pèlerinages en vue d’un effort pour que nos Sanctuaires deviennent, selon la prière de Jésus, des signes clairs de l’unité voulue par le Seigneur, qui a comme fondement un seul Dieu dans le mystère des trois Personnes Divines.

La vision de Marie, Mère de Dieu et première disciple de son Fils, dont la beauté remplit de tendresse nos Sanctuaires, pourra aider à développer un œcuménisme marial.

Il devrait se nourrir de l’acceptation du fait que Marie était toujours à l’écoute de la Parole, parfaitement obéissante dans la foi à la volonté de Dieu, donc modèle et icône de la Eglise et de chaque chrétien.


4ème Congrès européen des Directeurs de Pèlerinages et Recteurs de Sanctuaires, Kevelaer, 23 Septembre 2004

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