La maternité de Marie dans la poésie hongroise

G. Mindszenty (Hongrie 1829-1877), La statue qui parle

Dans la capitale Budapest, se trouve la statue de l'Immaculée. Un prêtre-poète au cœur sensible, Gedeon Mindszenty, imagine que cette statue se met à parler :

Pourquoi suis-je ici où le monde idolâtre, n'aimant que la terre, négligeant son âme, me contemple avec ironie. Il me jette à la figure les débris calcinés de sa foi et les flèches du mépris. Pourquoi suis-je ici dans le vacarme de la nouvelle vie... Le monde céleste n'a pas de place, ici.

A qui parlerai-je ? Aux riches palais ? Moi l'enfant silencieuse de l'humilité ?

Ma voix qui pénètre le cœur de Dieu est étouffée, là, par la bruyante musique.

Partout où ce siècle jette son ombre, les trompètes de l'orgueil y résonnent.

Ici les hommes brûlent dans le feu ardent du Moloch-Volupté. Ils courent, ils se précipitent tournant avec le globe autour du bien-être terrestre, ce soleil éteint où peu à peu le cœur se durcit comme la pierre.

Cette race orgueilleuse n'offre de sacrifice qu'à elle-même.

C'est une nuit qui n'allume d'étoile qu'à soi-même.

Qu'a-t-elle à faire avec moi la Vierge Marie qui berce Dieu dans ses bras ?

Elle rit de ma prière. Et dans son laboratoire de chimie, elle ne travaille que pour ligoter les puissances célestes. Loin d'ici, partons, partons !...

Et pourtant je suis la Mère terrestre. Comment pourrais-je abandonner mes enfants infidèles ?

C'est le Christ qui me confia les hommes aux derniers instants.


Extraits de : G. Mindszenty (1829-1877), La statue qui parle. Cité dans : AL. Csavossy, sj, La Vierge Marie dans la littérature hongroise, dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne Paris 1952, p.152.