Goûter à la bonté (Jean de Gerson 1363-1429)

Jean de Gerson (1363-1429), goûter à la bonté

La « Scientia experimentalis » : goûter la bonté...

Nous lisons dans l'Ecriture : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 34, 9) ; « bon maître » s'exclame le jeune homme riche (Lc 18, 18), etc.

Gerson souligne donc que la volonté est orientée vers le bien par l'expérience de la bonté de Dieu. S'appuyant sur saint Augustin, Pseudo-Denys l'Aréopagite, saint Bernard ou Richard de Saint-Victor, la théologie de Jean de Gerson se nomme « Scientia experimentalis », c'est une étude des expériences contemplatives.

C'est dans cette perspective que nous recevons la piété mariale de Gerson.

La prière mariale de Gerson : une expérience de la bonté.

Voici une prière à Marie par Jean de Gerson :

Tu t'unis à notre cœur et tu parles à notre esprit; aide-nous à mépriser les choses frivoles. Réjouis-toi, o paradis printanier; en toi se fortifie notre regard; par toi la fleur de la beauté; de toi jaillit la source de l'amour et tout ce qui est excellent.

Réjouis-toi, doux rossignol ; ta voix pleine d'amour, ton chant suave, résonne pour les saints comme une délicieuse louange, joie pour les anges.

Réjouis-toi, couronnée de roses, empourprée de toute espèce de fleurs. En demeurant devant le trône, o toute belle, prie pour nous ton doux fils, pour qu'il s'offre à nous comme récompense. O Vierge douce et Mère, que Dieu le Père a choisi, salut, o pleine de grâce ![1]

La « montagne de la contemplation ».

Gerson désire réformer l'Eglise décadente. Il a compris par saint Augustin que la Vierge Marie était devenue mère par la foi l'espérance et la charité, autrement dit par sa vie intérieure et sa contemplation.

Pour encourager chacun sur ce chemin, Gerson écrit, en latin pour les savants et en français pour le peuple (les femmes incluses), La Montagne de la Contemplation.

C'est une description de l'âme suivant trois degrés :

1. Pénitence et acceptation des souffrances de la vie active.

2. Retraite de l'âme qui recherche la solitude et s'humilie volontairement pour s'ouvrir à la grâce.

3. La contemplation de l'âme ouverte et justifiée par la grâce, rendue agréable à Dieu et la joie spirituelle qui en résulte.

Dans la prière à Marie que nous venons de lire, nous retrouvons les premières étapes de cette montagne de la contemplation - « aide-nous à mépriser les choses frivoles » - et le but ultime qui est la joie spirituelle - « délicieuse louange, joie pour les anges ».

N.B. Avec un autre point de départ et un autre style, la spiritualité de la montagne de la contemplation de Jean de Gerson n'est pas si différente de celle de la montagne du carmel (saint Jean de la Croix).


[1] Oeuvres poétiques, 164, éditions Glorieux, vol 4, Tournai 1960s, p. 141


Françoise Breynaert

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