85 - Avec Simon le Zélote au Temple, puis à Gethsémani où se trouve Jean (lundi 5 juillet 27)

Evangiles

Pas de correspondance

Date :

Lundi 5 juillet 27

Lieu :

Jérusalem

 

Vision de Maria Valtorta :

85.1 Jésus est à Jérusalem avec Simon. Ils fendent la foule des marchands et des ânes qui ressemble à une procession dans la rue. Ce faisant, Jésus dit :

« Montons au Temple avant d’aller à Gethsémani. Nous prierons le Père dans sa Maison.

– Cela seulement, Maître ?

– Cela seulement. Je ne puis rester. Demain à l’aube, il y a le rendez-vous à la Porte des Poissons et, si la foule me retient, comment puis-je être libre d’y aller ? Je veux voir les autres bergers. Je les dissémine, ces vrais bergers, à travers la Palestine pour qu’ils rassemblent les brebis et pour que le Maître du troupeau soit connu au moins de nom. Ainsi, quand je dirai ce nom, elles sauront que c’est moi le Maître du troupeau et elles viendront à moi pour se faire caresser.

– Il est doux d’avoir un Maître comme toi. Les brebis t’aimeront.

– Les brebis… mais pas les boucs… Après avoir vu Jonas, nous irons à Nazareth, puis à Capharnaüm. Simon Pierre et les autres souffrent d’une si longue absence… Nous irons leur faire plaisir et nous faire plaisir. L’été aussi nous donne ce conseil. La nuit est faite pour le repos et trop peu nombreux sont ceux qui font passer le repos après la connaissance de la vérité. L’homme… Ah ! L’homme ! Il oublie trop qu’il a une âme. Il ne pense qu’à la chair et ne se soucie que d’elle. De jour, le soleil est brûlant. Il empêche de voyager et d’enseigner sur les places et dans les rues. Il fait sommeiller les âmes comme les corps, tellement il les fatigue. Alors… allons enseigner mes disciples. Là, dans la douce Galilée, verte et aux eaux fraîches. 85.2 Tu n’y es jamais allé ?

– Une fois, en passant et en hiver, dans un de mes pénibles déplacements d’un médecin à l’autre. Elle m’a plu…

– Oh ! Elle est belle, et en toute saison. En hiver et plus encore aux autres saisons. Maintenant, en été, elle a des nuits tellement angéliques… Oui, elles semblent faites pour que s’y déploient des vols d’anges, tant elles sont pures. Le lac… le lac, dans son cadre de montagnes plus ou moins proches semble fait pour parler de Dieu aux âmes qui le cherchent. C’est un morceau de ciel tombé dans la verdure, et le firmament ne l’abandonne pas, mais s’y mire avec ses astres et en multiplie ainsi le nombre… comme pour les présenter au Créateur, disséminés sur une plaque de saphir. Les oliviers descendent presque jusqu’aux eaux et sont pleins de rossignols. Eux aussi chantent leur louange au Créateur qui les fait vivre à cet endroit si doux et si tranquille.

Et ma ville de Nazareth ! Elle s’offre au baiser du soleil, toute blanche et verte, riante, entre les deux géants du grand et du petit Hermon et le piédestal des monts qui soutiennent le Thabor, piédestal aux douces pentes toutes vertes qui dressent en face du soleil leur Thabor souvent neigeux, mais si beau quand le soleil en enveloppe le sommet ! Il prend alors des couleurs d’albâtre teinté de rose, pendant que, en face, le mont Carmel se change en lapis-lazuli à certaines heures de grand soleil où les marbres, les eaux, les bosquets et les prés y dessinent des veines de couleurs variées, et une délicate améthyste au lever du jour ; puis un béryl bleu-violet vers le soir, et un seul bloc de sardoine quand la lune le montre tout sombre sous sa lumière argentée et laiteuse. Et, en bas, au midi, se trouve le tapis fertile et fleuri de la plaine d’Esdrelon.

Et puis… et puis, oh ! Simon ! Il y a là bas une fleur ! C’est une fleur qui vit dans la solitude en exhalant pureté et amour pour son Dieu et pour son Fils : il y a ma Mère. Tu feras sa connaissance, Simon, et tu me diras s’il est sur la terre une créature comme elle, même en fait de grâce humaine. Elle est belle, mais ce qui émane de son intérieur surpasse toute cette beauté. Si un homme brutal la dévêtait, la balafrait et la renvoyait errante, elle aurait encore tout l’aspect d’une reine en robe royale, car sa sainteté la revêtirait d’un manteau de splendeur. Le monde pourra bien me faire tout le mal possible, je lui pardonnerai tout parce que pour venir au monde et le racheter, je l’ai eue, elle, l’humble et grande Reine du monde. Le monde l’ignore, mais c’est par elle qu’il a eu le Bien et qu’il l’aura encore davantage au cours des siècles.

Nous voici au Temple. Nous observons la forme judaïque du culte, mais, en vérité, je te dis que la vraie Maison de Dieu, l’Arche Sainte, c’est son cœur, dont le voile est sa chair très pure, sur laquelle ses vertus tissent une merveilleuse broderie. »

85.3 Ils sont entrés et traversent un premier palier. Ils passent par un portique et se dirigent vers un second palier.

« Maître : regarde là-bas Judas au milieu d’un groupe de gens ! Il y a aussi des pharisiens et des membres du Sanhédrin. Je vais écouter ce qu’il dit. Me laisses-tu y aller ?

– Va, je t’attendrai près du Grand Portique. »

Simon part rapidement et se place de façon à entendre, mais sans être vu…

Judas parle avec beaucoup de conviction :

« … et il y a ici des personnes que tous vous connaissez et respectez, qui peuvent dire ce que j’étais. Eh bien, je vous dis que lui, il m’a changé. Je suis le premier racheté. Beaucoup d’entre vous vénèrent Jean-Baptiste. Lui aussi le vénère et l’appelle “ le saint, pareil à Elie pour sa mission, mais encore plus grand qu’Elie. ” Donc, si tel est Jean-Baptiste, il ne peut être que le Messie, celui que Jean-Baptiste appelle “ l’Agneau de Dieu ” en jurant qu’en raison de sa sainteté, il l’a vu couronné du Feu de l’Esprit de Dieu, tandis qu’une voix venue du Ciel le proclamait : “ Fils bien aimé de Dieu qu’il faut écouter ” … Et il l’est. Je vous le jure. Je ne suis pas un rustre, ni un sot. C’est bien lui. Je l’ai vu à l’œuvre, j’ai entendu ses paroles et je vous dis : c’est lui le Messie. Le miracle lui obéit comme un esclave obéit à son maître. Maladies et malheurs disparaissent sans laisser de traces et se changent en joie et santé. Et les cœurs changent encore plus que les corps. Vous le voyez chez moi. N’avez-vous pas de malades, de peines à lui présenter ? Si oui, venez demain à l’aube à la Porte des Poissons. Il y sera et vous satisfera. En attendant, voilà : en son nom, je donne aux pauvres ce secours. »

Judas distribue alors des pièces de monnaie à deux estropiés et à trois aveugles et pour finir oblige une petite vieille à accepter les dernières pièces.

85.4 Puis il congédie la foule et reste avec Joseph d’Arimathie, Nicodème et d’autres qui me sont inconnus.

« Ah ! Maintenant, je vais bien ! S’exclame Judas. Je n’ai plus rien et je suis comme il le veut.

– Vraiment, je ne te reconnais plus. Je croyais que c’était une plaisanterie, mais je vois que tu agis sérieusement, s’exclame Joseph.

– Très sérieusement. Je suis le premier à ne pas me reconnaître ! Je suis encore une bête immonde par rapport à lui, mais j’ai déjà changé.

– Et tu n’appartiendras plus au Temple ? demande l’un des auditeurs qui me sont inconnus.

– Ah non ! J’appartiens au Christ. Celui qui s’en approche, à moins d’être une vipère, ne peut que l’aimer et ne désire plus que lui.

– Il ne viendra plus ici ? demande Nicodème.

– Bien sûr que si, il reviendra. Mais pas maintenant.

– Je voudrais l’entendre.

– Il a déjà parlé ici, Nicodème.

– Je le sais. J’étais avec Gamaliel… je l’ai vu… mais je ne me suis pas arrêté.

– Nicodème, qu’a dit Gamaliel ?

– Il a dit : “ C’est quelque nouveau prophète. ” Rien d’autre.

– Et tu ne lui as pas rapporté ce que, moi, je t’ai dit, Joseph ? Tu es son ami…

– Je l’ai fait, mais il m’a répondu : “ Nous avons déjà Jean-Baptiste et, selon l’enseignement des scribes, il doit se passer au moins cent ans entre lui et le Messie pour préparer le peuple à la venue du Roi. Moi, je dis qu’il en faut moins, a-t-il ajouté, car les temps sont désormais accomplis. ” Et il a dit enfin : “ Cependant, je ne peux admettre que le Messie se manifeste ainsi… Un jour, j’ai cru que la manifestation du Messie était commencée parce que sa première lueur avait été vraiment un éclair céleste. Mais après… il s’est fait un grand silence et je pense m’être trompé. ”

– Essaie d’en parler encore. Si Gamaliel était avec nous, et vous avec lui…

– Je ne vous le conseille pas, objecte l’un des trois inconnus. Le Sanhédrin est puissant et Hanne le domine avec ruse et avidité. Si ton Messie veut vivre, je lui conseille de rester dans l’ombre. A moins qu’il ne s’impose par la force. Mais dans ce cas, il y a Rome…

– Si le Sanhédrin l’entendait, il se convertirait au Christ.

– Ha, ha, ha ! S’exclament en riant les trois inconnus. Judas, nous te croyions changé, mais encore intelligent. Si ce que tu dis de lui est vrai, comment peux-tu penser que le Sanhédrin le suive ? Viens, viens. Joseph ! Cela vaut mieux pour tous. Que Dieu te protège, Judas, tu en as besoin. »

Et ils s’en vont. Judas reste seul avec Nicodème.

85.5 Simon s’éclipse et revient vers le Maître.

« Maître, je m’accuse d’avoir commis une calomnie, en paroles et dans mon cœur. Cet homme me désoriente. Je le prenais presque pour ton ennemi, or je l’ai entendu parler de toi en des termes tels que peu d’entre nous le font, spécialement ici où la haine pourrait supprimer d’abord le disciple, puis le Maître. Et je l’ai vu donner de l’argent aux pauvres et chercher à convaincre des membres du Sanhédrin…

– Tu l’as vu, Simon ? Je suis content que tu l’aies vu en pareille circonstance. Tu le répèteras aux autres quand ils l’accuseront. Bénissons le Seigneur pour cette joie que tu me donnes et pour ton honnêteté d’avouer avoir péché, ainsi que pour le travail du disciple que tu croyais malfaisant, mais qui ne l’est pas. »

Ils prient longuement puis ils sortent.

« Il ne t’a pas vu ?

– Non. J’en suis sûr.

– Ne lui en parle pas. C’est une âme très malade. Un éloge lui ferait l’effet d’une nourriture donnée à un convalescent en proie à une grande fièvre stomacale. Elle le rendrait pire, car il se glorifierait d’avoir été remarqué. Et là où entre l’orgueil…

– Je me tairai. 85.6 Où allons-nous ?

– Retrouver Jean. A cette heure de chaleur, il sera à la maison de l’Oliveraie. »

Ils s’y rendent rapidement, en cherchant de l’ombre par les rues que chauffe un soleil ardent. Ils dépassent le faubourg poussiéreux, traversent la Porte des Remparts, sortent dans la campagne éblouissante, puis vont de là à l’oliveraie, et enfin à la maison.

Dans la cuisine fraîche et sombre grâce à la toile qui couvre la porte, se trouve Jean. Il sommeille, et Jésus l’appelle :

« Jean !

– Toi, Maître ? Je t’attendais ce soir.

– Je suis venu plus tôt. Comment t’es-tu occupé, Jean ?

– Comme un agneau qui a perdu son berger. Je parlais à tout le monde de toi, parce que parler de toi, c’était déjà un peu comme si tu étais là. J’ai parlé à certains parents, à des connaissances, à des étrangers. A Hanne, aussi… Et à un estropié dont je me suis fait un ami avec trois deniers. On me les avait donnés et je les lui ai offerts. Et encore à une pauvre femme de l’âge de ma mère, qui pleurait dans un groupe de femmes sur le pas d’une porte.

Je lui ai demandé : “ Pourquoi pleures-tu ? ”

Elle m’a répondu : “ Le médecin m’a déclaré : ‘ Ta fille est phtisique. Résigne-toi. Elle mourra au début d’octobre. ’ Je n’ai qu’elle : elle est belle, bonne, elle a quinze ans. Elle devait se marier au printemps, et au lieu du coffre de noces, c’est sa tombe que je dois préparer. ”

Je lui ai dit : “ Je connais un Médecin qui peut te la guérir, si tu as la foi. ” – “ Plus personne ne peut la guérir. Trois médecins l’ont vue. Elle crache déjà du sang. ”

“ Le mien, ai-je dit, n’est pas un médecin comme les tiens. Il ne soigne pas au moyen de remèdes, mais par sa puissance. C’est le Messie… ”

Une petite vieille, alors, lui a lancé : “ Oh ! Crois, Elise ! Je connais un aveugle qui a recouvré la vue grâce à lui ! ”

Alors la mère est passée de la défiance à l’espoir et elle t’attend… Ai-je bien agi ? Je n’ai fait que cela.

– Tu as bien agi. Et, ce soir, nous irons chez tes amis. Quant à Judas, tu ne l’as plus vu ?

– Non, Maître. Mais il m’a envoyé de la nourriture et de l’argent que j’ai donnés aux pauvres. Il m’a fait dire de les utiliser à mon gré, car ils étaient à lui.

– C’est vrai. Jean, demain nous partons pour la Galilée…

– J’en suis heureux, Maître. Je pense à Simon Pierre. Comme il doit t’attendre ! Nous passons aussi par Nazareth ?

– Oui, et nous nous y arrêterons pour attendre Pierre, André et ton frère Jacques.

– Oh ! Nous restons en Galilée ?

– Nous y restons quelque temps. »

Jean en est tout heureux. Et tout se termine sur la vision de son bonheur