Ce que l'on a voulu dire par Corédemptrice

Ce que l'on a voulu dire par Corédemptrice

L'origine du titre

Ce titre est d'invention relativement récente[1]. On le trouve pour la première fois dans une hymne anonyme du XVe siècle, où il est expliqué par ces mots : "ayant souffert avec le Rédempteur" [...] Lorsque les progrès de la théologie de la rédemption ont permis de comprendre que Marie n'avait pas seulement mis au monde le Sauveur, mais s'était unie à son sacrifice pour le salut de l'humanité, un nouveau terme était attendu pour désigner cette collaboration. Le mot Corédemptrice répond à ce changement de perspective.[2]

Ce que l'on a voulu dire par ce titre

Corédemptrice marque la différence entre Marie et son fils : le Christ n'est pas Corédempteur mais Rédempteur. La corédemption implique une collaboration, un apport secondaire à une œuvre dont le Sauveur est le principal artisan, et même en un certain sens le seul artisan, puisque lui seul porte le titre de Rédempteur. [...] En outre, tous les hommes sont appelés à devenir des corédempteurs. La grandeur et la noblesse de la mission de Marie nous aident à discerner celles de la mission de l'Eglise et du chrétien.[3]

Un certain fondement biblique

Le terme de Corédemption peut d'ailleurs revendiquer, d'une certaine façon, un fondement biblique. En effet, pour définir l'état du chrétien, saint Paul a forgé des mots de structure analogue ; par le baptême, nous sommes "co-ensevelis" avec le Christ (Rm 6, 4) ; par la foi nous sommes déjà "co-ressuscités" avec lui (Col 2,13 ; 3,1 ; Ep 2,6). Il est vrai que cette communion de destin avec le Christ vise un état opéré par Dieu en nous, plutôt qu'une action de notre part : ainsi la co-résurrection est accomplie par le Père, comme l'était d'ailleurs la résurrection de Jésus. Mais Paul affirme également notre communion à l'activité du Christ et de Dieu en vue du salut de l'humanité. Il n'hésite par à déclarer, en se référant à ses activités apostoliques : "Nous sommes les coopérateurs de Dieu" (1 Co 3, 9).

En soi, l'expression est audacieuse. Paul avait profondément conscience de la distance infinie qui sépare Dieu de l'homme, et néanmoins il affirme une vraie coopération de l'apôtre avec Dieu. Si l'on ajoute que tout chrétien est appelé à une mission apostolique, on doit reconnaître que tout chrétien doit coopérer avec Dieu à l'œuvre rédemptrice. Le mot "corédempteur" n'est pas plus hardi que celui de "coopérateur de Dieu" ; il lui est plus ou moins équivalent.

Conclusion

Telle est la perspective dans laquelle s'applique à Marie le terme de Corédemptrice. Tout en précisant que chez elle le titre a une valeur unique et supérieure, on le lui attribue en gardant devant les yeux l'horizon d'une Eglise corédemptrice et de chrétiens engagés dans une tâche de corédemption. »[4]


[1] Sur l'origine et l'histoire du titre, cf. R. LAURENTIN. Le titre de Corédemptrice, Etude historique, Rome-Paris 1951.

[2] Ibid. p. 237-238

[3] Ibid. p. 239

[4] Ibid. p. 240-242


e_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Disciple puis apôtre du Seigneur Jésus, il est témoin de sa transfigurat..." class="definition_texte">Jean GALOT, Dieu et la femme, Louvain 1986, p. 237-242,

Extraits synthétisés par F. Breynaert