26 décembre : Synaxe de la Mère de Dieu (byzantine)

26 décembre : Synaxe de la Mère de Dieu (byzantine)

L'Eglise byzantine célèbre la Mère de Dieu le lendemain de Noël[1].

Après avoir offert hier avec les Anges, les Mages et les Bergers notre adoration au Dieu fait homme et né petit-enfant pour notre Salut, il convient de rendre hommage aujourd'hui à Sa Mère, la Toute Vierge Marie. L'Eglise nous la présente auprès de son enfant dans la grotte, à la fois comme l'instrument choisi et préparé par Dieu dans toutes les générations pour l'accomplissement du grand mystère de Son Incarnation, et aussi comme la «nouvelle Eve», la première et la plus éminente représentante du genre humain renouvelé.

Quelques extraits des textes liturgiques :[2]

Kondakion :

Celui que le Père engendre avant l’aurore sans mère dans le ciel

Sans père s’incarne de toi sur la terre en ce jour ;

Un astre en donne aux mages la bonne nouvelle,

Tandis que les Anges en compagnie des bergers

Chantent ton pur enfantement,

Vierge comblée de grâce par Dieu.

Ikos :

« La vigne mystique ayant produit sans labours le Raisin de la vie, comme sur des branches, en ses bras le portait, lui disant : Tu es mon fruit, tu es ma vie, tu es mon Dieu, par toi j’ai su que je demeure ce que j’étais ; voyant en effet que le sceau de ma virginité n’est pas brisé, je proclame que tu es le Verbe immuable devenu chair.

Je n’ai pas connu les semailles et je sais que tu m’affranchis de la corruption, car je suis pure après ta sortie de mon sein : comme tu l’as trouvé, tu l’as laissé.

Aussi l’entière création partage mon allégresse et me crie : Réjouis-toi, ô Vierge comblée de grâce par Dieu. »

Méditation [3]

Une seule Personne naît d'elle, le Dieu-homme (Théanthropos): sans mère selon Sa nature divine et sans père selon sa nature humaine. Il unit si étroitement ce qui était séparé par un gouffre infranchissable que, sans se confondre, les propriétés de la nature divine et celles de la nature humaine s'échangent en Lui de manière ineffable. Tout comme lorsqu'on plonge dans le feu une pièce de fer, le feu reçoit du fer la solidité et le fer est recouvert de la chaleur et de la lumière du feu, de même ici, la Divinité souffre volontairement la faiblesse de la chair et l'humanité est revêtue de la gloire de Dieu; de sorte qu'on peut célébrer en toute vérité la Très comme vraiment MERE-DE-DIEU (Théotokos)[3].

Le petit enfant couché dans la crèche n'est pas en effet un simple homme appelé à recevoir par la suite la grâce divine en récompense de ses vertus, comme les Saints, ou comme les Prophètes, un élu de Dieu, ou encore un homme divinisé (théophore); mais Il est véritablement le Verbe, la seconde Personne de la Trinité, qui a pris sur Lui l'humanité pour la renouveler, pour la recréer et restaurer en Lui-même l'image de Dieu ternie et déformée par le péché.


Paradis spirituel du «Second Adam», Temple de la Divinité, Pont qui relie la terre au Ciel, Echelle par laquelle Dieu descend sur la terre et l'homme remonte au Ciel, la Mère-de-Dieu est devenue plus vénérable que les Chérubins, les Séraphins et toutes les Puissances célestes; en abritant le Christ son sein est apparu «plus vaste que le ciel», car il est désormais le Trône de Dieu.

Grâce à elle, l'homme est élevé plus haut que les Anges et la gloire de la Divinité resplendit dans le corps.

Devant un tel mystère, l'esprit humain, pris de vertige, préfère se prosterner dans le silence et la foi, «car là où Dieu le veut l'ordre de la nature est vaincu»[4].

Avec Joseph, le Silencieux, éclairé par l'étrange lumière qui brillait dans les ténèbres de la grotte, il contemple la Toute assise, paisible et radieuse auprès de l'Enfant qu'elle avait elle-même emmailloté et déposé dans la crèche.

Aucune trace en elle des douleurs de l'enfantement et de l'abattement qui le suit chez les autres femmes: il convenait en effet que celle qui, vierge dans son âme et dans son corps, n'a pas conçu dans le plaisir, n'enfantât pas non plus dans la douleur.

Vierge avant la conception, vierge dans l'enfantement et vierge à jamais après la naissance du Sauveur, elle annonçait ainsi aux femmes la joie et la délivrance de la malédiction portée sur Eve, la première mère, le jour de la transgression (Gen. 3:16).

Un nouveau mode d'existence s'ouvre pour la nature humaine: car de même que Dieu a choisi la virginité pour naître corporellement en ce monde, de même c'est par la virginité qu'Il veut apparaître et grandir de manière spirituelle dans l'âme de chaque Chrétien qui suivra dans sa vie le modèle de la conduite de la Mère-de-Dieu.


[1] Extrait de : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsdecembre/dec26.html

[2] Extraits de : Guillaume Denis, Le Spoutnik : Nouveau Synecdimos, Diaconie Apostolique, Parme 1997 ; Paris 2001, p. 858

[3] Extrait de : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsdecembre/dec26.html

[4] Il est probable que cette fête de la Mère de Dieu a été instaurée pour confondre les Nestoriens, qui lui refusaient le titre de Théotokos, en soutenant qu'elle avait enfanté un simple homme oint (christ) de la grâce de Dieu, comme les autres prophètes et hommes sanctifiés.

[5] St Grégoire le Théologien, Discours 38 sur la Nativité.


Présentation F. Breynaert