L'Annonciation selon les auteurs médiévaux

Méditations du Moyen âge sur l'Annonciation

Comme saint Irénée au II° siècle, saint Bernard en Occident (XII° siècle) et saint Nicolas Cabasilas en Orient (XIV° siècle) excellent à contempler Marie dans le vaste plan du salut.

Les saints et les docteurs du Moyen âge, à la suite des Pères de l'Eglise, comprennent l'Incarnation comme des noces entre Dieu et la nature humaine, et entre le Christ et chacun de nous.

Le Moyen âge voit l'islam se répandre, et avec lui la version coranique de l'annonciation où l'ange n'attend pas le consentement de Marie car c'est par un décret irrévocable qu'est conçu "Issa" (qui n'est plus Jésus, YHWH sauve).

Au contraire, les chrétiens apportent une attention particulière au vécu intérieur de la Vierge Marie et à sa liberté, par exemple : Avait-elle fait un vœu de virginité ? Avait-elle une volonté forte et méritoire ? Etait-elle humble ? Comment Dieu a-t-il respecté sa conscience féminine ? Comment a-t-elle donné son consentement ? Comment a-t-elle été habitée par le « Bel amour » ?

Saint Bernard de Clairvaux résume avec talent cette riche méditation chrétienne. En créant la liberté, Dieu, d'une certaine manière, s'est rendu dépendant de l'homme. Son pouvoir est lié au « oui » non forcé d'une personne humaine. Ainsi Bernard montre comment, au moment de la demande à Marie, le ciel et à la terre, pour ainsi dire, retiennent leur souffle. Dira-t-elle oui ? Elle tergiverse... Peut-être son humilité lui sera-t-elle un obstacle ? Pour cette unique occasion, lui dit Bernard, ne sois pas humble, mais magnanime ! Donne-nous ton « oui » ! C'est là le moment décisif où de ses lèvres, de son cœur, vient la réponse : « Qu'il m'advienne selon ta parole ». C'est le moment de l'obéissance libre, humble et en même temps magnanime, où se réalise la décision la plus haute de la liberté humaine.[1]


[1] J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 58

Introduction par F. Breynaert