Le gouffre (apparition de Kibeho)

Le gouffre (apparition de Kibeho)

Le 20 mars 1982, l'apparition évoque la damnation éternelle de ceux qui n'obtiennent pas le pardon :

Dans le voyage mystique d'Alphonsine, le 20 mars 1982, Alphonse voit un endroit très effrayant. Elle a rencontré là des personnes au visage particulièrement triste et sombre, qui donnaient l'impression de se disputer sans cesse. « Il s'agit de ceux qui souffriront éternellement et n'obtiendront pas le pardon. »[1] La mention « éternellement » désigne les fins dernières (l'enfer).

Par la suite, l'apparition évoque aussi une autre réalité, tout-à-fait terrestre.

La Vierge Marie demande à Nathalie le 6 juillet 1982 : « Tu dois contribuer au salut de beaucoup d'hommes tombés dans le gouffre. Je te charge de les retirer de là en collaborant avec moi. »[2] Il ne s'agit pas ici de l'enfer, mais du gouffre des malheurs terrestres. Et dans le voyage mystique de Nathalie le 30 octobre 1982, la zone qui s'appelle « lieu de punition », réservé pour les gens « qui ne veulent rien entendre » [3] ne signifie pas l'enfer[4].

Le 15 août 1982, Marie a dit à Alphonsine qu'elle avait été déçue par les gens qu'Elle était venue sauver, et qui avaient refusé son aide. Elle a avoué avec douleur, que beaucoup d'entre eux voudront écouter le message de Kibeho, mais il sera trop tard, parce qu'ils n'auront plus rien à sauver. Son apparition s'est terminée par un appel à la conversion : « Repentez-vous, sinon... » Marie n'a pas terminé cette phrase[5]... Et l'apparition a fait voir, contre toute attente, les conséquences terrestres du manque de conversion par la vision macabre et effrayante du sang et des cadavres comme conséquence temporelle.

Un message pour le Rwanda et pour le monde entier :

Au moment du génocide, où, en l'espace de 100 jours, plus d'un million de vies humaines innocentes ont péri, le gouffre annoncé a été perceptible.

Or, ce gouffre avait une cause spirituelle et il était fondée sur une fausse doctrine, sur « une sotériologie laïque », c'est-à-dire sur le refus d'être sauvé "d'en haut" par le Christ rédempteur, et sur l'illusion d'être sauvé par soi : la machine de mort a été actionnée par le gouvernement dit des "Abatabazi" (un titre éloquent qui signifie "Sauveurs") ![6]

Le désir d'un groupe d'hommes de se présenter comme les « sauveurs » (mais sans Jésus, évidemment), n'est pas un désir propre aux Abatabazi du Rwanda en 1994... Nous trouvons de tels désirs dans beaucoup de groupes humains et dans le monde entier...

C'est pourquoi les messages de Kibeho sont « une leçon pour tout le monde, et pas seulement pour les Rwandais »[7].

Le 29 octobre 1983, Nathalie a répété les paroles de son dialogue avec la Dame de Kibeho :

« Marie, vous ne cessez d'intercéder pour nous tous les jours et vous avez dû faire ce voyage pour venir nous avertir, en nous montrant le vrai chemin à suivre qui nous libère du péché, un chemin qui nous délivre du gouffre creusé pour nous. » [8]


[1] A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 101

[2] Paroles prononcées le 6 juillet 1982. Citées dans : A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 47

[3] A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 195

[4] A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 196

[5] A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 382

[6] Cf. L'Eglise et la société rwandaise face au génocide et aux massacres. Dix ans après. Actes du colloque. Ed. A. Gasana. Kigali 2004.

[7] Interview d'Alphonsine MUMUREKE par A. Dzieduszycka, Abidjan 2006, p. 1. Citée par Andrzej JAKACKI, SAC, Apparitions de la « Mère du Verbe » à Kibeho. Pallotti-Presse, Kigali 2013, p. 278

[8] A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 387

Synthèse Françoise Breynaert

Les apparitions de Kibeho ont été reconnues en 2001

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