Les apparitions d’Alphonsine

Les apparitions d’Alphonsine

Alphonsine Mumureke avait eu des difficultés pour pouvoir entrer au collège, pour y trouver une place, et pour rattraper le retard des premières semaines qu’elle avait manquées. Elle avait ensuite eu quelques évanouissements, et subi quelques moqueries.

28 novembre 1981 : « Je viens te consoler »

La première apparition a eu lieu le samedi 28 novembre 1981, autour de 12h 35, dans le réfectoire. Ses compagnes racontent qu’elles l’ont vue se lever soudainement, se diriger dans l’allée centrale pour se mettre à genoux, les yeux dirigés quelque part, en un point fixe.

Alphonsine explique qu’elle entendit une voix qui l’appelait avec tendresse en disant :

« Mwana » (enfant)

Elle répondit, encore que timidement en disant :

« Me voici ».

Transportée dans un autre lieu, bien éclairé, elle aurait vu un nuage un nuage tout blanc, duquel sortit un personnage mystérieux avant l’apparence d’une dame inconnue, mais très belle. Alphonsine demande :

« Qui es-tu femme ? »

Et la Dame de répondre :

« Je suis la mère du Verbe. »

Un dialogue s’engagea… La Dame demanda :

« Dans ton existence, qu’est-ce que tu tiens le plus en estime ? »

Alphonsine répondit à peu près ceci :

« J’aime Dieu et sa mère qui a mis au monde un Rédempteur. »

La Dame reprend :

« Vraiment ! »

Alphonsine dit

« Oui, c’est bien ainsi ».

La Dame déclare alors :

« S’il en est ainsi, je viens te consoler, car j’ai exaucé tes prières. Je veux que tes compagnes aient la foi, car elles n’en ont pas suffisamment. »

1er et 2 décembre : tendresse, chant et danse

Le 1er décembre, l’apparition a lieu un mardi soir, dans le dortoir, et la Vierge donne à Alphonsine un ruban blanc.

Le 1er et le 2 décembre, la Dame promet à Alphonsine de lui donner une petite fleur dans trois mois que l’on ne pourra ni briser ni trouer. Il semble que « la fleur » corresponde à l’être humain, comme dans les séances de bénédictions (voir plus loin). Peut-être que le fait qu’elle ne puisse pas être troué soit une consolation liée au fait que le 4 décembre, pour vérifier la réalité des apparitions, on enfonça une aiguille profondément dans le muscle du bras. Elle ne ressent rien pendant l’apparition, mais elle le ressent ensuite ! Ces tests cesseront.

Le 2 décembre, la Vierge aurait enseigné à Alphonsine un beau chant jamais entendu, et puis un chant de danse. Le chant et la danse deviendront peu à peu une des caractéristiques de phénomènes de Kibeho.

Le 16 janvier 1982 : le rite d’eau

Alphonsine aurait eu une vision d’un champ de fleurs très variées, plantées par la Vierge qui l’aurait invité à aller se promener ensemble à travers ce champ. A propos des fleurs rabougries ou fanées, la Vierge aurait déclaré : il y en a qui deviendraient luxuriantes si on leur donnait de l’eau.

Et la voyante de répondre sur le ton d’engagement personnel : O Mère, bien que chez nous il faille faire un bon bout de chemin pour aller puiser de l’eau, je ferai mon possible pour puiser de quoi les arroser ! »

Par la suite, s’instaura un rite de bénédiction avec l’eau bénite. L’eau bénite chasse le Démon, et surtout favorise la croissance des « fleurs », c’est-à-dire la croissance spirituelle des personnes.

Le 20 mars 1982 : le voyage mystique

Le 20 mars, Alphonsine fait un « voyage mystique ». Elle était comme plongée dans un sommeil très profond. Les autres avaient de sérieuses difficultés à la bouger, encore plus à la soulever ou à desserrer ses mains jointes. Cette lourdeur a beaucoup étonné. Alphonsine raconte :

J’ai entendu la Vierge m’appeler, et j’ai répondu à son appel. […]

Nous sommes parties et nous avons abouti à un endroit vraiment horrible : il y avait des gens d’un air lugubre, en train de se disputer et de se battre sans cesse.

Et puis nous avons continué à monter et nous sommes arrivés dans un autre endroit. Là, il faisait moins obscur ; mais horrible tout de même, jusqu’à un certain degré. Les gens n’avaient pas l’air aussi lugubres que les premiers, néanmoins, ils souffraient beaucoup tout en se tenant pieusement, avec les yeux tournés vers en-haut et pleins de tristesse.

Enfin, continuant toujours à monter, nous sommes arrivés à un endroit magnifique, où il y avait une lumière excellente, mais comme celle que projette notre soleil habituel. C’est un lieu très beau ; là, il ne fait ni chaud ni froid.
Alors je lui ai demandé comment s’appelait ce lieu-là, et Elle me répondit :

« c’est la demeure de ceux qui ont un cœur de lumière ».

Là où les hommes souffrent mais se tiennent pieusement, avec les yeux tournés vers le haut, c’est chez « ceux qui seront comptés parmi les Elus ».

Par contre, là où tu as vu des gens qui ne faisaient que se battre, il s’agit de « ceux qui connaîtront éternellement des tourments, sans espérer obtenir le pardon. »

Entre temps, j’entendais continuellement de très belles voix lointaines qui chantaient, mais sans que je puisse voir de qui elles provenaient. […] Lui ayant demandé pourquoi elle m’avait emmené là, Elle me répondit :

« Puisque tu as vu ces trois catégories, je peux espérer que tu feras ton possible pour attirer les hommes dans le bon chemin. De plus, je te les ai montrées afin que tu apprennes que la meilleure vie est celle qui viendra, après que l’homme aura quitté la terre. »

Effectivement, vivre dans le confort sans se soucier, déjà ici bas, de ce qui concerne notre Créateur, c’est une perte de temps.

D’autres apparitions ont suivi, notamment le 15. 08.82, avec les autres voyantes.


Mgr Augustin MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Facultés catholiques de Kinshasa, 1991, p. 21-38. 88-91 et 94-104. Extraits par F. Breynaert.

Les apparitions de Kibeho ont été reconnues en 2001.

Lire plus sur les appairitions de Kibeho.