Michel Psellos (1018-1080)


 

Michel Psellos (1018-1080), né Constantin Psellos, est un brillant philosophe de sensibilité néoplatonicienne, théologien et haut fonctionnaire byzantin qui a eu une grande influence, à la fois dans son siècle et par ses écrits. Plusieurs de ses homélies sont dédiés à la Vierge Marie.

 

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Constantin Psellos est né à Byzance. Ayant fait de brillantes études à Constantinople, il fréquente de nombreuses personnalités, notamment à la cour de l'empereur Michel V le Calfat (de 1041-1042), puis, de 1042-1055, à la cour de l'empereur Constantin IX Monomaque (1042-1055). En1045, il obtient la chaire de philosophie (consul des philosophes) que Constantin vient de restaurer, et fréquente Jean Mavropous, Nicétas de Byzance, Constantin Likhoudès, Jean Xiphilin de Trébizonde et Isaac Comnène (futur empereur).

Le schisme de l’Église byzantine

Constantin (futur Michel) Psellos a courageusement soutenu le Pape contre les tenants du schisme de l'Église byzantine.

En 1054, a lieu l'excommunication de Michel (Keroularios) Cérulaire par les légats du pape Léon IX. Kéroularios réunit alors un synode qui se prononce contre la bulle pontificale. Ce schisme oblige l'empereur Michel VI Stratiotikos à abdiquer. Michel Psellos prend parti courageusement contre Michel Cérulaire, et il est aussitôt en disgrâce à la cour.

Il entre alors dans les ordres au couvent du mont Olympe de Bithynie, sous le nom de Michel. En 1055-1056, l'impératrice Théodora le rappelle à la cour. Il est responsable d'une nouvelle chaire, mais subit une nouvelle disgrâce temporaire sous le règne de l’empereur Constantin X Doukas (1071-1078) . Sous le règne de Michel VII Doukas Parapinace (1071-1078), son ancien étudiant, fils de Constantin X Psellos reste en retrait. Il meurt peu de temps après, en 1078, sous le règne de Nicéphore III Botaniatès, dont il est ignoré.

Une œuvre diversifiée

Son œuvre encyclopédique est à la fois celle d'un philosophe et d'un théologien. Polygraphe et très actif dans la vie intellectuelle politique et religieuse, il a écrit sur ces sujets de nombreux ouvrages, souvent de circonstance. Panégyriques, blâmes d'hommes de son entourage ; oraisons funèbres (Jean Xiphilin) ; questions théologiques (sur l'impeccabilité de la Vierge, sur la procession de l'Esprit-Saint) ; remarques sur Basile, Grégoire de Nysse ou Jean Chrysostome, sur les dogmes ou le Cantique des cantiques ; homélies sur l'Annonciation ou les miracles. Mais il est aussi un remarquable philosophe, et peut être l’une des origines du courant néoplatonicien de la Renaissance italienne, qui s'est propagé dans tout l'Occident:

"Je me suis dirigé, écrit-il, vers Plotin, Porphyre et Jamblique pour m'arrêter à l'admirable Proclus comme dans un vaste port. C'est lui qui m'a fourni la science."

De  Proclus, philosophe néoplatonicien du Vès qu'il affectionne tout particulièrement, il ajoute :

"Mon seul mérite consiste en ce que j'ai recueilli quelques doctrines philosophiques puisées à une source qui ne coulait plus." Il veut ôter "l'enveloppe profane et exhumer l'esprit qui y est caché et qui luit comme une perle".

C'est ainsi que, alors qu’il est maître de l'université, il réorganise les études selon le livre VI de la République de Platon. Au trivium il ajoute le quadrivium, avec les sciences énumérées par le livre VI. Mais on verra que ces sciences conduisent tout droit à Aristote. Il y a donc chez Psellos la reconnaissance du rôle de la raison et des sciences dans l'explication des faits (il s'oppose ainsi à la magie de Cérulaire). Psellos reconnaît cependant également le rôle essentiel de l'allégorie pour traiter des choses divines.

Ses écrits sur la Vierge Marie

Michel Psellos a écrit plusieurs homélies sur la Vierge Marie, dans un style très pur. Il a donné un point de vue sur la sainteté de la Vierge Marie, non soumise au péché originel (impeccabilité) ; il donne une image ascétique et virginale vraiment splendide de Marie dans son chemin lumineux de montée vers Dieu.

Dans son Homélie pour l'Annonciation (§ 4), par exemple, on peut lire ceci :

"La Vierge fut vraiment vierge, elle conserva vraiment intègre les pensées de son esprit et demeura dans son corps comme un soleil avec les grâces intelligibles, en l’illuminant et en l’ennoblissant (…). Seule entre toutes les âmes humaines, cette âme très ressemblante à Dieu, brillait dans son corps immaculé comme une splendeur céleste ; et elle n’était pas tant contenue par son corps, c’est plutôt elle qui le contenait, le conservait, et lui communiquait son propre éclat. Son esprit était vraiment rempli de Dieu, bien qu’il n’y ait pas en elle la divinité, et son corps était tellement uni à son esprit que la Vierge en était toute compénétrée en Dieu."

 

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Pour en savoir plus

 

-sur la division entre Orient et Occident, en 1054, dans l’Encyclopédie mariale

-sur l’Homélie pour l’Annonciation de Michel Psillos, dans l’Encyclopédie mariale 

-sur l’Homélie sur Marie au Temple de Michel Psillos, dans l’Encyclopédie mariale 

 

Jean-Marc Warszawski et l’équipe de MDN.