Saint Ignace d'Antioche d’Antioche († 107 environ), dans un souci de vérité et d’apologétique, fonde son argumentation sur des faits et recherche leur sens dans la Parole de Dieu. Il part de la catéchèse apostolique : la virginité de Marie, l'accouchement du Christ, la mort du Seigneur. Ces données sont appelées par lui "mystères retentissants", ce sont des événement du salut, des cadeaux gratuits de Dieu pour le salut de l'homme, pour "la destruction de la mort".
Ces mystères retentissants ne sont pas reçus par ceux qui prétendent enfermer Dieu dans leurs propres schémas limités : une Vierge deviendrait féconde? Impossible ; un Dieu descendrait dans l'utérus d'une femme? Absurde ; un Dieu qui meurt ? Infamant. Les démons eux-mêmes avec leurs intelligences supérieures ne réussissent pas à comprendre l'extraordinaire de ces événements si ordinaires.
Pourtant, autant la maternité réelle de Marie en ses phases de conception, grossesse et accouchement, autant la mort et la résurrection du Christ ne sont pas événements arrivés par hasard, mais selon un projet préétabli de Dieu, caché au diable "prince de ce monde" :
« Mon esprit est la victime de la croix, qui est scandale pour les incroyants, mais pour nous salut et vie éternelle (cf. 1 Cor 1,23, 24) :
Où est le sage? Où est le disputeur ? (1Cor 1, 20)
Où est la vanité de ceux qu'on appelle savants ?
Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de Marie, selon l'économie divine, [né] de la race de David (Jn 7,42 ; Rom. 1,3 ; 2 Tim 2, 8) et de l'Esprit-Saint. Il est né, et a été baptisé pour purifier l'eau par sa passion.
Le prince de ce monde (Jn 12,31 ; 14, 30) a ignoré la virginité de Marie, et son enfantement, de même que la mort du Seigneur, trois mystères retentissants, qui furent accomplis dans le silence de Dieu.
Comment donc furent-ils manifestés aux siècles ? Un astre brilla dans le ciel plus que tous les astres, et sa lumière était indicible, et sa nouveauté étonnait, et tous les autres astres avec le soleil et la lune se formèrent en chœur autour de l'astre, et lui projetait sa lumière plus que tous les autres. Et ils étaient troublés, se demandant d'où venait cette nouveauté si différente d'eux-mêmes.
Alors fut détruite toute magie, et tout lien de malice aboli, l'ignorance dissipée et l'ancien royaume ruiné, quand Dieu apparut en forme d'homme, pour une nouveauté de vie éternelle (Rom. 6, 4) : ce qui avait été décidé par Dieu commençait à se réaliser. Aussi tout était troublé, car la destruction de la mort se préparait. »[1]
Le Prince de ce monde a trompé l'homme en l’entraînant dans le mal et dans la mort. Dieu trompe le Prince de ce monde en reconduisant l'homme au bien et à l'immortalité; mais comment ? À travers une virginité féconde, un accouchement devenu présence de Dieu, une mort devenue résurrection[2] . Tels sont les « mystères retentissants » du salut.
[1] Saint Ignace d'Antioche, martyr vers l'an 107. Lettre aux Ephésiens XVIII. Texte français de Th. Camelot, SC 10, Cerf 1968, p.87-89.
[2] Ibid., 68-75.
-sur les chrétiens du IIe siècle : dans le monde mais pas de ce monde, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les pères apostoliques du IIe siècle, dans l’Encyclopédie mariale
-sur saint Ignace d’Antioche († 107 environ), dans l’Encyclopédie mariale
A.Gila et l’équipe de MDN.