Le culte chrétien (I. Calabuig)

Le culte chrétien (I. Calabuig)

Le culte chrétien : un accueil.

Le culte chrétien, dans lequel le culte juif atteint sa plénitude (cf. Mt 5, 17-18), se situe dans la perspective de la Révélation et de l'histoire.

Voulant que tous les hommes soient sauvés (1Tm 4, 2), Dieu, dans son amour éternel, se penche vers l'homme : il se manifeste à lui, lui parle, l'accueille en son intimité, le libère de ses oppresseurs, établit avec lui une alliance d'amour ; il descend vers l'homme jusqu'à établir sa tente au milieu de nous, dans le Christ et par le Christ (cf. Jn 1, 14), jusqu'à être, en Lui et par Lui, l'Emmanuel, le Dieu avec nous (cf. Is 7, 14 ; Mt 1, 23) et à lui offrir le salut.

Le culte chrétien : un culte intérieur qui se traduit dans la vie

Jésus a observé fidèlement le culte juif aussi bien dans la synagogue qu'au Temple avec ses formes associées ; mais il a surtout été un ardent défenseur du culte intérieur, spirituel. Prenons un exemple : pour lui, le pardon des frères (cf. Mt 5, 23-24) et l'accomplissement des devoirs filiaux (cf. Mt 15, 3-9) sont un culte supérieur à tous les sacrifices rituels.

A toutes les pages de l'Evangile, nous voyons le Christ inciter ses disciples à rendre un véritable culte à Dieu, libre de l'hypocrisie et de la vaine gloire, détaché des traditions purement humaines, qui ne soit pas vidé de son sens parla mentalité de l'échange (je donne afin que tu donnes) ; c'est un culte qui ne se résume pas à des pratiques extérieures mais qui comporte des sentiments intérieurs, traduits par des attitudes de vie cohérentes. [...] Un culte animé par la parole et la personne du Christ-Vérité et accompli dans l'Esprit Saint et sanctifiant.

Le culte à Marie est un culte spécifiquement chrétien

« L'Eglise reflète dans la pratique du culte le plan rédempteur de Dieu: à la place toute spéciale que Marie y a tenue correspond un culte tout spécial envers elle ; de même chaque développement authentique du culte chrétien entraîne nécessairement un accroissement proportionné de vénération pour la Mère du Seigneur. »

(Paul VI, Marialis cultus, introduction)

Le culte à Marie est l'accueil cultuel du don :

« Dieu l'a aimée [Marie]

et a fait pour elle de grandes choses (cf. Lc 1, 49) ;

il l'a aimée pour lui,

il l'a aimée pour nous ;

il se l'est donnée à lui-même,

il nous l'a donnée. »

(Paul VI, Marialis cultus 56)

« Le Rédempteur confie sa Mère au disciple,

et en même temps il la lui donne comme mère.

La maternité de Marie, qui devient un héritage de l'homme, est un don,

un don que le Christ lui-même fait personnellement à chaque homme. »

(Jean Paul II, Redemptoris Mater 45)

La liturgie, dont l'interprétation est si sûre, découvre le sens cultuel du geste dans l'événement décrit par Jean (il prit Marie chez lui) :

Sur la croix,

comme son testament,

il [Jésus] établit entre sa mère et ses disciples

un lien d'amour très étroit :

il leur recommande pour mère sa propre mère

et les disciples la reçoivent

comme le précieux héritage de leur Maître.

(Préface de la messe votive « Recommandation à la Vierge Marie »)

Dans la gravité de l'Heure pascale, les mots du Maître laissent place à l'assentiment religieux, actif des disciples. Le texte biblique ne prend pas le soin de préciser où est accueillie à Vierge Marie, mais il prend en compte la valeur du don du Maître - réalité de grâce qu'il a acquise au prix de son sang.

Là où naît la nouvelle communauté messianique se manifeste également, austère et puissante, la « pietas Ecclesiae » envers Marie de Nazareth.


Extraits par F. Breynaert de : Ignazio Calabuig, La place du culte marial dans l'Eglise, dans Aa Vv, Marie, l'Eglise et la théologie, dirigé par D. de Boissieu, P. Bordeyne, S. Maggioni, Desclée, Paris 2007, p. 177

Ignazio Calabuig