10 - Le cantique de Marie (été de l'an -9)

Evangiles

Pas de correspondance

Date :

été de l'an -9

Lieu :

Jérusalem, au temple

Vision de Maria Valtorta :

10.1 C’est seulement hier soir, vendredi, que mon âme a été éclairée par cette vision. Je n’ai rien vu d’autre qu’une Marie toute jeune, qui devait avoir douze ans tout au plus ; son visage avait perdu les rondeurs de l’enfance, mais on devine déjà ses futurs traits de femme par l’ovale qui s’allonge. Ses cheveux ne sont plus dénoués sur la nuque, en boucles légères, mais sont rassemblés en deux lourdes tresses d’un or très pâle – ils sont clairs à en pa­raître mêlés d’argent – sur les épaules et tombent jusqu’aux hanches. Le visage est plus réfléchi, plus mûr, bien que ce soit toujours un visage d’enfant, d’une belle et pure enfant. Entièrement vêtue de blanc, elle est en train de coudre dans une pièce minuscule, toute blanche. Par la fenêtre grande ouverte, on voit l’édifice imposant et central du Temple, puis la descente des escaliers, des petites cours, des portiques et, par-delà les murs d’enceinte, la ville avec ses rues, ses maisons et jardins et, tout au fond, le sommet vert et bombé du mont des Oliviers.

Elle coud et chante à mi-voix. Je ne sais s’il s’agit d’un chant sacré. Le voici :

« Comme une étoile se mirant dans l’eau claire,

Une lumière brille au fond de mon cœur.

Depuis mon enfance, elle ne m’a pas quittée

Et elle me guide avec amour et douceur.

J’ai un chant au fond du cœur.

D’où peut-il donc venir ?

Ô homme, tu l’ignores.

Il vient d’où le Saint repose.

Je contemple ma claire étoile

Et ne désire rien d’autre,

Même ce qui me serait le plus doux et le plus cher,

Que cette douce lumière qui est toute à moi.

Tu m’as portée du plus haut des Cieux,

Etoile, dans le sein d’une mère.

A présent tu vis en moi, mais au-delà des voiles

Je te vois, ô glorieux visage du Père.

Quand me feras-tu l’honneur

De devenir l’humble servante du Sauveur ?

Du Ciel envoie-nous le Messie.

Accepte, ô Père saint, l’offrande de Marie. »

 

10.2 Marie se tait, sourit et soupire, puis s’agenouille pour prier. Son petit visage n’est que lumière. Le regard levé vers l’azur merveilleux d’un beau ciel d’été, elle semble en attirer sur elle toute la luminosité et en être irradiée. Plus exactement, on dirait qu’un soleil caché en elle rayonne de ses lumières et éclaire la neige à peine rosée du corps de Marie, puis se répand sur les choses et sur le soleil qui luit sur la terre, en la bénissant et en lui promettant mille bienfaits.

Au moment où Marie va se relever après sa prière pleine d’amour, et alors que la clarté de l’extase persiste sur son vi­sage, la vieille Anne, fille de Phanuel, entre. Elle s’arrête, interdite, ou pour le moins dans l’admiration devant le geste et l’aspect de Marie.

Elle l’appelle : « Marie ! », et l’enfant se tourne vers elle avec un sourire, différent mais toujours très beau ; elle la salue :

« Anne, la paix soit avec toi.

10.3 – Tu priais ? Tu n’as donc jamais fini de prier ?

– La prière me suffirait, mais je parle avec Dieu. Anne, tu ne peux savoir combien je le sens proche de moi. Plus que proche : dans mon cœur. Que Dieu me pardonne un tel orgueil, mais je ne me sens pas seule. Tu vois ? Là se trouve le Saint des Saints, dans cette maison d’or et de neige, derrière le double voile. Jamais aucun œil, si ce n’est celui du grand-prêtre, ne peut se fixer sur le Propitiatoire sur lequel repose la gloire du Seigneur. Mais, moi, je n’ai pas besoin de voir de toute mon âme – qui le vénère – ce Voile brodé qui vibre au son des chants des vierges et des lé­vites, et qui sent l’encens précieux, comme pour en percer l’épaisseur et permettre de voir le Témoignage. Bien sûr, je le regarde ! Ne crains pas que je ne le regarde pas avec respect, comme tout fils d’Israël. Ne crains pas que l’orgueil m’aveugle au point de me faire penser ce que je suis en train de dire. Je le regarde, et il n’y a pas, dans tout le peuple de Dieu, de plus humble serviteur qui regarde avec plus d’humilité la Maison du Seigneur que moi, car je suis convaincue d’être la plus insignifiante de tous. Mais qu’est-ce que je vois ? Un voile. A quoi je pense, au-delà du Voile ? A un tabernacle. Et à quoi, dans ce tabernacle ? Mais si je regarde le fond de mon cœur, c’est Dieu que je vois resplendir dans sa gloire d’amour et me dire : “ Je t’aime ”. Je lui réponds : “ Je t’aime ”, et je fonds, je me renouvelle à chaque battement de cœur en ce baiser réciproque…

Je me tiens au milieu de vous, mes bien chères maîtresses et compagnes, mais un cercle de flammes m’isole de vous. Dans ce cercle, il y a Dieu, et moi. Je vous vois à travers le Feu de Dieu, et c’est ainsi que je vous aime… mais je ne peux vous aimer selon la chair, je ne pourrai jamais aimer personne selon la chair. Mon seul amour est celui qui m’aime selon l’esprit.

10.4 Je connais mon sort. La Loi séculaire d’Israël veut que toute jeune fille devienne une épouse, et toute épouse une mère. Mais, moi, sans désobéir à la Loi, j’obéis à la Voix qui me dit : “ Je te veux. ” Je suis vierge et je le resterai. Comment le pourrai-je ? Cette Présence douce, invisible, qui est avec moi m’y aidera, parce que c’est elle qui le désire. Je n’ai pas peur. Je n’ai plus ni père ni mère… et seul l’Eternel sait avec quelle douleur ce que j’avais d’humain s’est consumé : avec une douleur atroce. C’est donc à lui que j’obéis aveuglément. Je l’aurais même fait contre la volonté de mes parents, car la Voix m’apprend que celui qui veut la suivre doit passer outre la volonté de ses parents : certes, ils sont des gardes aimants sur le chemin de ronde des remparts qui protègent leur enfant et ils veulent les conduire au bonheur par leur chemin à eux… Mais ils ne savent pas qu’il existe d’autres chemins qui conduisent à une joie infinie… J’aurais abandonné vêtements et manteau pour suivre la Voix qui me dit : “ Viens, ma bien-aimée, mon épouse ! ” J’aurais tout quitté. Les perles de mes larmes – car j’aurais pleuré de devoir leur désobéir –, les rubis de mon sang – car j’aurais même défié la mort pour suivre la Voix qui appelle – leur auraient montré qu’il existe quelque chose de plus grand et de plus doux que l’amour d’un père et d’une mère : la voix de Dieu. Mais sa volonté m’a dégagée désormais des liens de la piété filiale. D’ailleurs, ils ne m’auraient pas retenue. C’étaient deux justes, et Dieu leur parlait certainement au fond du cœur comme il me parle. Ils auraient suivi le chemin de la justice et de la vérité. Quand je pense à eux, je les vois dans la paix de l’attente auprès des patriarches, et je hâte par mon sacrifice l’avènement du Messie qui leur ouvrira les portes du ciel. C’est moi qui me dirige sur la terre, ou plutôt c’est Dieu qui dirige sa pauvre servante en lui dictant ses commandements. Et je les accomplis, parce que c’est là toute ma joie. Quand l’heure sera venue, je dirai à mon époux mon secret… et il l’accueillera.

– Mais, Marie… quels mots trouveras-tu pour le convaincre ? Tu auras contre toi l’amour d’un homme, la Loi et la vie.

– J’aurai Dieu avec moi… Dieu ouvrira le cœur de mon époux à la lumière… La vie perdra l’aiguillon des sens et deviendra une fleur qui exhalera le parfum de la charité.

10.5 Quant à la Loi… Anne, ne me traite pas de blasphématrice, mais je pense que la Loi va bientôt changer. Qui le fera, puisqu’elle est divine ? Le seul qui en ait le pouvoir, c’est-à-dire Dieu. Je vous l’affirme, le temps est plus proche que vous ne l’imaginez. En lisant Daniel, une grande lumière s’est faite en moi ; elle me venait du fond du cœur, et mon intelligence a saisi le sens de ces paroles secrètes. Les soixante-dix semaines seront abrégées grâce aux prières des justes. Le nombre des années sera-t-il donc changé ? Non, la prophétie ne ment pas. Mais la mesure du temps prophétique ne se fonde pas sur la course du soleil, mais sur celle de la lune. C’est pourquoi je l’affirme : “ L’heure est proche où l’on entendra vagir le fils d’une vierge. ” Ah, si seulement cette Lumière qui m’aime voulait bien me dire – puisqu’elle me dit tant de choses – où se trouve l’heureuse vierge[29] qui enfantera un fils à Dieu et le Messie à son peuple ! Je marcherais pieds nus et je parcourrais la terre, et rien ne m’arrêterait, ni le froid ni le gel, ni la poussière ni la canicule, ni les bêtes sauvages ni la faim, jusqu’à ce que je la trouve et lui dise : “ Accorde à ta servante et à la servante des serviteurs du Christ de vivre sous ton toit. Je tournerai la meule et le pressoir, mets-moi comme esclave à la meule, comme ber­gère à ton troupeau, mets-moi à laver les langes de ton Enfant, aux cuisines, aux fours… où tu voudras, mais accueille-moi. Que je le voie ! Que j’entende sa voix ! Que son regard se pose sur moi ! ” Et si elle ne veut pas de moi, je me ferai mendiante à sa porte et je vivrai d’aumônes et de railleries, je coucherai dehors sous la canicule pour entendre la voix du Messie enfant et l’écho de ses éclats de rire, ou simplement pour le voir passer… Un jour, peut-être recevrai-je de lui l’obole d’un pain… Ah, même si la faim me torturait l’estomac au point que je me sente défaillir après un si long jeûne, je ne mangerais pas de ce pain. Je le serrerais contre mon cœur comme un sachet de perles et je l’embrasserais pour sentir le parfum de la main du Christ ; je n’aurais plus ni faim ni froid, parce que ce contact me procurerait extase et chaleur, extase et nourriture…

10.6 – Tu devrais être la mère du Christ, puisque tu l’aimes à ce point ! C’est pour cela que tu désires rester vierge ?

– Oh, non ! Je ne suis que misère et poussière. Je n’ose lever les yeux vers la Gloire. C’est pour cela que, plus que le double Voile derrière lequel, je le sais, se trouve la présence invisible de Yah­vé, j’aime regarder au-dedans de mon cœur. Là-bas se trouve le Dieu terrible du Sinaï. Mais ici, en moi, je vois notre Père, un visage aimant qui me sourit et me bénit, parce que je suis aussi petite qu’un oisillon que le vent soulève sans en sentir le poids ; je suis aussi faible que du muguet sauvage qui ne sait que fleurir et sentir bon, et ne peut opposer au vent d’autre force que sa douceur parfumée et pure. Dieu, mon vent d’amour !

Ce n’est pas pour cette raison. Mais voici pourquoi : la pureté que, du ciel, il a choisie pour mère et qui, sur la terre, lui parle de son Père du Ciel, ne peut que plaire à celui qui naîtra de Dieu et d’une vierge, au Saint du Très-Saint. Si la Loi méditait là-dessus, si les rabbins, qui l’ont amplifiée par toutes les subtilités de leur enseignement, tournaient leur esprit vers des horizons plus élevés, se plongeaient dans le surnaturel et laissaient de côté l’humain et l’utile qu’ils recherchent en oubliant la Fin suprême, ils devraient orienter leur enseignement tout particulièrement vers la pureté pour que le Roi d’Israël la trouve quand il viendra. A côté de l’olivier du Pacifique et des palmes du Triomphateur, répandez des lys, une multitude de lys…

Que de sang le Sauveur devra-t-il verser pour nous sauver ! Que de sang ! Telle la rosée d’un vase poreux, une pluie de sang tombera des milliers de blessures qu’Isaïe a vues sur l’Homme des douleurs. Que ce sang divin ne tombe pas là où il y a profanation et blasphème, mais dans des coupes au parfum de pureté qui le reçoivent et le recueillent pour le déverser sur les malades spirituels, sur les lépreux de l’âme, sur ceux qui sont morts à Dieu. Offrez des lys, offrez des lys pour essuyer, avec la robe blanche des pétales purs, la sueur et les larmes du Christ ! Offrez des lys, offrez-lui des lys pour l’ardeur de sa fièvre de Martyr ! Ah, où sera-t-il, ce lys qui te portera, qui étanchera ta soif, qui se teindra de ton sang, qui mourra de douleur en te voyant mourir et pleurera sur ton corps exsangue ? Oh ! Christ ! Oh ! Christ ! Mon soupir… »

En larmes, accablée, Marie se tait.

10.7 Anne garde le silence quelque temps puis, de sa voix blanche de femme âgée prise par l’émotion, elle dit 

« As-tu autre chose à m’enseigner, Marie ? »

Marie sursaute. Dans son humilité, elle doit croire que sa maîtresse lui fait un reproche, et elle dit :

« Oh, pardon ! C’est toi la maîtresse, moi je ne suis rien, mais cette parole me jaillit du cœur. J’ai beau la surveiller pour ne pas parler, c’est comme un fleuve impétueux qui rompt ses digues. Elle m’a saisie et a débordé. Ne tiens pas compte de mes paroles et mortifie ma présomption. Les paroles mystérieuses devraient rester dans l’arche secrète du cœur auquel Dieu, dans sa bonté, accorde ce bienfait. Je le sais bien. Mais cette présence invisible est si douce qu’elle m’enivre… Anne, pardonne à ta petite servante ! »

Anne la serre sur son cœur. Tout son vieux visage ridé tremble et luit sous les pleurs. Ses larmes s’insinuent dans ses rides comme le fait l’eau sur un terrain accidenté avant de se changer en un marais tremblotant. Toutefois, la vieille maîtresse ne fait pas rire : bien au contraire, ses larmes font naître la plus grande vénération.

Marie est dans ses bras, son petit visage serré sur la poitrine de sa vieille maîtresse, et tout finit comme cela.

Enseignement de Jésus

Elle rappelait ce que son âme avait vu en Dieu

10.8 Jésus dit :

« Marie se souvenait de Dieu. Elle rêvait de Dieu. Elle croyait rêver, mais elle ne faisait que revoir ce que son âme avait contemplé dans la splendeur du Ciel de Dieu, à l’instant où elle a été créée pour être unie à la chair conçue sur la terre. Elle partageait avec Dieu – bien que de manière très inférieure, comme la justice l’exigeait – l’une des propriétés de Dieu : celle de se souvenir, de voir et de prévoir, grâce à l’attribut d’une intelligence puissante et parfaite, puisqu’elle n’était pas blessée par le péché originel.

10.9 L’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’une de ces ressemblances réside dans la possibilité pour l’âme de se souvenir, de voir et de prévoir. Cela explique la faculté de lire dans le futur. Cette faculté s’exerce, de par la volonté de Dieu, à maintes reprises et directement, d’autres fois par un souvenir qui se lève comme le soleil sur une matinée, éclairant un point précis de l’horizon des siècles déjà vu dans le sein de Dieu.

Ce sont là des mystères trop élevés pour que vous puissiez pleinement les comprendre. Mais réfléchissez.

Cette Intelligence suprême, cette Pensée qui sait tout, cette Vue qui voit tout, qui vous crée d’un acte de sa volonté et d’un souffle de son amour infini, faisant ainsi de vous ses enfants par votre origine et par votre destinée, pourrait-il vous donner quelque chose de différent de lui ? Il vous en donne une part infinitésimale, car la créature ne saurait contenir son Créateur. Il n’empêche que cette part est parfaite et complète.

Quel trésor d’intelligence Dieu n’a-t-il pas donné à l’homme, à Adam ! La faute l’a amoindri, mais mon sacrifice le rétablit et vous ouvre les splendeurs de l’intelligence, ses fleuves, sa science. Oh, sublimité de l’esprit humain uni à Dieu par le moyen de la grâce, et qui partage avec lui sa capacité à connaître… sublimité de l’esprit humain uni à Dieu par le moyen de la grâce.

Il n’existe pas d’autre mode de connaissance. Que ceux qui recherchent avec curiosité des secrets qui dépassent les capacités humaines s’en souviennent. Toute connaissance qui ne vient pas d’une âme en état de grâce – or une âme n’est pas en état de grâce si elle s’oppose à la Loi de Dieu, dont les commandements sont fort clairs – ne peut provenir que de Satan. S’il est difficile qu’elle corresponde à la vérité quand il s’agit de sujets humains, elle n’y correspond jamais quand il s’agit de sujets surnaturels, car le Démon est le père du mensonge et il entraîne les hommes sur le chemin du mensonge. Pour connaître la vérité, il n’y a aucun autre moyen que celui qui vient de Dieu. Il nous parle ou rappelle à notre mémoire, comme un père rappelle à son fils un souvenir qui a trait à la maison paternelle en disant : “ Te souviens-tu quand tu faisais telle chose avec moi, tu as vu ceci, entendu cela ? Te souviens-tu quand je t’ai embrassé à ton départ ? Te rappelles-tu le moment où tu as vu pour la première fois le soleil éclatant de mon visage sur ton âme vierge à peine créée et encore pure – parce que tout juste sortie de moi – de la souillure qui t’a ensuite amoindri ? Te rappelles-tu quand tu as compris en tressaillant d’amour ce qu’est l’Amour ? Quel est le mystère de notre être et de notre procession ? ” Or, là où l’homme en état de grâce ne peut parvenir à cause de ses capacités limitées, l’Esprit de science parle et instruit.

Encore faut-il la grâce pour posséder l’Esprit, pour posséder la vérité et la science, pour avoir le Père avec soi. C’est la tente sous laquelle les trois Personnes établissent leur demeure, le propitiatoire sur lequel l’Eternel repose et parle, non pas de l’intérieur d’une nuée mais en révélant sa face à son enfant fidèle. Les saints se souviennent de Dieu, des paroles entendues dans la Pensée créatrice. La Bonté les suscite à nouveau dans leur cœur pour les élever comme des aigles dans la contemplation de la vérité, dans la connaissance du temps.

10.10 Marie était la Femme pleine de grâce. Toute la Grâce une et trine demeurait en elle. Toute la Grâce une et trine la préparait à être l’épouse aux noces, à être le lit nuptial pour sa descen­dance, à vivre sa maternité et sa mission de manière divine. Elle est celle qui ferme le cycle des prophétesses de l’Ancien Testament et ouvre celui des “ porte-parole de Dieu ” dans le Nouveau Testament.

Arche véritable de la Parole de Dieu, elle découvrait, en regardant dans son sein inviolé pour l’éternité, les paroles de la science éternelle tracées par le doigt de Dieu sur son cœur immaculé, et, comme tous les saints, elle se souvenait de les avoir déjà entendues lorsqu’elle avait été engendrée avec son âme immortelle par Dieu, le Père créateur de tout ce qui existe. Et, si elle ne se rappelait pas tout de sa mission à venir, c’était parce qu’en toute perfection humaine Dieu laisse des lacunes dues à une prudence divine qui est bonté pour sa créature en lui fournissant des occasions de mérite.

Pour être la Mère du Christ, Marie, cette nouvelle Eve, a dû conquérir sa part de mérite par une bonne volonté fidèle que Dieu a demandée à son Fils pareillement pour faire de lui le Rédempteur.

L’esprit de Marie était au Ciel. Son état moral et sa chair étaient sur terre, et il lui fallait fouler aux pieds terre et chair pour parvenir à l’esprit, et l’unir à l’Esprit en une étreinte féconde. »

10.11 Note personnelle.

Toute la journée d’hier, j’ai pensé voir l’annonce de la mort des parents de Marie et, je ne sais pourquoi, apportée par Zacharie. J’imaginais aussi, à ma manière, la façon dont Jésus allait traiter le point du “ souvenir de Dieu par les saints ”. Ce matin, quand la vision a commencé, j’ai dit : « Voilà, on dira désormais que Marie est orpheline », et j’en avais déjà le cœur serré car… c’était ma propre tristesse de ces derniers jours que j’aurais éprouvée et vue. Or la vision ne correspondait en rien à ce que je pensais voir et entendre, il n’y avait pas la moindre allusion. Cela me console, parce que cela me montre que rien ne vient de moi, pas même une honnête influence sur tel ou tel point. Tout provient vraiment d’une autre source. Ma crainte continuelle disparaît… jusqu’à la prochaine fois, car cette peur d’être trompée et de tromper ne cessera jamais de m’accompagner.

 

[29] où se trouve l’heureuse vierge… Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : « Il ne faut pas s’étonner de cette ignorance de Marie sur son avenir de Mère de Jésus. Dieu, qui lui avait accordé par un privi­lège particulier une sagesse proportionnée à son état d’Immaculée et de Mère prédestinée du Verbe incarné, voulut pour une raison insondable garder Marie dans l’ignorance de certaines choses jusqu’au moment convenable. » Cette idée est reprise dans en 10.10, 17.9, et en 108.2.