30 - L’annonce aux bergers (mercredi 11 décembre -5)

Evangiles

Date :

Mercredi 11 décembre -5

Lieu :

Bethléem

 

Vision de Maria Valtorta :

30.1 Plus tard, je vois une vaste étendue de campagne. La lune est au zénith et plane tranquillement dans un ciel semé d’é­toiles. On dirait autant de clous de diamant fixés sur un immense baldaquin de velours bleu foncé. En plein milieu, la figure diaphane de la lune y rit, et des fleuves d’une lumière lactée en descendent, donnant une teinte blanche au paysage. Les arbres dénudés paraissent plus grands et plus sombres sur le sol éclairé, tandis que les murets qui s’élèvent ici et là en guise de bordures prennent une couleur laiteuse. Dans le lointain, une maisonnette semble être un bloc de marbre de Carrare.

Je vois sur ma droite un endroit clos par une haie de ronces sur deux côtés, et par un mur bas et rustique des autres côtés. Ce mur soutient le toit d’une sorte de hangar large et bas dont la partie à l’intérieur de l’enclos est construite pour une part en maçonnerie et pour une part en bois. Je suppose que, en été, on doit retirer les parties en bois de sorte que le hangar se change en portique. De temps en temps, il en sort un bêlement intermittent et bref. Ce doit être des brebis qui rêvent ou qui croient l’aube proche à cause de la clarté de la lune. Cette clarté est si intense qu’elle en devient même excessive, et elle s’accroît, comme si l’astre se rapprochait de la terre ou étincelait en raison de quelque mystérieux incendie.

30.2 Un berger paraît sur le seuil. Il lève un bras à hauteur du front pour protéger ses yeux et regarde en l’air. Il semble impossible qu’on doive se préserver de la clarté de la lune. Mais elle est si vive qu’elle éblouit, surtout quand on sort d’un enclos plongé dans l’obscurité. Tout est paisible. Mais une telle lumière est étonnante.

Le berger appelle ses compagnons. Ils viennent tous à la porte, c’est une troupe d’hommes hirsutes, de tous âges. Certains sont à peine des adolescents, d’autres ont les cheveux blancs. Ils commentent cet étrange phénomène, les plus jeunes ont peur. L’un d’eux, en particulier, un enfant d’une douzaine d’années, se met à pleurer, s’attirant les moqueries des plus âgés.

« De quoi as-tu peur, nigaud ? » lui dit le plus vieux. « Tu ne vois pas que l’air est paisible ? Tu n’as jamais vu briller la lune ? Tu es toujours resté sous les jupes de ta mère comme un poussin sous la mère poule, hein ? Mais tu en verras, des choses ! Une fois, j’étais allé jusqu’aux monts du Liban, et même au-delà. Tout en haut. J’étais jeune, alors, et la marche ne me fatiguait pas. J’étais même riche, en ce temps-là… Une nuit, j’ai vu une lumière telle que j’ai pensé qu’Elie allait revenir sur son char de feu. Le ciel tout entier était un véritable incendie. Un vieillard – à cette époque, le vieillard, c’était lui – m’a dit : “ Un grand événement va bientôt avoir lieu dans le monde. ” Mais pour nous, ce fut un malheur, car ce sont les soldats de Rome qui sont arrivés. Ah, tu en verras, si tu vis ! »

30.3 Mais le petit berger ne l’écoute déjà plus. On dirait qu’il n’a même plus peur, car il quitte le seuil de la porte, s’échappe de derrière les épaules d’un berger musclé derrière lequel il s’était réfugié et sort dans le parc à bétail qui se trouve devant le hangar. Il regarde en l’air et marche comme un somnambule, ou plutôt comme s’il était hypnotisé par quelque chose qui l’attire complètement. A un moment, il pousse un “ oh ” de surprise et reste, comme pétrifié, les bras légèrement ouverts.

Stupéfaits, les autres se regardent.

« Qu’a donc ce bêta ? dit l’un.

– Dès demain, je le renvoie chez sa mère. Je ne veux pas de fous pour garder les brebis » déclare un autre.

Le vieillard qui a parlé avant lui ajoute :

« Allons voir avant de juger. Appelez aussi les autres qui dorment et prenez vos bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des brigands… »

Ils rentrent, appellent les autres bergers, sortent avec des torches et des gourdins et rejoignent l’enfant.

« Là, là ! » murmure-t-il en souriant. « Au-dessus de l’arbre, regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu’elle avance sur un rayon de lune. Là voilà qui s’approche ! Qu’elle est belle !

– Moi, je ne vois qu’une clarté un peu vive.

– Moi aussi, approuvent les autres.

– Non. Je vois quelque chose qui ressemble à un corps, dit l’un d’eux, en qui je reconnais le berger qui a donné du lait à Marie.

– C’est un… c’est un ange ! S’écrie l’enfant. Le voilà qui descend et qui s’approche… par terre ! A genoux devant l’ange de Dieu ! »

Un long “ oh ” plein de respect s’élève du groupe des bergers qui tombent face à terre. Plus ils sont âgés, plus ils paraissent frappés par l’apparition. Les plus jeunes sont à genoux, mais ils regardent l’ange, qui s’approche toujours plus près et s’arrête en l’air en déployant de grandes ailes d’une blancheur de perle dans la blancheur de la lune qui l’entoure, au-dessus du mur d’en­ceinte.

« N’ayez pas peur, je ne porte pas malheur. Je vous apporte la nouvelle d’une grande allégresse pour le peuple d’Israël et pour tous les peuples de la terre. »

La voix de l’ange ressemble à une harpe harmonieuse qui accompagne des chants de rossignols.

« Aujourd’hui, dans la cité de David est né le Sauveur. »

A ces mots, l’ange ouvre plus grand ses ailes et les agite comme sous un tressaillement de joie, et une pluie d’étincelles d’or et de pierres précieuses paraît s’en échapper, en un véritable arc-en-ciel qui forme un arc de triomphe sur le pauvre parc à bétail.

« … le Sauveur, qui est le Christ. »

L’ange resplendit d’une lumière encore plus vive. Ses deux ailes, maintenant immobiles et tendues vers le ciel comme deux voiles figées sur le saphir de la mer, ressemblent à deux flammes qui s’élèvent en brûlant ardemment.

« … le Christ, le Seigneur ! »

L’ange replie ses deux ailes resplendissantes et s’en couvre comme d’un manteau de diamant sur son habit de perle, il s’incline comme s’il adorait, les bras repliés sur son cœur ; son visage, penché sur sa poitrine, disparaît dans l’ombre du haut de ses ailes repliées. On ne voit plus qu’une forme lumineuse oblongue, immobile pendant la durée d’un “ Gloire à Dieu ”.

Mais voilà qu’il bouge : il rouvre ses ailes, lève son visage sur lequel la lumière se fond en un sourire paradisiaque, et dit :

« Vous le reconnaîtrez à ces signes : dans une pauvre étable, derrière Bethléem, vous trouverez un enfant enveloppé dans des langes dans une mangeoire pour animaux, car le Messie n’a pas trouvé de toit dans la cité de David. »

A ces mots, l’ange devient sérieux, même triste.

30.4 Soudain, une foule innombrable d’anges pareils à lui ar­rive des cieux, une échelle d’anges qui descendent en exultant d’allégresse ; leur éclat paradisiaque éclipse la lune. Ils viennent se réunir autour de l’ange annonciateur en agitant leurs ailes, en répandant des parfums, avec des musiques harmonieuses dans lesquelles les plus belles voix de la création se retrouvent, mais portées à la perfection de leur sonorité. Si la peinture représente l’effort de la matière pour devenir lumière, ici la mélodie est l’effort de la musique pour faire resplendir devant les hommes la beauté de Dieu : entendre cette mélodie revient à connaître le paradis, où tout est harmonie de l’amour qui se dégage de Dieu pour réjouir les bienheureux et que ceux-ci lui retournent pour lui dire : « Nous t’aimons ! »

Le “ Gloire à Dieu ” angélique se répand en ondes de plus en plus étendues sur la campagne paisible, accompagnées de lu­mière. Les oiseaux y unissent leurs chants pour saluer cette lumière précoce et les brebis leurs bêlements pour ce soleil anticipé. Mais moi, comme déjà dans la grotte pour le bœuf et l’âne, j’aime à croire que ce sont les animaux qui saluent leur Créateur venu parmi eux pour les aimer, non seulement comme homme, mais aussi comme Dieu.

Le chant décroît et la lumière faiblit tandis que les anges remontent aux cieux…

30.5 …Les bergers reviennent à eux.

« Tu as entendu ?

– On va voir ?

– Et les bêtes ?

– Oh, il ne leur arrivera rien ! Allons-y, pour obéir à la parole de Dieu !

– Mais où aller ?

– N’a-t-il pas dit qu’il est né aujourd’hui ? et qu’il n’a pas trouvé de logement à Bethléem ? »

Celui qui parle, c’est le berger qui a donné le lait.

« Venez, moi je sais. J’ai vu la femme et elle m’a fait de la peine. Je lui ai indiqué un endroit, parce que je pensais bien qu’elle ne trouverait pas où se loger, et j’ai donné à l’homme du lait pour elle. Elle est si jeune, si belle ! Elle doit être bonne comme l’ange qui nous a parlé. Venez, venez. Allons prendre du lait, des fromages, des agneaux ainsi que des peaux de mouton tannées. Ils doivent être très pauvres et… qui sait quel froid ressent celui que je n’ose nommer ! Dire que j’ai parlé à sa Mère comme à une pauvre épouse ! »

Ils vont au hangar et en ressortent peu après, les uns avec de petites fiasques de lait, les autres avec des fromages ronds enveloppés dans des filets de sparte, d’autres encore portent des peaux de mouton tannées ou des paniers contenant un agneau bêlant.

« J’apporte une brebis. Elle a eu un agneau il y a un mois. Son lait est bon. Il pourra leur être utile si la femme n’a pas de lait. On croirait une enfant, et elle est tellement pâle ! Elle a un teint de jasmin sous la lune » dit le berger au lait.

Puis il les guide.

30.6 Ils marchent à la lumière de la lune et des torches après avoir fermé le hangar et l’enclos. Ils suivent des sentiers champêtres, à travers des haies de ronces dénudées par l’hiver.

Ils font le tour de Bethléem et arrivent à l’étable, non pas par le même chemin que Marie, mais en sens inverse, de sorte qu’ils ne passent pas devant les étables plus belles, mais tombent directement sur celle-ci. Ils s’approchent de l’ouverture.

« Entre !

– Moi, je n’ose pas.

– Toi, entre.

– Non.

– Regarde, au moins…

– Toi, Lévi, tu as été le premier à voir l’ange, c’est le signe que tu es meilleur que nous, regarde. »

Dire qu’ils l’avaient d’abord traité de fou… maintenant, ça les arrange qu’il ose faire ce que eux n’osent pas.

Le gamin hésite, puis se décide. Il s’approche de l’ouverture, écarte un peu le manteau, regarde… et s’arrête, en extase.

« Qu’est-ce que tu vois, lui demandent-ils à voix basse, anxieux.

– Je vois une belle jeune femme et un homme penchés sur une mangeoire et j’entends…, j’entends un petit bébé pleurer, et la femme lui parler avec une voix… oh, quelle voix !

– Qu’est-ce qu’elle dit ?

– Elle dit : “ Jésus, mon tout-petit ! Jésus, l’amour de ta maman ! Ne pleure pas, mon petit enfant ! ” Et aussi : “ Ah, si je pouvais te dire : ‘ Prends ce lait, mon tout-petit ! ’ Mais je n’en ai pas encore ! ” Elle dit également : “ Tu as si froid, mon amour ! La paille te pique. Quelle souffrance pour ta maman de t’en­tendre pleurer comme ça sans pouvoir te consoler ! ” Et elle ajoute : “ Dors, mon âme. Cela me fend le cœur de t’entendre pleurer et te voir pleurer. ” Elle l’embrasse et doit sûrement réchauffer ses petits pieds de ses mains, parce qu’elle reste penchée, les bras plongés dans la mangeoire.

– Appelle ! Fais-toi entendre !

– Pas moi : toi, qui nous as guidés et qui la connais. »

Le berger ouvre la bouche, mais se borne à bredouiller.

30.7 Joseph se retourne et vient à la porte :

« Qui êtes-vous ?

– Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur.

– Entrez. »

Ils entrent, et l’étable s’éclaire à la lueur de leurs torches. Les plus âgés poussent les enfants devant eux.

Marie se retourne et sourit :

« Venez », dit-elle. « Venez ! »

Elle les y invite de la main et par son sourire, prend celui qui a vu l’ange et l’attire à elle, tout contre la crèche. L’enfant regarde, tout heureux.

Les autres, invités eux aussi par Joseph, s’avancent avec leurs cadeaux et les déposent tous aux pieds de Marie en disant quelques mots émus. Ils regardent ensuite le petit Enfant, qui pleure doucement, et sourient d’émotion et de bonheur.

L’un d’eux, moins timide, dit :

« Prends, Mère, elle est soyeuse et propre. Je l’avais préparée pour mon enfant qui va bientôt naître, mais je te l’offre. Mets ton Fils dans cette laine, elle sera douce et chaude. »

Il offre une peau de mouton, une très belle peau avec une longue toison de laine blanche.

Marie soulève Jésus et l’en recouvre. Elle le montre aux bergers, agenouillés sur la paille du sol, qui le contemplent, extasiés.

Ils se font plus hardis, et l’un d’eux propose :

« Il faudrait lui donner une gorgée de lait ou, mieux, de l’eau et du miel. Mais nous n’avons pas de miel. On en donne aux tout-petits. J’ai sept enfants, alors je sais…

– Voilà le lait. Prends, femme.

– Mais il est froid. Il en faudrait du chaud. Où est Elie ? C’est lui qui a la brebis. »

Elie doit être l’homme au lait. Mais il n’est pas là. Il s’est arrêté dehors et regarde par une fente, et il est perdu dans l’obscurité de la nuit.

« Qui vous a guidés ?

– Un ange nous a dit de venir et Elie nous a guidés ici. Mais où est-il passé maintenant ? »

C’est la brebis qui le dénonce par un bêlement.

« Avance, on a besoin de toi. »

Il entre avec sa brebis, tout honteux d’être le plus remarqué.

« C’est toi ? », demande Joseph, qui le reconnaît.

Et Marie lui dit en souriant :

« Tu es bon. »

On trait la brebis et Marie se sert de l’extrémité d’un linge trempé dans le lait chaud et écumant pour mouiller les lèvres du petit Enfant, qui suce cette douceur crémeuse. Tous sourient, et plus encore quand Jésus s’endort dans la tiédeur de la laine, le morceau de linge encore entre les lèvres.

30.8 « Vous ne pouvez pas rester ici. Il y fait froid et humide, et puis… cette odeur d’animaux ! Ça ne va pas… et… ce n’est pas bon pour le Sauveur.

– Je le sais », dit Marie avec un grand soupir. « Mais il n’y avait pas de place pour nous à Bethléem.

– Courage, Femme. Nous allons te trouver une maison.

– J’en parlerai à ma patronne », dit Elie, l’homme au lait. « Elle est bonne, elle vous accueillera, même s’il lui faut vous laisser sa chambre. Dès qu’il fera jour, je lui en parlerai. Il y a plein de monde chez elle, mais elle vous trouvera une place.

– Du moins pour mon Enfant. Joseph et moi, nous pouvons rester par terre. Mais pour l’enfant…

– ­ Ne soupire pas, Femme. Je m’en occupe. Et je répèterai à beaucoup de gens ce qui nous a été dit. Vous ne manquerez de rien. En attendant, prenez ce que notre pauvreté peut vous offrir. Nous sommes des bergers…

– Nous sommes pauvres, nous aussi », répond Joseph. « Et nous ne pouvons vous dédommager.

– Oh, nous ne voulons rien ! Même si vous le pouviez, nous n’accepterions pas ! Le Seigneur nous en a déjà récompensés. Il a promis la paix à tout le monde. Les anges disaient : “ Paix aux hommes de bonne volonté. ” Mais à nous, il nous l’a déjà donnée, parce que l’ange a annoncé que cet enfant est le Sauveur, que c’est le Christ, le Seigneur. Nous avons beau être pauvres et ignorants, nous savons que les prophètes annoncent que le Sauveur sera le Prince de la Paix. Il nous a dit aussi d’aller l’adorer : donc il nous a donné sa paix. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et gloire à son Christ que voici ! Et bénie sois-tu, femme, de l’avoir engendré ! Tu es sainte, car tu as mérité de le porter ! Com­mande-nous comme une reine, nous serons heureux de te servir. Que pouvons-nous faire pour toi ?

– Aimer mon Fils et garder toujours au fond du cœur vos pensées de maintenant.

– ­Mais pour toi ? Tu ne désires rien ? Tu n’as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ?

– ­ Si, j’en aurais. Mais ils sont loin d’ici. Ils habitent Hébron.

– J’y vais, moi » dit Elie. « De qui s’agit-il ?

– Zacharie le prêtre et Elisabeth ma cousine.

– Zacharie ? Ah, je le connais bien. En été, je vais dans ces montagnes, car les pâturages y sont riches et beaux, et je suis l’ami de son berger. Dès que je te saurai bien installée, je partirai chez Zacharie.

– ­ Merci, Elie.

– De rien. C’est un grand honneur pour moi, qui suis un pauvre berger, d’aller parler au prêtre et de lui annoncer : “ Le Sauveur est né. ”

– Non, tu lui diras : “ Marie de Nazareth, ta cousine, a dit que Jésus est né et te demande de venir à Bethléem. ”

– Je le ferai.

– Que Dieu t’en récompense. 30.9 Je me souviendrai de toi, de vous tous…

– Tu parleras de nous à ton Enfant ?

– Oui.

– Je m’appelle Elie.

– Moi Lévi.

– Et moi Samuel.

– Et moi Jonas.

– Moi, Isaac.

– Moi Tobie.

– Et moi Jonathas.

– Et moi, Daniel.

– Moi, c’est Siméon.

– Moi, je m’appelle Jean.

– Moi, Joseph, et mon frère Benjamin, nous sommes jumeaux.

– Je me rappellerai vos noms.

– Il nous faut partir… Mais nous reviendrons… Et nous t’en amènerons d’autres pour adorer !

– Comment revenir à la bergerie en laissant cet Enfant !

– Gloire à Dieu qui nous l’a montré !

– Laisse-nous embrasser son vêtement », dit Lévi avec un sourire d’ange.

Marie soulève Jésus tout doucement et, assise sur la paille, elle présente au baiser les petits pieds, enveloppés dans des langes. Les bergers s’inclinent jusqu’à terre. Ceux qui ont de la barbe se l’essuient d’abord et presque tous pleurent ; quand ils doivent partir, ils sortent à reculons, laissant leur cœur derrière eux…

La vision se termine ainsi : Marie assise sur la paille et tenant l’Enfant sur son sein, et Joseph, accoudé au bord de la crèche, qui regarde et adore.

Enseignement de Jésus

Les bergers, premiers adorateurs du Verbe fait homme

30.10 Jésus dit :

« Aujourd’hui, c’est moi qui parle. Tu es très fatiguée, mais fais preuve d’encore un peu de patience. C’est la vigile de la fête du Très-Saint Sacrement. Je pourrais te parler de l’Eucharistie et des saints qui se sont faits les apôtres de son culte, tout comme je t’ai parlé[57] de ceux qui furent les apôtres du Sacré Cœur. Mais je veux t’entretenir d’autre chose et d’une catégorie d’adorateurs de mon Corps qui furent les précurseurs de son culte. Il s’agit des bergers. Ce sont eux les premiers adorateurs de mon Corps de Verbe fait homme.

Je t’ai dit un jour, et l’Eglise le dit elle aussi, que les saints Innocents furent les premiers martyrs du Christ. Je te déclare aujourd’hui que les bergers sont les premiers adorateurs du Corps de Dieu. Ils possèdent toutes les qualités requises pour être des adorateurs de mon Corps, des âmes eucharistiques.

Une foi certaine : ils croient promptement et aveuglément à l’ange.

La générosité : ils offrent toutes leurs richesses à leur Seigneur.

L’humilité : ils s’approchent des personnes humainement plus pauvres qu’eux, modestement, avec des gestes qui n’humilient pas, et disent être leurs serviteurs.

Le désir : ce qu’ils ne peuvent donner d’eux-mêmes, ils s’ingénient à le procurer avec un zèle courageux.

Une obéissance prompte : Marie souhaite que Zacharie soit avertie, et Elie y part sur-le-champ. Il ne remet pas à plus tard.

Enfin, l’amour : ils ne peuvent s’arracher de la crèche, et toi tu précises avec raison : “ Ils y laissent leur cœur. ”

Mais ne faudrait-il pas se comporter de la même manière envers mon Saint Sacrement ?

30.11 J’ajoute quelque chose d’autre, pour toi seule : observe quelle est la première personne à qui l’ange se révèle, celui qui mérite d’entendre les sentiments affectueux de Marie. C’est Lévi, l’enfant.

A celui qui possède une âme d’enfant, Dieu se révèle et révèle ses mystères, il lui permet d’entendre les paroles divines et celles de Marie. Celui qui possède une âme d’enfant a aussi la sainte hardiesse de Lévi et dit : “ Laisse-moi embrasser le vêtement de Jésus. ” Il le dit à Marie, parce que Marie est toujours celle qui vous donne Jésus. C’est elle qui porte l’Eucharistie. Elle est le Ciboire vivant.

Celui qui va vers Marie me trouve. Celui qui me demande à elle me reçoit par elle. Le sourire de ma Mère, quand une créature lui dit : “ Donne-moi ton Jésus, pour que je l’aime ” fait briller les Cieux d’une plus vive splendeur de joie, tant elle s’en réjouit.

Dis-lui donc : “ Laisse-moi embrasser le vêtement de Jésus. Laisse-moi embrasser ses plaies. ” Et ose encore davantage. Dis : “ Fais reposer ma tête sur le Cœur de ton Jésus, pour que j’y trouve mon bonheur. ”

Viens, et repose-toi, comme Jésus dans son berceau, entre Jésus et Marie. »

 

[57] je t’ai parlé, le 2 juin 1944. Voir “ Les cahiers de 1944 ”.