Sigismond Krasinski (Pologne, 1812-1859)

Sigismond Krasinski (Pologne, 1812-1859)

Un écrivain patriotique.

Ses œuvres poétiques, empreintes du plus ardent patriotisme, imprimées successivement à Paris par les soins d'un ami dévoué, ont eu chacune trois ou quatre éditions, car elles se répandaient en secret dans toutes les parties de l'ancienne Pologne, où on les lisait, relisait et apprenait par cœur, en y puisant la consolation et le courage.

Un lecteur de l'Apocalypse.

Sigismond Krasinski (1812-1859) est un lecteur assidu de l'Apocalypse.

Dans le Psaume de l'avenir, devant le trône du Tout-Puissant, Marie, Reine du Royaume de Pologne, montre à son Fils le cortège des martyrs, l'infinité des petites croix portées par ce peuple malheureux. C'est elle qui, tenant dans la main gauche le calice du sang du Christ, tient dans l'autre, plus bas, la coupe remplie avec le sang des martyrs. La Pologne, incarnée par une femme en deuil, reste debout, aux pieds de Marie. [1]

Dans Le dernier, le poète fait résonner l'espérance : le Christ, Verbe incréé, parlera de nouveau, il viendra comme Sauveur des races humaines, les nations entreront dans la cité Sion céleste (cf. Apocalypse 21) et, dans la vision du poète, la première derrière l'Homme-Dieu sera la Pologne, parce qu'elle a beaucoup souffert.

Extrait de « Le dernier »[2].

XV

« Où sont les riantes contrées de mon pays natal, les plaines dorées par les moissons, les prairies émaillées de fleurs ? où sont les forêts de sapins dont les branches secouées par le vent produisent un murmure qui ressemble à une étrange et mystérieuse prière ? où est le babil aérien des alouettes ? où est la vieille église où dorment mes ancêtres ? où est le chant des litanies catholiques de mon peuple, - de ce peuple qui appelle la Marie sa reine ? »

[...]

XVII

« O mes pensées, vous souvient-il encore de ce qui se préparait dans le monde avant votre anéantissement, de quels pressentiments frémissaient toutes les poitrines humaines au moment où commençait votre agonie ? N'est-ce pas qu'une voix sortant on ne savait d'où, mais qui retentissait partout, prophétisait à la terre ce qui devait advenir ?

"Les rois et les peuples interdits tomberont à genoux.

-Le verbe incréé se fera entendre de nouveau dans les âmes créées en y raffermissant la foi, l'amour et l'espérance.

-Les débris des siècles passés et les siècles futurs se dégageant de leurs nuages sombres, l'Esprit saint les confondra dans l'azur d'un même horizon éclairé par un seul soleil ;

-car il viendra à la fin le sauveur des races humaines, le restaurateur des patries dépossédées, le vengeur céleste de tous les crimes commis envers l'humanité." » [...]

XIX

« Et lentement, très lentement, derrière l'Homme-Dieu s'avance éblouissante de beauté et sans traces de la mort ma Pologne bien-aimée. - Elle s'arrête sur le seuil de la Sion promise à tous les peuples, - et de ces hauteurs sacrées sa voix retentit, s'adressant aux autres nations assemblées bien loin, bien bas, au fond de l'espace : "A moi, à moi, ô vous, races fraternelles ! La dernière lutte du dernier combat est terminée, - les pièges des trahisons et des mensonges terrestres sont détruits. - Montez avec moi dans le royaume de la paix."

-Et le chœur des nations lui répond : "Bénédiction et gloire à toi, ô Pologne ! car, bien que nous ayons toutes souffert, - toi tu as supporté plus de tourments qu'aucune de nous. - Par l'énormité des injustices accumulées sur toi, tu tenais constamment l'ennemi sous la foudre de Dieu ! - Durant ton martyre, tu puisais dans ton cœur une vie plus puissante que celle de tes oppresseurs, - et par ton sacrifice tu nous as sauvées. - Bénédiction et gloire à toi, ô Pologne !" »


[1] B. ROSINSKA, Notre-Dame dans la littérature polonaise, dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne Paris 1952, p. 229 ; ou www.biblisem.net/etudes/rosinotr.htm le 6 avril 2011.

[2] https://fr.wikisource.org/wiki/Deux_El%C3%A9gies_Polonaises, le 6 avril 2011.