Antonio Olivan, Présentation de Jésus

La présentation de Jésus racontée comme un roman historique

La Famille , dans le recueillement de la prière, franchit la majestueuse porte de Suse et traversa en grande humilité tout le parvis des Gentils dallé de marbre blanc puis le parvis des femmes; au fond resplendissait la porte Belle avec ses ornements ruisselants d'or et d'argent.

Les trois pèlerins se fondirent dans la foule des fidèles massés devant la porte de Nicanor et se dressant sur la pointe des pieds pour apercevoir l'autel des holocaustes sur lequel se consumaient les restes du sacrifice du matin.

La porte de Nicanor, pièce énorme coulée en bronze, mesurait vingt deux mètres et demi par dix-huit; elle dépassait en magnificence toutes les autres portes du Temple. C'était «la porte du Temple» et le battant de droite était marqué de la mezusah.

Les riches venaient les premiers, mettant bien en évidence l'agneau gras porté par un serviteur. Mais eux qu'on devinait être venus de la campagne, se devaient de céder le pas aux plus pauvres de Jérusalem.

Quand son tour fut venu, Marie souleva la corbeille aux deux tourterelles. La rougeur qui empourpra alors son beau visage n'exprimait pas le sentiment de l'humiliation de présenter l'offrande des pauvres, le qorban'ani, mais la vive émotion qu'elle ressentait dans la prière.

Le prêtre de service prit une tourterelle, l'immola selon le geste rituel et la lança dans les flammes. Ayant égorgé la seconde en victime d'expiation, il en versa le sang devant l'autel que, de son doigt empourpré, il marqua aux quatre coins; il réserva la chair pour les lévites.

Puis, il se dirigea vers Marie qu'il proclama désormais pure devant la Loi. Ce fut à ce moment que Joseph déclara au prêtre que Jésus était son premier-né. Il le remit donc entre les bras du ministre du Seigneur qui, dans un geste symbolique, le dédia au service divin.

Quand ensuite le prêtre lui demanda s'il désirait le racheter selon la prescription de la Loi, Joseph présenta six sicles d'argent neufs en récitant une invocation. Le prêtre lui rendit l'Enfant en disant: «Cet argent est reçu pour son rachat. Sois béni, Seigneur, Roi de l'univers, qui nous a sanctifiés par tes commandements et qui nous a prescrit le rachat du premier-né».

Humbles et réservés, Marie et Joseph se retiraient quand un vieillard les aborda les suppliant de pouvoir porter l'Enfant dans ses bras.

D'une voix frémissante, chargée de toutes les attentes et de tous les espoirs, il entonne le chant de sa prière inspirée.


A. Olivan

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