Fioretti sur la Miséricorde de Marie

Fioretti sur la miséricorde de Marie

Catherine Simon de Longpré naquit à Saint Sauveur le Vicomte en France, mais elle est surtout honorée au Québec. A 11 ans, elle rencontre saint Jean Eudes et elle entre alors quelque temps plus tard chez les augustines hospitalières de la Miséricorde. Elle prend alors le nom religieux de Marie-Catherine de Saint Augustin.
En 1647, elle répond à l'appel de Dieu pour aller dans la Nouvelle-France où elle donne toute sa mesure auprès des malades. Elle devient économe puis maîtresse des novices de sa congrégation au Québec, où elle rejoint la maison du Père le 8 mai 1668.

On lit dans la vie de soeur Catherine de Saint-Augustin qu’au même endroit où vivait cette servante de Dieu se trouvait une femme nommée Marie, laquelle, après une jeunesse passée dans le vice, s’obstinait, jusque dans la vieillesse, à poursuivre le cours de ses désordres ; tellement que, chassée du pays par ses concitoyens, elle fut réduite à se réfugier dans une grotte, loin de toute habitation. C’est là que, tombant d’avance en pourriture, elle finit par mourir sans sacrements, abandonnée de tous. On l’enfouit en plein champs, comme on aurait fait d’un vil animal.

Or sœur Catherine avait coutume de recommander à Dieu avec une grande ferveur les âmes de tous ceux qui entraient dans leur éternité ; mais pour cette misérable vieille femme, quand elle apprit sa triste fin, elle ne songea pas à prier. Comme tout le monde, elle la tenait pour damnée. Quatre ans s’étaient écoulés, quand un jour elle vit apparaître une âme du purgatoire qui lui dit :

- Sœur Catherine, que je suis donc malheureuse ! Vous recommandez à Dieu les âmes de tous ceux qui meurent, et il n’y a que mon âme dont vous n’avez pas eu pitié !

– Et qui êtes-vous ? Demande la servante de Dieu.

– Je suis, répond l’apparition, cette pauvre Marie qui mourut dans la grotte.

– Eh ! quoi ! vous êtes sauvée ? s’écrit alors Sœur Catherine.

– Oui, je suis sauvée par la miséricorde de la Vierge.

– Et comment cela ?

– Quand je me vis sur le point de mourir, me voyant si chargée de péchés et privée de tout secours, je me tournai vers la mère de Dieu, et je lui dis : O Notre-Dame ! Vous êtes le refuge des abandonnés ; voyez, en ce moment tout le monde m’abandonne ; vous êtes mon unique espérance, vous seule pouvez me venir en aide, ayez pitié de moi !

La Vierge m’obtint de faire un acte de contrition, je mourus et je fus sauvée. Ma bonne Reine m’a obtenu une autre grâce : que l’intensité de mes souffrances abrégeât la durée de mon expiation, laquelle aurait dû se prolonger pendant bien des années encore. Il ne me faut plus maintenant que quelques messes pour être délivrée du purgatoire.

Je vous prie de me les faire dire, et moi, en échange, je vous le promets, je ne cesserai pas de prier le bon Dieu et la Vierge pour vous. »

ur Catherine fit aussitôt célébrer les messes, et, peu de jours après, cette âme lui apparut de nouveau, plus brillante que le soleil, et lui dit :

- Je vous remercie, sœur Catherine, je m’en vais au ciel chanter les miséricordes de mon Dieu et prier pour vous.


Vie de Sœur Catherine de Saint-Augustin, livre IV, ch.III