De l'Ancien Testament au Nouveau, Marie et la Sagesse.

La Sagesse et Marie trône de la sagesse

La Sagesse biblique

Le terme sagesse signifie l’activité de l’homme qui cherche à savoir à connaître, à apprécier ce qui est savoureux, bon, juste. Il cherche à connaître les lois de l’harmonie du cosmos, il cherche à connaître l’origine de l’homme et toutes les énigmes de son existence.

Les sagesses de l’antiquité ne faisaient pas de distinction entre le profane et le sacré, la solution des problèmes physiques du cosmos et des questions éthiques de l’humanité étaient données dans la volonté des divinités.

Israël a d’abord découvert son Dieu comme celui qui le délivre et qui le sauve. Ensuite, progressivement, il a perçu que ce Dieu vivant était le Dieu unique, créateur de tout l’univers. Quand il est entré en contact avec les courants de sagesse des autres peuples (pendant l’exil et pendant l’époque grecque), Israël a identifié la sagesse avec la Torah. Celui qui connaît la Torah (la loi, les prophètes et les autres livres), celui-là devient sage.

La Sagesse biblique ouvre donc deux chemins vers Dieu : celui de la création et celui de l’histoire : L’histoire d’Israël révèle l’action de Dieu dans l’histoire qui devient une histoire d’Alliance (Si 44 ; Sg 9-19). La sagesse était présente lors de la création du monde (Siracide 24). Le Dieu d’Israël ayant créé le cosmos avec sagesse, le cosmos est aussi une théophanie, il parle de Dieu et révèle sa sagesse (Pr 8, 22-31 , Job 38-41).

Siracide 24 décrit la Sagesse avec des images poétiques :

  • La Sagesse fixe sa tente en Jacob, elle s’y enracine.
  • La Sagesse est comme un arbre magnifique qui s’étend dans toutes les directions (Si 24, 13-14) : le Nord (le Liban) ; l’Est (Engaddi), l’Ouest (la plaine côtière).
  • La Sagesse est un parfum, et, plus précisément, un parfum pour la liturgie : "le cinnamome et l'acanthe, une myrrhe de choix ; le galbanum, l'onyx, le labdanum, la vapeur d'encens dans la Tente" (Si 24, 15).

Marie trône de la sagesse :

« Marie conservait toutes ces choses en son cœur. »

(Lc 2, 19-51)

Cette mémoire de tout ce qui concerne le Seigneur est une attitude de sagesse (Dt 4, 9.23).
Cette mémoire est orientée vers une actualisation :

1) Trois fois il est dit que les Hébreux doivent se souvenir qu’ils ont été esclaves en Egypte (Dt 5, 15 ; 15, 15 ; 24, 18), et trois fois, cela est mis en lien direct avec le fait qu’il doivent (à leur tour) devenir miséricordieux envers l’esclave, l’orphelin, l’étranger (Dt 5, 14-15 ; 15, 12-15 ; 24, 17-22).

De même, la mère de Jésus gardait toute chose en son cœur, en les confrontant (grec : symballousa) (Lc 2, 19), c’est-à-dire en réfléchissant, et en donnant interprétation pour vivre l’aujourd’hui.

2) Le sage se souvient des grandes choses que le Seigneur a faite et comment il a délivré les justes. A partir d’une telle méditation, il est plus fort pour traverser les épreuves (Eccl 2, 10 ; Ps 22, 2.5-6).

ll en est de même pour Marie : à l’heure de la passion, elle est forte parce qu’elle se souvient d’Abraham, de l’Exode, de Judith, de la mère des Maccabées etc. Le sage qui a médité peut à son tour transmettre. Et c’est ce qui arrive pour la mère de Jésus. Elle peut transmettre les grandes choses que le Seigneur a faites (Lc 1, 49).

3) La sagesse est un don de Dieu, elle est inépuisable, elle est vraiment immense, incommensurable (Si 42, 21-25).

« C'est elle qui fait abonder la sagesse comme les eaux du Phisôn, comme le Tigre à la saison des fruits; qui fait déborder l'intelligence comme l'Euphrate, comme le Jourdain au temps de la moisson; qui fait couler la discipline comme le Nil, comme le Gihôn aux jours des vendanges. Le premier n'a pas fini de la découvrir, et de même le dernier ne l'a pas trouvée. Car ses pensées sont plus vastes que la mer, ses desseins plus grands que l'abîme.»

(Sirac 24, 25-29)

Et le sage devient à son tour un fleuve :

« Et moi, je suis comme un canal issu d'un fleuve, comme un cours d'eau conduisant au paradis. J'ai dit: "Je vais arroser mon jardin, je vais irriguer mes parterres." Et voici que mon canal est devenu fleuve et le fleuve est devenu mer. »

(Sirac 24, 30-31)

A travers l’image du fleuve, le sage devient une source pour le monde, pour les autres, il est lui-même bien irrigué et il répand la vie. Le texte poursuit de façon encore plus explicité :

« Je ferai luire la discipline dès le matin, je porterai au loin sa lumière. Je répandrai l'instruction comme une prophétie et je la transmettrai aux générations futures. Voyez: ce n'est pas pour moi que je travaille, mais pour tous ceux qui la cherchent. »

(Sirac 24, 32-34)

Marie est le trône de la sagesse en tant qu’elle est mère de Jésus qui est la sagesse, et qui est même plus grand que la sagesse.


A. SERRA

Cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento,

Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 261-303

(https://www.edizionimessaggero.it/).