1845 : L’arianisme et ses conséquences en mariologie (Newman)

L’arianisme et ses conséquences en mariologie (Newman)

Newman est attentif à montrer le développement de la compréhension du mystère du Christ, et de sa mère Marie. Il sait comment au IV° siècle, de l’école d’Antioche sortit l’hérésie d’Arius, à laquelle répondit le concile de Nicée.

Ce recul historique lui permet d’interpréter la situation moderne de l’Eglise anglicane : si l’Eglise anglicane perçoit le culte marial comme un culte mariolâtre, c’est parce qu’elle est elle-même menacée par un nouvel arianisme[1].

Newman écrit en 1845 :

« L’arianisme avait admis que Notre Seigneur était à la fois le Dieu de l’alliance évangélique et le Créateur réel de l’univers. Mais cela même ne pouvait suffire, parce que, tant qu’on voyait en lui un être fait pas le Suprême, on ne le reconnaissait pas comme l’Unique, l’Eternel, l’Infini, l’Etre suprême. [...]

Arius et Astérius confessaient tout, sauf que le Christ fût le Tout-Puissant ; et ils accordaient beaucoup plus à la Vierge que n’ont fait depuis saint Bernard et saint Alphonse ; cependant ils laissaient le Christ au niveau des créatures, et on les trouva en défaut. […]

Les dévots de Marie ne dépassent pas les limites de la vraie foi, à moins que celle-ci ne soit aux mains des blasphémateurs de son Fils. […]

Les conclusions que je pose ici ne furent pas tirées lors de la controverse [contre les ariens], mais elles découlent des prémisses qui y furent posées, pourvu qu’on les comprennent d’une manière large et profonde.

Il fut alors démontré, il fut alors précisé, qu’exalter une créature n’était pas reconnaître sa divinité. […]

Et l’école d’Antioche, cette source du rationalisme primitif, conduisit l’Eglise à préciser d’abord quelle grandeur on peut concevoir pour une créature, ensuite quelle est l’incommunicable dignité de la Vierge.

Mais le sentiment spontané ou traditionnel des chrétiens avait dans une large mesure devancé la décision formelle de l’Eglise. »[2]


[1] J-H.Newman, Cinquième conférence de 1851 à l’Oratoire, traduction française par Jules Gondon, Paris 1851, p.169

[2] J-H Newman, Essai sur le développement, Littlemore 1845, Chapitre IV, section II, § 8-11. Texte cité dans la traduction françaises aux éditions Desclée de Brouwer, Paris 1964, p. 187-190.

F. Breynaert

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