Dans un tronc de sorbier, la famille Fighiera avait fait sculpter une statue de la Vierge Marie par un artiste parisien, Pierre Moïse.Placée dans l'église d'Eze, elle avait été bénie par l'évêque, Mgr de Palletis en 1645.
Don Jacques Figuiera, fortement ému par ce qui venait de se produire et voyant les foules se presser à Laghet, décide d'y amener cette statue pour remplacer l'ancienne. Le 24 Juin 1652, les Pénitents blancs d'Eze l'apportent dans la chapelle de Laghet en procession solennelle.
A partir de ce jour, les « prodiges » se succèdent dans cette humble chapelle.
Chaque année le 24 Juin, les paroissiens d'Eze commémorent l'événement en montant à pied à Laghet.
Quant à la chapelle, dédiée à la glorification de la Mère de Dieu, elle est construite dans le même style que les grands édifices religieux niçois contemporains: (la cathédrale et Rita dans le Vieux Nice, l'église de l'Escarène ...), le « baroque nissa-ligure » ou, mieux, le « style Contre Réforme ». Il faut entrer dans le rythme des colonnes et des pilastres: avec les lignes des corniches, du pavement et même des bancs, ils guident nos yeux vers le « retable» du chœur, lieu où l'univers céleste (évoqué par les anges qui peuplent les voûtes et les arcs) rejoint le monde terrestre.
Alors s'offre à notre regard, « la Dame» de ce lieu qui nous présente le véritable « Seigneur », non seulement Jésus dans ses bras, mais surtout, dans le tabernacle, le Christ ressuscité.
L'Esprit Saint en gloire a été disposé en 1964 au-dessus de la Mère de Dieu en lieu et place d'une figure du Père Céleste peu conforme à la tradition iconographique chrétienne. Marie ayant conçu du Saint Esprit, la gloire du Père est manifestée par le Fils dans l'Esprit: la doctrine biblique qui inspire Vatican Il complète la théologie du Concile de Trente.
C'est donc bien, en réalité, la doctrine catholique, -défendue, un siècle plus tôt, par le Concile de Trente-, que ce baroque, nos offre en spectacle: l'Eglise solidement établie sur les apôtres (« ces colonnes... » dit Saint Paul) présente au monde le mystère: Dieu fait homme qui nous est donné par Marie, le christ mort et ressuscité que l'Eglise propose dans l'Eucharistie.
«Toutes les grâces que vous venez chercher ici trouvent leur accomplissement dans mon divin Fils ».
Le sanctuaire de Laghet est particulièrement dédié à Notre Dame du Mont Carmel
En 1674, des Carmes de Turin sont appelés par l'évêque Provana de Leyni, lui-même ancien provincial des Carmes. Ils animeront ce lieu pendant plus de deux siècles.
Les foules aimeront venir ici pour les grandes fêtes du Carmel, le 16 juillet, Notre Dame du Mont Carmel, et le 15 octobre, Thérèse d'Avila.
On retrouve la marque carmélitaine dans les chapelles latérales, dédiées l'une à Thérèse d'Avila, et 'autre à Saint Joseph pour lequel le Carmel a une dévotion particulière.
Notons aussi l'emblème du Carmel sur l'autel majeur et le vitrail au-dessus du chœur représentant saint Simon Stock recevant le scapulaire des mains de la Vierge Marie, le 16 juillet 1251.
L'action de grâce des ex-voto
Rapidement, les fidèles ont tenu à marquer leur reconnaissance à la Vierge par les ex-voto.
Souvent réalisés par des peintres spécialisés, ils répondaient à des normes: 1°) la représentation du prodige, 2°) en haut, la Madone de Laghet, 3°) en bas, le nom du bénéficiaire du miracle avec la mention VFGA (votum fecit, gratiam accepit : a fait un vœu, a obtenu une grâce).
En prenant le temps de les observer dans le déambulatoire, on découvrira la foi d'un peuple et le témoignage de ce qu'était la vie dans la région (depuis deux siècles car malheureusement les plus anciens ont été détruits par la Révolution française).