Lille (59) : Notre-Dame de la Treille

Notre-Dame de la Treille

A la fondation de la ville au XI° siècle. 

Trois vagues de miracles : XIII°, XVI° et XVII° siècles. [1]

Le 2 juin de l’an 1254, dimanche dans l’octave de la tète de la Trinité, un grand concours de peuple se pressait en l’église Saint Pierre de Lille, devant l’image de la Vierge appelée Notre-Dame de la Treille en raison de la vigne de fer forgé qui l’entourait et à laquelle les dévots avaient l’habitude de suspendre dons et ex-voto en remerciements des grâces dispensées.

La statue de pierre blanche représentait Marie sous les traits d’une reine en majesté, assise, l’Enfant Jésus sur le bras gauche et tenant le sceptre de la dextre.

Elle avait été offerte par le comte Baudouin V de Flandre en 1066, lorsqu’il avait fondé la cité et bâti l’église, gage du lien indissoluble entre la Mère de Dieu et la ville nouvelle, son fondateur lui avait, dans les chartes, donné le nom latin « Insula Civitas Virginis », l’île de la cité de la Vierge.

Donc, en ce 2 juin 1254, les Lillois se pressaient en foule devant Notre-Dame et, parmi eux, quantité de malades incurables et d’infirmes en tous genres, venus en gémissant mais sans trop y croire, mendier une amélioration de leur état. Or, en un instant, se produisit un événement sans précédent et quasi incroyable : tous ces gens se trouvèrent entièrement guéris.

Averti, l’évêque de Tournai avait diligenté une enquête à l’issue de laquelle l’Église reconnut cinquante-trois miracles au cours de ce merveilleux mois de juin.

À l’époque de ces prodiges, existait déjà une confrérie pieuse, dite de la Charité Notre-Dame, qui prit dès lors une renommée si considérable, qu’on voulait s’y faire affilier de route la région, puis de toute l’Europe.

On assista même par deux fois, entre 1519 et 1527, puis entre 1634 et 1638, à deux nouvelles vagues de miracles notoires en nombre impressionnant.

La première série correspondait aux soubresauts naissants de la Réforme et aux violences qu’elle commençait d’entraîner et fut perçue par les Lillois comme un encouragement à tenir ferme, quoiqu’il arrivât, dans la foi catholique ;

La seconde apparut comme la délicate réponse de Notre-Dame à la piété des Lillois et des Flamands qui venaient de lui consacrer d’abord la ville, puis celle de Tournai et enfin le diocèse tout entier au milieu des périls renouvelés où les plaçait leur situation entre l’Espagne et la France, perpétuellement en guerre.

Pourtant, les Lillois ne s’émurent guère lorsque, en 1791, la collégiale Saint Pierre fut déclarée « bâtiment inutile ». En 1793, le goût du lucre joint à la détestation du passé catholique fit accueillir favorablement l’offre d’achat d’un entrepreneur qui désirait abattre le sanctuaire afin d’en récupérer et revendre les pierres…

En 1832, pendant l’épidémie de choléra, un curé confie ses paroissiens à Notre-Dame de la Treille. Le choléra recula.

En 1854, année du dogme de l’Immaculée conception, les Lillois firent vœu de rendre à Notre Dame de la Treille un sanctuaire qui lui fut propre.

Les étapes de la reconstruction du sanctuaire [2] :

La construction du sanctuaire a débuté en 1854.

Simple chapelle votive à l'origine, le pape Pie X lui confère le titre de basilique en 1904.

Le 25 octobre 1913, l'archidiocèse de Cambrai est divisé en deux pour donner naissance au diocèse de Lille et Notre-Dame de la Treille devient cathédrale.

En 2008, Lille est élevée au rang d'archevêché et Notre-Dame de la Treille devient le siège de l'archevêque qui a autorité sur les diocèses d'Arras, Cambrai et Lille.

En 1999 est achevée la façade très moderne, grise à l'extérieur et orange translucide à l'intérieur.

La chapelle saint Joseph :

Le bas de l'autel de cette chapelle porte les outils du charpentier et les attributs de la royauté Joseph étant descendant du roi David.

Le tabernacle illustre les vertus théologales : la Foi, symbolisée par le serpent d'airain ; l'Espérance, symbolisée par l'ancre ; la Charité, symbolisée par le pélican.

La verrière de la chapelle présente dans la rosace l'apothéose de saint Joseph dans le ciel et dix médaillons qui retracent les principaux épisodes de sa vie.

Le choeur a été réaménagé en 1999 et il évoque la sortie d'Egypte :

 

- La cathèdre (ou siège de l'évêque) a une forme très large, arrondie, et une couleur ocre rouge : elle évoque la mer des roseaux (Exode 15, 14 ; Jos 4, 23) et symbolise le rôle de l'évêque qui encourage le peuple à passer la mer, à quitter les idoles, à sortir de soi, à croire en Dieu qui opère des miracles.

- L'ambon, le lieu de la Parole, qui, par son aspect rugueux rappelle un paysage désertique, est soutenu par un bâton qui évoque le bâton fleuri d'Aaron (Exode 4, 17).

- L'autel, reprend par ses lanières entrelacées le thème de la treille, et par la couleur du bronze doré, il évoque le sable du désert.

Tous ces thèmes de l'Exode conviennent parfaitement à une cathédrale dédiée à Marie, car elle est la Femme de l'Alliance dont le Oui à Nazareth reprend le Oui d'Israël au Sinaï, elle est aussi le buisson ardent et l'arche d'Alliance parce qu'elle porte la présence de Dieu et nous accompagne dans notre pèlerinage terrestre. Son Magnificat assume le chant de Myriam la sœur de Moïse.

Actualité :

Messes : tous les jours.

Sacrement de la réconciliation : tous les jours.

La grande procession de Lille en l'honneur de Notre Dame de la Treille a lieu chaque année le dimanche suivant la fête du Corps et du Sang du Christ (Fête-Dieu).


[1] Extraits de : Anne BERNET, Notre Dame en France, 52 pèlerinages, Editions de Paris, Versailles 2010, p. 115-119

[2] Les informations concernant l'architecture, le mobilier, et l'actualité se trouvent sur : Cathédrale Lille

 

 

Cf. Partie : Le culte marial (Doctrine)