159 - Discours sur la sincérité dans la foi (lundi 24 janvier 28)

Evangiles

Date :

Lundi 24 janvier 28

Lieu :

Guerguesa

 

Vision de Maria Valtorta :

159.1 Jésus parle dans une ville que je n’ai jamais vue. C’est du moins ce qu’il me semble, car elles ont toutes à peu près le même style et il est difficile de les différencier à première vue. Ici aussi une rue longe le lac et les barques sont tirées sur le rivage. Maisons et maisonnettes s’alignent de l’autre côté de la rue, mais les collines sont ici beaucoup plus en retrait, de sorte que la petite ville se trouve dans une plaine riante qui se prolonge sur la rive orientale du lac, à l’abri des vents, que les collines arrêtent. Elle jouit donc d’un climat tiède qui ici, plus encore que dans les autres campagnes, favorise la floraison des arbres.

Il semble que le discours est commencé, car Jésus dit :

« …C’est vrai. Vous dites : “ Nous ne t’abandonnerons jamais, car t’abandonner reviendrait à abandonner Dieu. ” Mais, peuple de Guerguesa, rappelle-toi que rien n’est plus changeant que la pensée humaine. Je suis convaincu qu’en ce moment vous le pensez réellement. Ma parole et le miracle survenu vous ont exaltés en ce sens et en ce moment vos paroles sont sincères.

159.2 Mais, je vais vous rappeler un épisode[89]. Je pourrais vous en citer mille, lointains ou proches, mais je m’en tiens à celui-là.

Avant de mourir, Josué, serviteur du Seigneur, rassembla autour de lui toutes les tribus, avec leurs anciens, leurs chefs, leurs juges et leurs magistrats, et il leur parla en présence de Yahvé. Il leur rappela tous les bienfaits et les prodiges accomplis par le Seigneur par son entremise. Après avoir tout énuméré, il les invita à rejeter tout dieu qui ne serait pas le Seigneur ou, du moins, à être francs dans leur foi en choisissant avec sincérité soit le vrai Dieu, soit les dieux de Mésopotamie et des Amorites, de façon qu’il y ait une nette séparation entre les fils d’Abraham et ceux qui s’at­tachent au paganisme.

Une erreur courageuse vaut toujours mieux qu’une hypocrite profession de foi ou un mélange de croyances qui est un opprobre pour Dieu et une mort pour les âmes. Or il n’est rien de plus facile et de plus commun que ce mélange. L’apparence est sauve, mais par-dessous, la réalité ne vaut rien. Il en est toujours ainsi, mes enfants. Il y a des fidèles qui mélangent l’observance de la Loi avec ce qu’elle interdit, ces malheureux qui hésitent comme des gens ivres entre la fidélité à la Loi et l’intérêt des marchés et des compromissions avec ceux qui ne sont pas soumis à la Loi, mais dont ils espèrent tirer profit. Il y a des prêtres, scribes ou pharisiens qui ne font plus du service de Dieu le but de leur vie, mais une politique astucieuse pour triompher des autres et pour avoir tout pouvoir contre les autres plus honnêtes. Ils sont tous serviteurs non pas de Dieu, mais d’un pouvoir qu’ils savent fort et précieux pour les buts qu’ils visent. Tous ne sont que des hypocrites qui mélangent notre Dieu avec des dieux étrangers.

Le peuple répondit à Josué : “ Loin de nous d’abandonner Yahvé pour servir d’autres dieux ! ” Josué leur dit ce que moi, je vous ai dit naguère sur la sainte jalousie du Père, sur sa volonté d’être aimé exclusivement, de tout notre être, sur son équité dans la punition des menteurs.

Punir ! Dieu peut punir, comme il peut récompenser. Nul besoin d’être mort pour avoir récompense ou châtiment. Regarde, peuple hébreu : Dieu, après t’avoir tant donné en te délivrant des pharaons, en te conduisant sain et sauf à travers le désert et en dépit des embûches des ennemis, en te permettant de devenir une nation grande et respectée, riche de gloires, ne t’a-t-il pas, par la suite, puni pour tes fautes une, deux, dix fois ? Regarde ce que tu es devenu à présent ! Et moi qui te vois te précipiter dans la plus sacrilège des idolâtries, je vois aussi dans quel gouffre tu vas te précipiter par ton obstination à retomber toujours dans les mêmes fautes. Et c’est pour cela que je te fais ce rappel, à toi, mon peuple qui es deux fois mien puisque je suis le Rédempteur et que je suis né de toi. Ce n’est pas de la haine, pas de la rancœur, pas de l’intransigeance. Mon rappel, même s’il est sévère, est encore une preuve d’amour.

159.3 Josué dit alors : “ Vous êtes témoins : vous avez choisi le Seigneur ”, et tous répondirent : “ Oui ”. Et Josué, qui était sage et pas seulement brave, sachant combien est faible la volonté de l’homme, écrivit sur un livre toutes les paroles de la Loi et de l’alliance ; il les plaça dans le temple et de plus, dans ce sanctuaire du Seigneur, à Sichem, qui contenait pour l’occasion le Tabernacle. Puis il posa une grande pierre en témoignage, en disant : “ Cette pierre qui a entendu les paroles que vous avez dites au Seigneur restera ici en témoignage pour que vous ne puissiez renier votre parole et mentir au Seigneur votre Dieu. ”

Une pierre, si grande et dure qu’elle soit, peut toujours être réduite en poussière par l’homme, par la foudre ou par l’érosion des eaux et du temps. Mais moi, je suis la Pierre angulaire et éternelle et je ne puis subir la destruction. Ne mentez pas à cette Pierre vivante. Ne l’aimez pas seulement parce qu’elle fait des prodiges. Aimez-la parce que par elle vous toucherez le Ciel. Je vous voudrais plus spirituels, plus fidèles au Seigneur. Je ne dis pas plus fidèles à moi : moi, je ne suis que parce que je suis la voix du Père. En me foulant aux pieds, vous blessez celui qui m’a envoyé. Je suis l’intermédiaire. Lui est le Tout. Recueillez de moi et conservez en vous ce qui est saint pour rejoindre ce Dieu. N’aimez pas l’Homme, aimez le Messie du Seigneur, non pour les miracles qu’il accomplit, mais parce qu’il veut faire en vous le miracle intime et sublime de votre sanctification. »

159.4 Jésus bénit et se dirige vers une maison.

Il se trouve presque sur le seuil quand il est arrêté par un groupe d’hommes âgés qui le saluent avec respect et lui disent :

« Pouvons-nous t’interroger, Seigneur ? Nous sommes des disciples de Jean et nous avons voulu te connaître parce qu’il parle toujours de toi et aussi parce que la renommée de tes prodiges est venue jusqu’à nous. Maintenant, en t’écoutant, il nous est venu à l’esprit une question.

– Parlez. Si vous êtes disciples de Jean, vous êtes déjà sur le chemin de la justice.

– Tu as dit, en parlant des idolâtries habituelles chez les fidèles, qu’il y a parmi nous des personnes qui trafiquent entre la Loi et les gens qui sont en dehors de la Loi. Toi aussi, cependant, tu es leur ami. Nous savons que tu ne dédaignes pas les romains. Alors ?

– Je ne le nie pas. Toutefois, pouvez-vous dire que je le fais pour en tirer quelque avantage ? Pouvez-vous dire que je les flatte pour obtenir ne serait-ce que leur protection ?

– Non, Maître, et nous en sommes plus que certains. Mais le monde n’est pas composé de nous seuls qui ne voulons croire qu’au mal que nous voyons et non pas au mal qu’on nous rapporte. Maintenant dis-nous les raisons qui rendent plausible la fréquentation des païens, pour nous guider et te défendre, si on te calomnie en notre présence.

– Il est mal d’avoir des contacts quand ce n’est que dans un but humain. Il n’est pas mal de les fréquenter pour les amener au Seigneur notre Dieu. C’est ce que je fais. Si vous étiez païens, je pourrais m’attarder à vous expliquer comment tout homme vient d’un Dieu unique. Mais vous êtes hébreux et disciples de Jean. Vous appartenez donc à la fine fleur des juifs et il n’est pas nécessaire que je vous l’explique. Vous pouvez donc comprendre et croire qu’il est de mon devoir, en tant que Verbe de Dieu, de porter sa parole à tous les hommes, fils d’un Père universel.

– Mais eux ne sont pas des fils puisqu’ils sont païens…

– Par la grâce, non, ils ne le sont pas. Par leur foi erronée, ils ne le sont pas. C’est vrai. Mais jusqu’à ce que j’aie racheté l’homme, même le juif aura perdu la grâce. Il en sera privé, parce que la faute originelle fait écran au rayon ineffable de la grâce, l’empêchant de descendre dans les cœurs. Mais, par la création, l’homme est toujours fils de Dieu. D’Adam, chef de l’humanité, descendent aussi bien les hébreux que les romains, or Adam est fils du Père qui lui a donné sa ressemblance spirituelle.

– C’est vrai. 159.5 Une autre question, Maître : pourquoi les disciples de Jean font-ils de grands jeûnes et pas les tiens ? Nous ne disons pas que tu ne dois pas manger. Même le prophète Daniel fut saint aux yeux de Dieu, tout en étant un grand de la cour de Babylone, or toi tu es plus grand que lui. Mais eux…

– Bien souvent, ce qu’on n’obtient pas par le rigorisme, on l’obtient par la cordialité. Il y a des personnes qui ne viendraient jamais au Maître, c’est donc au Maître d’aller à eux. D’autres viendraient volontiers au Maître, mais ils ont honte de le faire au milieu de la foule. Vers eux aussi le Maître doit aller. Et puisqu’ils me disent : “ Sois mon hôte pour que je puisse te connaître ”, j’y vais, sans tenir compte du plaisir d’une table opulente, ni des conversations qui me sont tellement pénibles, mais encore et toujours de l’intérêt de Dieu. Voilà pour moi. Et puisque souvent au moins une des âmes que j’aborde de cette façon se convertit — or toute conversion est une fête nuptiale pour mon âme, une grande fête à laquelle prennent part tous les anges du Ciel et que bénit le Dieu éternel — mes disciples aussi, en tant qu’amis de Moi-l’Epoux, jubilent avec leur ami l’Epoux. Voudriez-vous voir vos amis dans la peine pendant que moi je jubile ? Pendant que je suis avec eux ? Mais un temps viendra où ils ne m’auront plus avec eux. Alors ils feront de grands jeûnes.

159.6 A temps nouveaux, nouvelles méthodes. Jusqu’à hier, auprès de Jean-Baptiste, c’était la cendre de la Pénitence. Aujourd’hui, dans mon aujourd’hui, c’est la douce manne de la Rédemption, de la Miséricorde, de l’Amour. Les méthodes anciennes ne pourraient se greffer sur mon action, comme mes méthodes n’auraient pu être mises en œuvre alors, ne serait-ce qu’hier, puisque la Miséricorde n’était pas encore sur la terre. Maintenant, elle y est. Ce n’est plus le prophète, mais le Messie qui est sur la terre, lui à qui tout a été remis par Dieu. A chaque temps correspond ce qui lui est utile. Personne ne coud un morceau d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, parce que autrement – et surtout au moment du lavage – l’étoffe neuve rétrécit et déchire l’ancienne étoffe, si bien que la déchirure s’élargit encore. De la même façon, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres parce que autrement le vin fait éclater les outres incapables de supporter le bouillonnement du vin nouveau, si bien que celui-ci se répand hors des outres qu’il a crevées. Mais on met le vin vieux qui a déjà travaillé dans de vieilles outres, et le vin nouveau dans des outres neuves. Car une force doit être équilibrée par une autre qui doit lui être égale. Il en est ainsi maintenant. La force de la nouvelle doctrine impose des méthodes nouvelles pour sa diffusion. Et moi, qui sais, je les emploie.

159.7 – Merci, Seigneur. Nous sommes satisfaits. Prie pour nous. Nous sommes de vieilles outres. Pourrons-nous résister à ta force ?

– Oui, parce que Jean-Baptiste vous a tannés et parce que ses prières, unies aux miennes, vous en donneront la possibilité. Partez avec ma paix et dites à Jean que je le bénis.

– Mais… selon toi, vaut-il mieux pour nous rester avec Jean-Baptiste ou venir avec toi ?

– Tant qu’il y a du vin vieux, il est plus agréable de le boire parce qu’il flatte davantage le palais. Plus tard… comme l’eau malsaine qui se trouve partout vous dégoûtera, vous aimerez le vin nouveau.

– Crois-tu que Jean-Baptiste sera repris ?

– Certainement. Je lui ai déjà adressé une mise en garde. Allez, allez. Profitez de votre Jean tant que vous le pouvez et faites-lui plaisir. Après, vous m’aimerez, moi. Et cela vous sera pénible aussi… car personne, après avoir goûté le vin vieux ne désire aussitôt le vin nouveau. Il dit : “ Le vin vieux était meilleur. ” Et en effet, j’aurai une saveur spéciale qui vous paraîtra âpre. Mais vous vous habituerez à la longue à cette saveur vitale. Adieu, mes amis. Que Dieu soit avec vous. »

 

[89] un épisode : celui qui est rapporté en Jos 24, 1-28.