226 - Un signe d’éveil de Marie de Magdala (lundi 22 mai 28)

Evangiles

Pas de correspondance

Date :

Lundi 22 mai 28

Lieu :

Béthanie

 

Vision de Maria Valtorta :

226.1 Jésus, accompagné de Simon le Zélote, arrive dans le jardin de Lazare par une belle matinée d’été. L’aurore ne touche pas encore à sa fin, de sorte que tout est frais et riant.

Le jardinier, qui accourt recevoir le Maître, lui montre un pan de vêtement blanc qui disparaît derrière une haie et dit :

« Lazare se dirige vers la tonnelle des jasmins avec des rouleaux qu’il va lire. Je vais l’appeler. 

– Non. J’y vais tout seul. »

Jésus se hâte le long d’un sentier bordé d’une haie en fleurs. L’herbe rase qui côtoie la haie atténue le bruit de ses pas, et Jésus cherche justement à marcher dessus pour arriver à l’improviste devant Lazare.

Il le surprend debout, ses rouleaux posés sur une table de marbre, priant à voix haute :

« Ne me déçois pas, Seigneur. Fais grandir ce brin d’espérance qui est né dans mon cœur. Accorde-moi ce que, par mes larmes, je t’ai demandé des milliers de fois, ce que je t’ai demandé par mes actes, par le pardon, par tout mon être. Donne-le-moi en échange de ma vie. Donne-le-moi au nom de ton Jésus qui m’a promis cette paix. Peut-il mentir, lui ? Dois-je penser que sa promesse a été un vain mot ? Que son pouvoir est inférieur à cet abîme de péché qu’est ma sœur ? Dis-le-moi, Seigneur, pour que je me résigne par amour pour toi… 

– Oui, je te l’affirme ! » dit Jésus.

Lazare se retourne vivement et s’écrie :

« Oh ! Mon Seigneur ! Mais quand es-tu arrivé ? »

Et il se penche pour baiser le vêtement de Jésus.

« Il y a quelques minutes. 

– Seul ?

– Avec Simon le Zélote, mais là où tu es, je suis venu seul. Je sais que tu dois m’annoncer une grande chose. Dis-la-moi donc. 

– Non. Réponds d’abord à la question que j’ai posée à Dieu. Selon ta réponse, je te la dirai. 

– Dis-la-moi, dis-la-moi, cette grande chose. Tu peux la dire… »

Jésus sourit en ouvrant les bras pour l’y inviter.

« Dieu Très-Haut ! C’est donc vrai ? Toi, alors, tu sais que c’est vrai ? ! », et Lazare se réfugie dans les bras de Jésus pour lui confier sa grande chose.

226.2 « Marie a appelé Marthe à Magdala. Et Marthe est partie, inquiète, craignant quelque grand malheur… Moi, je suis resté seul ici, avec cette même crainte. Mais Marthe m’a fait parvenir une lettre par le serviteur qui l’a accompagnée, une lettre qui m’a rempli d’espoir. Regarde, je l’ai ici, sur le cœur. Je la garde là, parce qu’elle m’est plus précieuse qu’un trésor. Ce ne sont que quelques mots, mais je les relis de temps en temps pour être certain qu’ils ont bien été écrits. Regarde… »

Lazare sort de son vêtement un petit rouleau lié par un ruban violet et le déroule.

« Tu vois ? Lis, lis à haute voix. Lue par toi, la chose me paraîtra plus certaine. 

– “ Lazare, mon frère. A toi paix et bénédiction. Je suis arrivée rapidement et en bonnes conditions. Et mon cœur n’a plus palpité de crainte de nouveaux malheurs, parce que j’ai vu Marie, notre Marie, en bonne santé et… dois-je te le dire ? Elle est moins agitée qu’auparavant. Elle a pleuré sur mon cœur, des pleurs interminables… Et puis, à la nuit tombée, dans la pièce où elle m’avait conduite, elle m’a posé des tas de questions sur le Maître. Rien de plus, pour le moment. Mais moi, qui vois le visage de Marie et qui entends ses paroles, je dis que l’espérance est née dans mon cœur. Prie, mon frère. Espère. Ah, si c’était vrai ! Je reste encore parce que je comprends qu’elle me veut auprès d’elle comme pour être défendue contre la tentation et pour apprendre… Quoi ? Ce que nous savons déjà : la bonté infinie de Jésus. Je lui ai parlé de cette femme venue à Béthanie… Je vois qu’elle réfléchit tant et plus… Il nous faudrait Jésus. Prie. Espère. Que le Seigneur soit avec toi. ” »

Jésus replie le rouleau et le rend.

« Je vais y aller. Peux-tu prévenir Marthe de venir à ma rencontre à Capharnaüm d’ici quinze jours, tout au plus ? 

– Oui, je le peux, Seigneur. Et moi ? 

– Tu restes ici. Marthe aussi, je la renverrai ici. 

– Pourquoi ? 

– Parce que ceux qui sont rachetés ont une pudeur profonde et rien ne leur fait plus honte que le regard d’un père ou d’un frère. Moi aussi, je te dis : “ Prie, prie, prie. ” »

Lazare pleure sur la poitrine de Jésus… Ensuite, après s’être repris, il parle encore de son inquiétude, de ses découragements…

« Cela fait presque un an que j’espère… que je désespère… Comme il est long, le temps de la résurrection !… » s’écrie-t-il.

226.3 Jésus le laisse parler, parler, parler… jusqu’à ce que Lazare s’aperçoive qu’il manque aux devoirs de l’hospitalité, et il se lève pour conduire Jésus à la maison. Pour ce faire, ils passent à côté d’une épaisse haie de jasmins en fleurs ; des abeilles d’or bourdonnent sur leurs corolles en forme d’étoile.

« Ah ! J’allais oublier de te le dire : le vieux patriarche que tu m’as envoyé est retourné dans le sein d’Abraham. C’est Maximin qui l’a trouvé, assis ici, la tête appuyée contre cette haie, comme s’il s’était endormi, à côté des ruches dont il s’occupait comme si elles étaient des maisons remplies d’enfants dorés. C’est ainsi qu’il appelait ses abeilles. Il paraissait les comprendre et être compris d’elles. Et quand Maximin a trouvé le patriarche endormi dans la paix de sa bonne conscience, il y avait un voile précieux de petits corps couleur d’or. Toutes les abeilles s’étaient posées sur leur ami. Les serviteurs eurent du mal à les détacher de lui. Il était si bon qu’il avait peut-être un goût de miel… Il était si honnête qu’il était peut-être, pour les abeilles, une espèce de corolle non contaminée… J’en ai eu de la peine. J’aurais voulu l’avoir plus longtemps chez moi. C’était un juste…

– Ne le pleure pas. Il est en paix, et de ce lieu de paix, il prie pour toi qui as adouci ses derniers jours. Où est-il enseveli ?

– Au fond du jardin, encore près de ses ruches. Viens, je t’y conduis. »

Et ils se dirigent, par un petit bois de lauriers-cerises, vers les ruches d’où provient un bourdonnement laborieux…