Comment j’ai perçu les secrets (Mélanie – La Salette)

Comment j’ai perçu les secrets (Mélanie – La Salette)

Une vingtaine d'année après l'apparition de 1846, la voyante, Mélanie Calvat, devenue religieuse, raconte ce qu'elle a vécu :

« La Vierge prononçait toutes les paroles, soit des secrets, soit des règles, seulement j'aurais pu deviner ou pénétrer le reste de ce qu'elle disait en paroles : un grand voile était levé, les évènements se découvraient à mes yeux et à mon imagination à mesure qu'elle prononçait toutes les paroles et un grand espace se déroulait devant moi ; je voyais les évènement, les changements d'opération de la terre, et Dieu immuable dans sa gloire regardait la Vierge qui s'abaissait à parler à deux pâtres. [...]

Il y a des personnes qui voudraient que la Vierge n'eût pas tant parlé, C'est dommages qu'elles soient si avares envers une pauvre bergère qui désirerait de tout son cœur que le monde entier eût vu et entendu tout ce qu'elle a vu et entendu pendant une demi-heure, parce que tout le monde se serait converti...

Et ces personnes qui disent que la Vierge ne parle pas autant, auraient bien compris et mieux compris que ce qu'enseignent les livres, s'il y en a qui l'enseignent, que les paroles du ciel ne sont pas seulement des paroles : c'est-à-dire que la personne qui écoute ne s'arrête pas à la lettre, à la parole ; mais chaque parole se développe, et l'action future a lieu dans le moment, et l'on voit mille et mille fois plus de choses que ce que les oreilles entendent. [...] On voit les complots qui se font ; on voit les rois de la terre, lesquels ont chacun plusieurs anges gardiens ; on les voit s'agiter, faire, défaire ; on voit la jalousie des uns, l'ambition des autres, etc., etc. Et tout cela dans une seule parole qui s'échappe des lèvres de Celle qui fait trembler l'enfer, la Vierge Marie.

Oui, si ces personnes avaient vu une seule fois quelqu'un du paradis, elles ne diraient plus que l'esprit qui leur a parlé, n'a pas tant dit de de choses ; mais elles diraient plutôt qu'il leur est impossible de dire tout ce qu'elles savent.

[...]

C'était un tableau en action. Je voyais le sang de ceux qui étaient mis à morts, et le sang des martyrs ; mais l'amour de cette douce Vierge s'étendait sur moi, il prenait la place de tout le reste, il me faisait fondre ; je ne pensais plus, je n'avais pas le pouvoir de faire une réflexion ; j'étais bien savante alors, je parlais, mais je ne parlais pas avec des paroles ; et quand la douve Vierge marchait, elle n'eut pas besoin de me dire de la suivre [...] j'étais attirée ; j'étais collée à cette beauté ravissante : Marie ! »


Extrait de la correspondance de Mélanie Calvat adressée à l'abbé Félicien Bliard, (à partir du 26 décembre 1870), publiées par F. Bliard, Lettres à un ami sur le secret de la Salette, Naples, Ancora, 1873, p. 34-37. Publiés dans René LAURENTIN, Michel CORTEVILLE, Découverte du Secret de la Salette, Fayard, 2002, p. 216-217