313 - Dans cette troisième année, Jésus sera le Juste (samedi 16 décembre 28)

Evangiles

Pas de correspondance

Date :

Samedi 16 décembre 28

Lieu :

Nazareth

 

Vision de Maria Valtorta :

313.1 Jean, Jacques, Matthieu et André sont déjà arrivés à Nazareth et, en attendant Pierre, ils se promènent dans le jardin de Nazareth, tout en plaisantant avec Marziam ou en discutant. Je ne vois personne d’autre, comme si Jésus était sorti et Marie occupée au ménage. Comme le four fume, je suppose qu’elle est occupée à faire du pain.

Les quatre apôtres sont heureux d’être dans la maison du Maître, et ils le manifestent. Marziam leur dit au moins à trois reprises :

« Ne riez pas comme ça ! »

La troisième fois, Matthieu remarque la recommandation et demande :

« Pourquoi, mon garçon ? N’est-il pas juste d’être contents d’être ici ? Toi, tu as bien profité de cet endroit, hein ? Maintenant, c’est à notre tour ! »

Et il lui donne une chiquenaude amicale. Marziam le regarde avec beaucoup de sérieux, mais il sait se taire.

Jésus rentre avec ses cousins Jude et Jacques qui, avec force démonstrations, saluent les compagnons dont ils ont été séparés pendant de longs jours. Marie, femme d’Alphée, sort la tête du fournil, toute rouge et enfarinée, et elle sourit à ses grands fils.

Simon le Zélote arrive bon dernier en disant:

« J’ai tout fait, Maître. D’ici peu, Simon sera ici.

– Quel Simon ? Mon frère ou Simon, fils de Jonas ?

– Ton frère, Jacques. Il vient avec toute sa famille te saluer. »

313.2 En effet, quelques minutes plus tard, des coups à la porte et tout un bavardage annoncent l’arrivée de Simon, fils d’Alphée, qui entre le premier en tenant par la main un enfant d’environ huit ans. Salomé le suit, entourée de sa nichée. Marie, femme d’Alphée, sort du fournil et embrasse ses petits-enfants, heureuse de les voir là.

« Tu pars donc de nouveau ? demande Simon tandis que ses enfants lient amitié avec Marziam qui, me semble-t-il, ne connaît bien que le seul Alphée qui a été guéri.

– Oui, il est temps.

– Tu auras encore des jours de pluie !

– Peu importe. Chaque jour nous rapproche du printemps.

– Tu vas à Capharnaüm ?

– J’irai certainement, mais pas tout de suite. Maintenant je vais traverser la Galilée et continuer au-delà.

– Je viendrai te trouver quand je te saurai à Capharnaüm. Je t’amènerai ta Mère et la mienne.

– Je t’en serai reconnaissant. Maintenant, ne la néglige pas. Elle reste toute seule. Amène-lui les petits. Ici, ils ne se corrompent pas. Tu peux en être sûr… »

Simon rougit violemment sous l’allusion que fait Jésus à son ancienne manière de voir, et à cause du coup d’œil très significatif de sa femme qui semble lui dire : “ Tu entends ? C’est pour toi ! ”

Mais Simon détourne la conversation en disant :

« Où est ta Mère ?

– Elle est en train de faire le pain, mais elle va arriver… »

Les enfants de Simon, cependant, n’attendent pas davantage, et ils vont, derrière leur grand-mère, dans le fournil. Et voilà qu’une fillette, à peine plus grande que le petit Alphée qui a été guéri, en sort presque aussitôt en disant :

« Marie pleure. Pourquoi ? Hein, Jésus ? Pourquoi est-ce que ta Mère pleure ?

– Elle pleure ? Oh, chérie ! Je vais la trouver » dit Salomé avec empressement.

Mais Jésus explique :

« Elle pleure parce que je pars… Mais tu viendras lui tenir compagnie, n’est-ce pas ? Elle t’apprendra à broder et tu la réjouiras. Me le promets-tu ?

– J’y viendrai moi aussi, maintenant que mon père m’y laisse venir » dit Alphée en mangeant une petite fouace chaude qu’on lui a donnée.

Mais si chaude que soit la fouace, qu’on peut à peine tenir entre les doigts, je la crois froide en comparaison de la chaleur que produit la honte de Simon, fils d’Alphée, quand il entend les mots de son petit garçon. Bien que ce soit une matinée d’hiver très fraîche, avec un vent du nord qui chasse les nuages du ciel mais qui pique aussi la peau, Simon est couvert d’une transpiration abondante, comme en plein été…

Mais Jésus fait mine de ne pas s’en apercevoir et les apôtres paraissent prendre un grand intérêt à ce que disent les enfants de Simon. Ainsi l’incident prend fin :

313.3 Simon peut se ressaisir et demander à Jésus pourquoi tous les apôtres ne sont pas là.

« Simon-Pierre va arriver. Les autres me rejoindront au bon moment. Nous en sommes déjà convenus.

– Tous ?

– Tous.

– Même Judas ?

– Même lui…

– Jésus, viens un moment avec moi » demande instamment son cousin Simon.

Et une fois qu’ils se soient écartés vers le fond du jardin, Simon demande :

« Mais, sais-tu bien qui est Judas ?

– C’est un homme d’Israël. Rien de plus, rien de moins.

– Oh, tu ne voudras pas me dire qu’il est… »

Il va s’échauffer et élever la voix. Mais Jésus le calme en l’interrompant et en lui mettant la main sur l’épaule, et il lui dit :

« Il est tel que le font les idées dominantes et les gens qui l’approchent. C’est pourquoi, à titre d’exemple, si ici (il appuie fortement sur le mot) il avait trouvé toutes les âmes justes et les esprits intelligents, il n’aurait pas eu le désir de pécher. Mais il ne les a pas trouvés. Au contraire, il a trouvé un milieu tout humain auquel il a adapté tout à son aise son moi très humain qui rêve, voit, travaille pour moi et en moi en tant que roi d’Israël, au sens humain du terme, tout comme tu rêves que je sois, comme tu voudrais me voir et comme tu aurais envie de travailler, toi, et avec toi ton frère Joseph, et avec vous deux, Lévi, le chef de la synagogue de Nazareth, et encore Mattathias, Siméon, Matthias, Benjamin et Jacob et, à part trois ou quatre, vous tous qui êtes de Nazareth. Et pas seulement de Nazareth… Et il a de la peine à se former parce que vous contribuez tous à le déformer. Toujours davantage. C’est le plus faible de mes apôtres. Mais, pour l’instant, il n’est pas plus qu’un faible. Il a de bons mouvements, il a des volontés droites, il a de l’amour pour moi. De l’amour dévié dans sa forme, mais toujours de l’amour. Vous ne l’aidez pas à séparer ces tendances bonnes de celles qui ne le sont pas et qui forment son moi. Vous ne cessez d’aggraver ces dernières en faisant pénétrer en lui vos incrédulités et vos limites humaines.

313.4 Mais allons à la maison, les autres nous y ont précédés…»

Simon le suit, un peu mortifié. Ils sont presque sur le seuil quand il retient Jésus et lui dit :

« Mon Frère, tu es en colère contre moi ?

– Non. Mais j’essaie de te former toi aussi comme je forme tous les autres disciples. Ne m’as-tu pas dit que tu désirais l’être ?

– Oui, Jésus. Mais les autres fois, tu ne parlais pas ainsi, même quand tu faisais des reproches. Tu étais plus doux…

– Et à quoi cela a-t-il servi ? Je l’ai été autrefois. Voici deux ans que je le suis… Vous vous êtes reposés sur ma patience et ma bonté, ou bien vous avez affilé vos crocs et vos griffes. L’amour vous a servi à me nuire. N’est-ce pas vrai ?

– Oui, c’est vrai. Mais alors tu ne seras plus bon ?

– Je serai juste. Et même, en l’étant, je serai toujours celui que vous ne méritez pas, vous les israélites, qui ne voulez pas reconnaître en moi le Messie promis. »

313.5 Ils entrent dans la petite pièce, tellement bondée que plusieurs sont passés dans la cuisine ou dans l’atelier de Joseph : ce sont les apôtres, sauf les deux fils d’Alphée restés près de leur mère et de leur belle-sœur, auxquels s’unissent maintenant Marie qui entre, tenant par la main le petit Alphée. On voit clairement sur le visage de Marie les traces des larmes qu’elle a versées.

Elle est sur le point de répondre à Simon qui lui assure qu’il viendra chez elle tous les jours, quand un petit char s’avance dans la paisible ruelle, et avec un tel bruit de grelots qu’il attire par son vacarme l’attention des fils d’Alphée, de sorte que pendant que l’on frappe du dehors, on ouvre en même temps de l’intérieur. Voici qu’apparaît le visage joyeux de Simon-Pierre, encore assis sur le char, qui frappe avec le manche du fouet… A côté de lui, timide mais souriante, Porphyrée est assise sur des tas de caisses, grosses et petites, qui lui font comme un trône.

Marziam sort en courant pour saluer sa mère adoptive. Les autres sortent aussi, et avec eux Jésus.

« Maître, me voici. J’ai amené mon épouse, et de cette façon, parce que c’est une femme qui ne peut faire une longue route. Marie, que le Seigneur soit avec toi. Et avec toi aussi, Marie, femme d’Alphée. »

Il regarde tout le monde pendant qu’il descend de son véhicule et qu’il aide sa femme à descendre, et il adresse un salut à tous. On voudrait l’aider à décharger le char, mais il s’y oppose énergiquement.

« Plus tard, plus tard » dit-il.

Et, sans façons, il se dirige vers la large porte de l’atelier de Joseph et l’ouvre toute grande en essayant d’y faire entrer le char tout chargé. Mais, naturellement, il ne peut pas passer. Pourtant la manœuvre sert à distraire les hôtes et à leur faire comprendre qu’ils sont de trop… Et, en effet, Simon, fils d’Alphée, prend congé avec toute sa famille…

313.6 « Maintenant que nous sommes seuls, pensons à nous…» dit Simon-Pierre en faisant reculer l’âne qui fait du vacarme comme dix, couvert comme il l’est de sonnailles, au point que Jacques, fils de Zébédée, ne peut s’empêcher de demander en riant :

« Où l’as-tu donc trouvé, ainsi harnaché ? »

Mais Pierre est occupé à prendre les caisses qui étaient sur le char et à les passer à Jean et à André, qui s’attendent à en sentir le poids, mais restent stupéfaits de leur légèreté. Ils expriment tout haut leur étonnement…

« Filez dans le jardin et ne faites pas les moineaux apeurés », ordonne Pierre en descendant à son tour avec une petite caisse réellement lourde qu’il dépose dans un coin de la petite pièce.

« Et maintenant, au tour de l’âne et du char. L’âne et le char ? L’âne et le char !… ça, c’est difficile !… Et pourtant, il faut que tout entre dans la maison…

– Dans le jardin, Simon » dit Marie à mi-voix. « Il y a un abri dans la haie, au fond. Il n’est pas visible parce qu’il est couvert de branches… Mais il y en a un. Suis le sentier le long de la maison, entre elle et le jardin voisin, et je vais venir te montrer où est l’entrée… Qui vient dégager les ronces qui la couvrent ?

– Moi ! Moi ! »

Tous courent au fond du jardin pendant que Pierre s’éloigne avec son bruyant équipage et que Marie, femme d’Alphée, ferme la porte… On dégage à coups de faucille la grille rudimentaire et on ouvre l’abri où l’on fait entrer l’âne et le char.

« C’est bien ! Et maintenant, enlevons tout ça : ça me casse les oreilles ! »

Et Pierre se hâte de couper tous les liens qui tiennent les sonnailles attachées au harnachement.

« Mais pourquoi donc as-tu laissé tout cela ? demande André.

– Pour que tout Nazareth m’entende arriver. Et j’y suis parvenu… Maintenant, je les enlève pour que tout Nazareth ne nous entende pas partir. C’est pour cela que j’ai mis les caisses vides… Nous partirons avec les caisses pleines, et personne, si quelqu’un nous voit, ne s’étonnera de voir une femme assise sur les caisses à côté de moi. Celui qui est loin d’ici se vante d’avoir du bon sens et le sens pratique. Mais quand je veux, j’en ai moi aussi…

– Mais pourquoi, mon frère, tout cela est-il nécessaire ? demande André qui a donné à boire à l’âne, en l’amenant près du bûcher rudimentaire à côté du four.

– Pourquoi ? Mais tu ne sais donc pas ?… Maître, ils ne sont au courant de rien ?

– Non, Simon. Je t’attendais pour parler. Venez tous dans l’atelier. Les femmes sont bien, là où elles sont, et tu as bien fait d’agir ainsi. »

313.7 Ils vont dans l’atelier tandis que Porphyrée avec l’enfant et les deux Marie restent dans la maison.

« J’ai voulu que vous veniez ici parce que vous devez m’aider à faire partir très loin Jean et Syntica. C’est depuis la fête des Tentes que j’ai pris cette décision. Vous avez bien vu qu’il était impossible de les garder avec nous et même de les garder ici, sous peine de mettre en danger leur paix. Comme toujours, Lazare de Béthanie m’aide dans cette œuvre. Ils sont déjà prévenus. Simon-Pierre le sait depuis quelques jours. Vous, le savez désormais. Cette nuit, nous allons quitter Nazareth, même s’il y a de l’eau et du vent au lieu de la première lune. Nous aurions dû déjà être partis, mais je suppose que Simon a eu des difficultés pour trouver le moyen de transport…

– Et comment ! J’allais désespérer de le trouver. Mais grâce à un Grec dégoûtant de Tibériade, j’ai finalement pu l’obtenir… Et ce sera commode…

– Oui. Ce sera commode, surtout pour Jean d’En-Dor.

– Où est-il, on ne le voit pas ? demande Pierre.

– Dans sa chambre, avec Syntica.

– Et… comment a-t-il pris la nouvelle ? demande encore Pierre.

– Avec beaucoup de douleur ; la femme aussi…

– Et toi aussi, Maître. Ton front est marqué d’une ride qui n’y était pas, et tu as l’œil sévère et triste, observe Jean.

– C’est vrai. Cela m’a beaucoup éprouvé…

313.8 Mais parlons de ce que nous devons faire. Ecoutez-moi bien, car ensuite nous devrons nous quitter. Nous partirons ce soir, au milieu de la première veille[26]. Nous partirons comme des gens qui s’enfuient… parce qu’ils sont coupables. Au contraire, nous n’allons pas faire du mal, nous ne nous enfuyons pas pour avoir mal agi. Mais nous nous en allons pour empêcher d’autres d’en faire à ceux qui n’auraient pas la force de le supporter. Nous partirons donc… Nous prendrons la route de Séphoris… Et nous ferons une pause à mi-chemin, dans une maison, pour repartir à l’aube. C’est une maison avec beaucoup de portiques pour les animaux. Il s’y trouve des bergers amis d’Isaac. Je les connais, ils m’abriteront sans rien demander. Puis nous devrons absolument atteindre Jiphtaël avant le soir et y faire halte. Penses-tu que l’animal le puisse ?

– Bien sûr ! Il me l’a fait payer, ce sale Grec, mais c’est une bonne bête, solide.

– C’est bien. Le lendemain, nous irons à Ptolémaïs et nous nous séparerons. Vous, sous la conduite de Pierre qui est votre chef et à qui vous devrez obéir aveuglément, vous irez par mer jusqu’à Tyr. Là, vous trouverez un bateau en partance pour Antioche. Vous y monterez en donnant cette lettre à lire au patron du navire. Elle est de Lazare, fils de Théophile. Vous passerez pour ses serviteurs, envoyés sur ses terres d’Antioche, ou plutôt à ses jardins d’Antigonée. C’est ce que vous êtes pour tous. Sachez être attentifs, sérieux, prudents et silencieux. En arrivant à Antioche, allez aussitôt chez Philippe, l’intendant de Lazare, à qui vous donnerez cette lettre…

– Maître, il me connaît, dit Simon le Zélote.

– Très bien.

– Mais comment me prendra-t-il pour un serviteur ?

– Pour Philippe, ce n’est pas nécessaire. Il sait qu’il doit accueillir et héberger deux amis de Lazare et les aider en tout. C’est ce qui est écrit. Quant à vous, vous les avez accompagnés. Rien de plus. Il vous appelle : “ ses chers amis de Palestine ”. Et c’est ce que vous êtes, unis tous ensemble dans la foi et par l’entreprise que vous menez à bien. Vous vous reposerez jusqu’à ce que le navire, après avoir terminé ses opérations de déchargement et de chargement, reparte pour Tyr. De Tyr, vous viendrez en barque jusqu’à Ptolémaïs et, de là, vous me rejoindrez à Aczib…

– Pourquoi ne viens-tu pas avec nous, Seigneur ? dit Jean en soupirant.

– Je reste pour prier pour vous et spécialement pour ces malheureux. Je reste pour prier.

313.9 Ainsi commence ma troisième année de vie publique. Elle commence par un départ bien triste, comme la première et la deuxième. Elle commence par une grande prière et une grande pénitence comme la première… Car celle-ci a les difficultés douloureuses de la première, et davantage encore. A ce moment-là, je me préparais à convertir le monde, maintenant je me prépare à une œuvre bien plus vaste et bien plus puissante. Mais écoutez-moi bien : sachez que si la première année j’ai été l’Homme-Maître, le Sage qui appelle à la Sagesse par une humanité parfaite et la perfection de l’intelligence, et si la seconde, j’ai été le Sauveur et l’Ami, le Miséricordieux qui passe en accueillant, en pardonnant, en compatissant, en supportant, la troisième année je serai le Dieu Rédempteur et Roi, le Juste. Ne vous étonnez donc pas si vous voyez en moi des apparences nouvelles et si, dans l’Agneau, vous voyez briller le Fort. Comment Israël a-t-il répondu à mon invitation d’amour, à mes bras ouverts qui disaient : “ Viens : j’aime et je pardonne ” ? Par une fermeture, une dureté de cœur toujours croissante, par le mensonge et les pièges. Eh bien, soit !

J’en avais appelé à toutes les classes, en abaissant mon front jusqu’à la poussière. Sur la Sainteté qui s’humiliait, il a craché.

Je l’avais invité à se sanctifier. Il m’a répondu en se livrant au démon.

J’ai fait mon devoir, en tout. Mon devoir, il l’a appelé “ péché ”.

Je me suis tu. Mon silence, il l’a appelé “ preuve de culpabilité ”.

J’ai parlé. Ma parole, il l’a appelée “ blasphème ”.

Maintenant, en voilà assez ! Il ne m’a pas laissé un seul moment de répit. Il ne m’a pas accordé la moindre joie. Or la joie, pour moi, c’était de voir grandir dans la vie spirituelle ceux qui venaient de naître à la grâce. Ils leur ont tendu des pièges, ils les ont arrachés à mon cœur en leur causant, en même temps qu’à moi, la douleur des pères et des enfants arrachés l’un à l’autre, pour les protéger contre un Israël mauvais.

Eux, les puissants d’Israël qui se prétendent “ sanctificateurs ” et se vantent de l’être, m’empêchent, voudraient m’empêcher, de sauver et de jouir de ceux que j’ai sauvés. Cela fait maintenant des mois que j’ai un Lévi publicain pour ami et à mon service, et le monde voit si Matthieu est scandale ou émulation, mais l’accusation ne tombe pas. Et elle se perpétuera de même pour Marie, sœur de Lazare, et pour tant, tant d’autres que je sauverai !

Maintenant, en voilà assez ! Je marche sur ma route toujours plus âpre et baignée de pleurs… Je marche… Mais aucune de mes larmes ne tombera inutilement. Elles crient vers mon Père… Plus tard, c’est une humeur bien plus puissante qui criera. Moi, je m’en vais. Qui m’aime me suive et se virilise, car l’heure de la sévérité arrive. Je ne m’arrête pas. Rien ne m’arrête. Eux non plus ne s’arrêteront pas… Mais malheur à eux ! Malheur à eux ! Malheur à ceux pour qui l’Amour devient Justice !… Le signe du temps nouveau sera d’une justice sévère pour tous ceux qui se sont obstinés dans leur péché contre les paroles du Seigneur et contre l’action du Verbe du Seigneur !… »

313.10 Jésus a l’air d’un archange punisseur. Je dirais qu’il flamboie contre le mur noir de fumée, tant ses yeux resplendissent… On dirait que sa voix elle-même resplendit, tant elle prend les tons aigus du bronze et de l’argent quand on les frappe violemment.

Les huit apôtres sont pâles et comme recroquevillés par la crainte. Jésus les regarde avec pitié et amour. Il dit :

« Je ne dis pas cela pour vous, mes amis. Ces menaces ne s’adressent pas à vous. Vous êtes mes apôtres, et c’est moi qui vous ai choisis.»

Sa voix est devenue douce et profonde. Il achève :

« Passons dans l’autre pièce. Faisons sentir aux deux persécutés – et je vous rappelle qu’ils croient partir me préparer mes voies à Antioche – que nous les aimons plus que nous-mêmes. Venez… »

 

[26] au milieu de la première veille peut correspondre pour nous, à 19 h / 20 h. Le jour juif allait d’un crépuscule du soleil à l’autre et était partagé en deux parties : la première partie du jour, la nuit, se composait de quatre vigiles de trois heures chacunes (le “ chant du coq ” était le nom donné à la troisième veille).La seconde partie du jour, c’est-à-dire la partie diurne, comprenait les douze heures restantes. Puisque les deux parties du jour étaient réglées, respectivement, par le coucher et le lever du soleil, la longueur des heures nocturnes (regroupées en vigiles) et diurnes variaient d’une saison à l’autre.