399 - Discours d’adieu à Beth-Çur (jeudi 26 avril 29)

Evangiles

Pas de correspondance

Date

Jeudi 26 avril 29

Lieu : 

Beth-Çur

 

 

Vision de Maria Valtorta :

399.1 Il fait à peine jour quand les infatigables voyageurs arrivent en vue de Beth-Çur. Fatigués, les vêtements fripés à cause d’un repos certainement très inconfortable dans les bois, ils regardent avec joie la ville, désormais proche, où ils sont sûrs de trouver l’hospitalité.

Les paysans qui se rendent à leurs travaux sont les premiers à rencontrer Jésus, et ils pensent bien faire de laisser en plan leurs travaux pour revenir en ville écouter le Maître. Des bergers font de même, après lui avoir demandé s’il compte rester, ou non.

« Je quitterai Beth-Çur ce soir, répond Jésus.

– Et tu parleras, Maître ?

– Certainement.

– Quand ?

– Tout de suite.

– Nous avons nos troupeaux… Te serait-il possible de parler ici, dans la campagne ? Les brebis brouteraient l’herbe, et nous pourrions t’entendre.

– Suivez-moi. Je le ferai sur les pâtures au nord. Je dois d’abord voir Elise. »

De leurs bâtons, les bergers font revenir leurs brebis, et ils se mettent à la suite des hommes avec leurs troupeaux bêlants. Ils traversent le village.

399.2 Mais la nouvelle est déjà parvenue à la maison d’Elise, et c’est sur la place qui se trouve devant la maison qu’Elise et Anastasica rendent leurs hommages de disciples au Maître qui les bénit.

« Entre dans ma maison, Seigneur. Tu l’as libérée de la douleur, et elle veut que tu puisses trouver un réconfort en chacun de ses habitants et de ses meubles, dit Elise.

– Oui, Elise. Mais tu vois quelle foule nous suit ? je vais maintenant parler à tous. Ensuite, après l’heure de tierce, je viendrai et je resterai chez toi pour repartir le soir. Et nous discuterons… » promet Jésus pour consoler Elise, qui espérait un plus long séjour et a l’air déçue des intentions de Jésus.

Mais Elise est une bonne disciple et elle ne fait pas d’objections. Elle demande seulement la permission de donner des ordres aux serviteurs avant de se rendre, avec les autres, là où Jésus se dirige. Et elle le fait avec empressement. La femme inerte de l’année précédente a bien changé…

Jésus est déjà en place dans un grand pré où joue le soleil, dont les rayons passent à travers le léger feuillage des arbres de haute futaie — si je ne me trompe pas, ce sont des frênes. Il est en train de guérir un jeune enfant et un vieillard qui souffrent, le premier d’un mal interne, l’autre des yeux. Il n’y a pas d’autres malades, et Jésus bénit les petits que les mères lui présentent, en attendant patiemment qu’Elise le rejoigne avec Anastasica.

399.3 Les voilà enfin, et Jésus commence aussitôt à parler.

« Habitants de Beth-Çur, écoutez.

L’an dernier, je vous ai dit[71] ce qu’il fallait faire pour gagner le Royaume de Dieu. Aujourd’hui, je vous le confirme pour que vous ne perdiez pas ce que vous avez acquis. C’est la dernière fois que le Maître vous parle ainsi, à une réunion où il ne manque personne. Par la suite, je pourrai vous rencontrer encore, par hasard, individuellement ou en petits groupes, sur les routes de notre patrie terrestre. Plus tard encore, je pourrai vous voir dans mon Royaume. Mais ce ne sera plus jamais comme maintenant.

A l’avenir, on vous dira bien des choses sur moi, contre moi, sur vous et contre vous. On voudra vous terroriser.

Moi, je vous dis avec Isaïe : n’ayez pas peur, car je vous ai rachetés et je vous ai appelés par votre nom. Seuls ceux qui voudront m’abandonner auront une raison de craindre, mais pas ceux qui me sont fidèles et m’appartiennent. Ne craignez rien ! Vous êtes à moi et je suis à vous. Ni les eaux des fleuves, ni les flammes des bûchers, ni les pierres, ni les épées ne pourront vous séparer de moi si vous restez en moi. Au contraire, les flammes, les eaux, les épées et les pierres vous uniront toujours plus à moi ; vous serez d’autres moi-même et vous obtiendrez ma récompense. Je serai avec vous à l’heure des tourments, avec vous dans les épreuves, avec vous jusqu’à la mort ; et ensuite, rien ne pourra plus nous séparer.

O mon peuple ! Peuple que j’ai appelé et rassemblé, que j’appellerai et rassemblerai plus encore quand je serai élevé pour attirer tout à moi, ô peuple choisi, peuple saint, ne crains pas, car je suis et je resterai avec toi. Toi, mon peuple, tu m’annonceras, et pour cela vous, qui le composez, serez appelés mes ministres. Je vous donnerai l’ordre — je vous le donne même dès aujourd’hui — de parler au septentrion, à l’orient, à l’occident et au midi, de faire en sorte que les fils et les filles du Dieu Créateur, même ceux des extrêmes confins du monde, me reconnaissent pour leur Roi, m’appellent par mon vrai nom, possèdent la gloire pour laquelle ils ont été créés et soient la gloire de celui qui les a faits et formés.

Isaïe dit que, pour croire, les tribus et les nations appelleront des témoins de ma gloire. Et où trouverai-je des témoins, si le Temple et le palais royal, si les castes puissantes me haïssent et mentent parce qu’elles refusent de reconnaître que je suis Celui qui suis ? Où les trouverai-je ? Les voilà, ô Dieu, mes témoins ! Ceux que j’ai instruits dans la Loi, ceux que j’ai guéris physiquement et spirituellement, ceux qui étaient aveugles et qui maintenant voient, ceux qui étaient sourds et maintenant entendent, muets et qui savent aujourd’hui dire ton nom, ceux qui étaient opprimés et sont délivrés, tous, tous ceux pour qui ton Verbe a été lumière, vérité, chemin, vie. Vous êtes mes témoins, les serviteurs que j’ai choisis pour que vous sachiez, croyiez et compreniez qui je suis vraiment.

399.4 Je suis le Seigneur, le Sauveur. Croyez-le pour votre bien. Il n’y a pas d’autre Sauveur que moi. Sachez le croire contre toute insinuation humaine ou satanique. Oubliez tout ce qui vous a été dit par un autre que moi et diffère de ma parole. Repoussez tout ce qui pourra vous être raconté à l’avenir. A quiconque voudra vous pousser à abjurer le Christ, répondez : “ Ses œuvres parlent à notre esprit ”, et soyez persévérants dans la foi.

J’ai beaucoup fait pour vous donner une foi intrépide. J’ai guéri vos malades et soulagé vos souffrances ; comme un bon Maître, je vous ai instruits ; comme un Ami, je vous ai écoutés ; avec vous, j’ai rompu le pain et partagé la boisson. Mais il s’agit encore là d’œuvres de saint et de prophète. J’en ferai d’autres, telles qu’elles seront capables d’enlever tout doute que pourront susciter les ténèbres, comme un tourbillon soulève des nuages de tempête dans la sérénité d’un ciel d’été. Laissez passer la tornade en restant fermes dans la charité pour votre Jésus, pour ce Jésus qui a quitté le Père pour venir vous sauver et qui donnera sa vie pour vous procurer le salut.

Vous, vous que j’ai aimés et que j’aime bien plus que moi-même — car il n’y a pas d’amour plus grand que de s’immoler pour le bien de ceux qu’on aime —, veuillez n’être pas inférieurs à ceux qui, dans la prophétie d’Isaïe, sont appelés bêtes sauvages, dragons et autruches, c’est-à-dire gentils, idolâtres, païens, impurs. Quand j’aurai donné par moi-même le témoignage de la puissance de mon amour et de ma Nature, en triomphant tout seul même de la mort — c’est en effet une chose que l’on peut constater et que personne ne pourra nier à moins d’être menteur, — ils diront : “ C’était le Fils de Dieu ! ” et, triomphant des obstacles apparemment insurmontables, de siècles et de siècles d’un paganisme immonde, de ténèbres, de vices, ils viendront à la Lumière, à la Source, à la Vie. Ne soyez pas comme trop de gens en Israël qui ne m’offrent pas d’holocauste, qui ne m’honorent pas par des victimes, mais au contraire me peinent par leurs iniquités et me rendent victime de la dureté de leur âme, qui répondent à mon amour miséricordieux par une haine latente qui mine le terrain pour me faire tomber, afin de pouvoir dire : “ Vous voyez ? Il a été abattu parce que Dieu l’a foudroyé. ”

Habitants de Beth-Çur, soyez forts. Aimez ma Parole parce qu’elle est vraie, et mon Signe parce qu’il est saint. Que le Seigneur soit toujours avec vous, et vous, soyez avec les serviteurs du Seigneur, tous unis, pour que chacun de vous soit là où je vais et qu’une demeure éternelle s’établisse au Ciel, pour tous ceux qui, après avoir surmonté la tribulation et remporté la victoire, mourront dans le Seigneur et, en lui, ressusciteront pour toujours !

399.5 – Seigneur, mais qu’as-tu voulu dire ? Il y avait dans ton discours des cris de triomphe et des cris de douleur ! remarquent certains.

– Oui. Tu ressembles à quelqu’un qui se sait environné d’ennemis, disent d’autres.

– Et tu as l’air de dire que nous aussi le serons, ajoutent plusieurs.

– Que sera ton avenir, Seigneur ? demandent d’autres encore.

– La gloire ! s’écrie Judas.

– La mort ! soupire Elise en pleurant.

– La Rédemption, l’accomplissement de ma mission. Ne craignez pas. Ne pleurez pas. Aimez-moi. Je suis heureux d’être le Rédempteur. Viens, Elise. Allons chez toi… »

Et il se met en tête pour s’y rendre, en fendant la foule, troublée par des émotions contraires.

« Mais pourquoi, Seigneur, toujours ces discours ? » demande Judas sur un ton de reproche. Et il ajoute aussitôt : « Ce ne sont pas ceux d’un roi. »

Jésus préfère ne pas réagir : il répond en revanche à son cousin Jacques, qui lui demande, avec des larmes qui brillent dans ses yeux :

« Pourquoi, mon Frère, cites-tu toujours des passages du Livre lors de tes adieux ?

– Pour que ceux qui m’accusent ne disent pas que je délire et que je blasphème, et pour que ceux qui ne veulent pas se rendre à la réalité comprennent que, depuis toujours, la Révélation m’a montré comme le Roi d’un Royaume qui n’est pas humain, qui se dessine, se construit et se cimente par l’immolation de la Victime, de l’unique Victime capable de recréer le Royaume des Cieux détruit par Satan et les premiers parents. L’orgueil, la haine, le mensonge, la débauche, la désobéissance, ont détruit. L’humilité, l’amour, le sacrifice, la pureté, l’obéissance, reconstruiront… Ne pleure pas, femme. Ceux que tu aimes et qui m’attendent soupirent après l’heure de mon immolation… »

399.6 Ils entrent dans la maison et, pendant que les apôtres s’oc­cupent à se reposer et à calmer leur faim, Jésus va dans le jardin bien ordonné, fleuri, et, seul avec Elise, il l’écoute parler :

« Maître, moi seule sais que Jeanne veut te parler en secret. Elle m’a envoyé Jonathas. Il m’a dit : “ Pour des choses très graves.” Même la fille que tu m’as donnée — sois-en béni — l’ignore. Jeanne a envoyé des serviteurs dans toutes les directions pour te chercher. Mais ils ne t’ont pas trouvé…

– J’étais très loin, et je me serais éloigné encore plus si l’esprit ne m’avait poussé à revenir… Elise, tu vas m’accompagner chez Jeanne, avec Simon le Zélote. Les autres resteront ici pendant deux jours à se reposer, puis ils viendront à Béther. Tu rentreras avec Jonathas.

– Oui, mon Seigneur… »

Elise le regarde maternellement avec une grande attention… Elle ne peut se retenir de demander :

« Tu souffres ? »

Jésus hoche la tête sans vraiment dire non, mais avec un découragement visible.

« Je suis une mère… Tu es mon Dieu… mais… Oh ! mon Seigneur ! Que veut Jeanne, à ton avis ? Tu as parlé de mort et, moi, je l’ai compris parce qu’au Temple les vierges lisaient beaucoup les passages de l’Ecriture qui traitaient de toi comme Sauveur, et je les ai gardés en mémoire. Tu parlais de mort, et ton visage resplendissait d’une joie céleste… Maintenant, il ne rayonne pas… Marie était pour moi comme une fille… et tu es son Fils… Donc — si ce n’est pas péché de m’exprimer ainsi —, je te considère un peu comme mon fils… Ta Mère est au loin… Mais c’est une mère qui est à côté de toi. Béni de Dieu, ne puis-je soulager ta peine ?

– Tu la soulages déjà, puisque tu m’aimes. Quel est mon avis sur ce que Jeanne doit me dire ? Ma vie est comme ce rosier. Vous, mes bonnes disciples, vous en êtes les roses. Mais une fois qu’on les a enlevées, que reste-t-il ? Des épines…

– Mais nous te resterons fidèles jusqu’à la mort.

– C’est vrai. Jusqu’à la mort ! Et le Père vous bénira pour le réconfort que vous m’apporterez. Entrons dans la maison. Reposons-nous. Au crépuscule, nous partirons pour Béther. »

 

[71] je vous ai dit, en 209.5/7. Le discours qui suit semble s’appuyer sur Is 43.